Plaignant
Le Syndicat des
employé de CJRS-AM [Radiomutuel, Sherbrooke]
Représentant du plaignant
Mme Christiane Allaire
(secrétaire, Syndicat des employés de CJRS-AM [Radiomutuel, Sherbrooke])
Mis en cause
La Tribune
[Sherbrooke]
Représentant du mis en cause
M. André
Préfontaine (directeur de l’information, La Tribune [Sherbrooke])
Résumé de la plainte
Entre les mois de
janvier et septembre 1977, La Tribune néglige de renseigner adéquatement ses
lecteurs sur le conflit de travail perturbant plusieurs stations rattachées au
réseau Radiomutuel, se contentant de livrer des informations sommaires sur les
seuls problèmes de la station CJRS. Un tel manquement prive le public de la
perspective nécessaire à la compréhension des problèmes de CJRS.
Griefs du plaignant
Le Syndicat des
employés de CJRS s’en prenait à la couverture que La Tribune a accordé, entre
les mois de janvier et septembre 1977, aux conflits de travail opposant
certaines stations du réseau Radio-Mutuel, (CJMS [Montréal], CKFM-MF
[Montréal], CJRT [Trois-Rivières], CJRP [Québec] et CJRC [Ottawa]) incluant
celle de CJRS à Sherbrooke et leurs employés.
Le plaignant reprochait
au journal La Tribune, principal responsable de l’information écrite dans la
région de Sherbrooke, d’avoir négligé, contrairement à la plupart des
quotidiens montréalais, de renseigner la population locale sur l’ensemble du
conflit perturbant plusieurs des stations rattachées au réseau Radio-Mutuel, se
contentant de ne livrer que des informations sommaires sur les seuls problèmes
de CJRS et en omettant plusieurs manifestations syndicales engendrées par ce
conflit. Selon le plaignant, un tel manquement a eu comme effet de priver la
population de la perspective nécessaire sur l’ensemble du conflit pour lui
permettre de formuler des jugements adéquats sur les problèmes de CJRS.
Commentaires du mis en cause
Pour sa part, le
directeur de l’information au journal La Tribune, M. André Préfontaine,
soutenait qu’étant donné la vocation locale et régionale du quotidien, il lui
paraissait normal qu’il n’accorde pas une couverture prioritaire aux événements
qui se produisent à l’extérieur de la région qu’il dessert. C’est dans cette
optique, selon lui, que ce journal a couvert, sauf exception, le conflit de
travail à la station radiophonique CJRS en accordant moins d’importance aux
problèmes des autres stations du réseau Radio-Mutuel.
Analyse
Le Conseil considère que l’objet de cette plainte relève du jugement rédactionnel qu’il appartient aux organes d’information de poser en ce qui a trait au choix des nouvelles et à l’importance qu’ils décident de leur accorder. Le Conseil ne saurait intervenir dans de telles décisions sans risquer de devenir un organisme de direction et d’orientation de l’information, sauf pour revoir, si besoin est, les critères qui président aux choix rédactionnels et qui ne seraient pas conformes au rôle des organes d’information de renseigner complètement et honnêtement le public sur les questions d’intérêt public.
Dans le cas présent, le Conseil considère que La Tribune s’est acquittée adéquatement de sa responsabilité d’informateur public conformément à sa vocation de quotidien local et régional. Le Conseil est en effet d’avis que La Tribune a, d’une façon régulière, fait état des déroulements et des enjeux du conflit à la station CJRS lorsque les événements s’y rapportant présentaient, aux yeux des responsables de sa rédaction, des éléments d’intérêt public, ceci incluant largement la position syndicale comme il appert dans le dossier que vous avez transmis au Conseil.
Le Conseil considère, en outre, que la population de cette région a pu profiter de l’apport des autres organes d’information locaux qui, comme le mentionnait le Syndicat des employés de CJRS dans un communiqué de presse le 14 juillet 1977, se sont assidûment intéressés à cette question.
En ce qui a trait au traitement accordé par La Tribune à l’ensemble du conflit au réseau Radio-Mutuel, le Conseil est d’avis qu’on ne saurait s’étonner qu’un journal à vocation prioritairement régionale ait accordé à des événements touchant moins immédiatement ses lecteurs une importance secondaire par rapport à celle que lui ont ménagée des quotidiens à vocation nationale, situés au centre névralgique du conflit.
Le public de cette région ayant accès à ces quotidiens et aux entreprises de radiodiffusion à caractère national, le Conseil considère qu’on ne peut soutenir qu’il a été privé d’éléments d’information, puisqu’il a pu bénéficier de plusieurs sources importantes en plus de la couverture qu’a accordée La Tribune à l’ensemble du conflit à l’occasion d’articles portant sur le cas de CJRS.
Analyse de la décision
- C02A Choix et importance de la couverture