Plaignant
Le Mouvement
d’Action Populaire Limoilou
Représentant du plaignant
M. Guy
Baillargeon (vice-président, Mouvement d’Action Populaire Limoilou)
Mis en cause
Le Journal de
Québec
Représentant du mis en cause
M. Jean-Jacques
Gagné (directeur de l’information, Le Journal de Québec)
Résumé de la plainte
Le Journal de
Québec manque à ses responsabilités d’organe d’information en négligeant de
couvrir les activités du Mouvement d’Action Populaire Limoilou. Par ailleurs,
ce journal exploite généralement les aspects sensationnels des nouvelles qu’il
rapporte. Dans son édition du 9 mai 1977, il publie un article qui laisse
planer, sans raison, des doutes sur les causes de la mort d’une femme ayant
appartenu au Mouvement d’Action Populaire.
Griefs du plaignant
Lors de leur
dernière rencontre, les membres du Comité des cas ont complété l’étude de
l’affaire ci-haut mentionné, dont vous saisissiez le Conseil au nom du
Mouvement d’Action Populaire de Limoilou.
Dans cette plainte,
vous contestiez, à l’aide d’exemples qui ont touché de près le Mouvement dont
vous êtes le vice-président, la façon du Journal de Québec de traiter
l’information, particulièrement en ce qui a trait au choix des informations de
même qu’à l’importance que ce journal décide de leur accorder.
Vous signaliez,
d’une part au Conseil, comme exemple d’information, selon vous, incomplète,
empreinte de parti pris et contraire à la responsabilité d’un organe
d’information d’intérêt public, l’ignorance quasi complète dans laquelle vous
disiez ce journal tenir les activités du M.A.P.L., notamment par rapport aux
réactions d’autres organismes, devant ses prises de position.
D’autre part,
attirant l’attention du Conseil de presse sur le traitement accordé, dans l’édition
du 9 mai 1977, au décès d’une jeune femme ayant appartenu à votre Mouvement,
vous lui indiquiez que, d’une façon générale, au Journal de Québec,
l’importance et le caractère des informations transmises étaient liés à
l’exploitation de la misère humaine et des aspects sensationnels qu’elles
peuvent contenir plutôt qu’inspirés par le souci de renseigner adéquatement le
lecteur sur les questions d’intérêt public. Vous ajoutiez que ce reportage
laissait aussi planer, dans l’esprit du lecteur, des doutes basés sur les
simples supputations de l’auteur de l’article, quant aux causes réelles du
décès.
Analyse
Au cours de leurs délibérations, les membres du Comité à la lumière des explications que leur a fournies le Journal de Québec, en sont arrivés aux conclusions suivantes:
Bien qu’il considère que le choix et le traitement des informations relèvent du jugement rédactionnel des organes d’information ou de leurs journalistes, le Conseil estime qu’ils doivent être conformes à l’obligation et au devoir strict qu’impose à ces derniers leur rôle d’informateurs publics de renseigner adéquatement, c’est-à-dire complètement et honnêtement, le public sur les questions d’intérêt public.
Le Conseil est d’avis que, d’une façon générale et en ce qui concerne votre premier grief, le Journal de Québec satisfait à cette obligation en faisant état dans ses pages tant des activités que des prises de position du M.A.P.L. lorsque celles-ci présentent, aux yeux des responsables de sa rédaction, des éléments d’information d’intérêt public.
En ce qui concerne votre second grief, le Conseil est d’avis que par sa façon d’exploiter le décès de la jeune femme en question, en en faisant notamment la manchette de sa page couverture, le Journal de Québec a donné à cette nouvelle un caractère démesuré par rapport aux éléments d’intérêt public que peuvent offrir des événements de ce genre, confondant ainsi les distinctions que la presse se doit de faire entre la notion d’intérêt public et celle de curiosité du public. Le Conseil est d’avis que ce faisant, le Journal de Québec s’est laissé guidé une fois de plus par le souci de faire du sensationnel plutôt que par celui de renseigner adéquatement le public.
A cet égard, déplorant que le Journal de Québec les répète trop souvent, le Conseil s’interroge sur les effets de telles pratiques qui affectent inévitablement la qualité de l’information qu’a souci de livrer à ses lecteurs une presse qui les respecte et qui est consciente de sa responsabilité envers eux.
Le Conseil serait mieux rassuré sur la qualité de l’information que livre Le Journal de Québec au public québécois, si celui-ci s’en plaignait plus rarement. Au cours des deux dernières années (1976-1977), en effet, le pourcentage des plaintes portées auprès du Conseil par le public contre le seul Journal de Québec atteint 15% de l’ensemble des plaintes dirigées contre la presse écrite et électronique au Québec; près de 21% des plaintes portées par le public concernant l’ensemble de la presse écrite au Québec et près de 30% des plaintes logées par le public concernant l’ensemble de la presse quotidienne au Québec (13 quotidiens).
Analyse de la décision
- C02A Choix et importance de la couverture
- C14A Sensationnalisme/exagération/insistance indue