Plaignant
Comité de
l’Association des familles d’accueil de Portneuf et l’Association régionale des
familles d’accueil de Québec
Représentant du plaignant
Mme Manon Alain
(présidente, Comité de l’Association des familles d’accueil de Portneuf) et Mme
Georgette Denis (secrétaire, Association régionale des familles d’accueil de
Québec)
Mis en cause
Le Journal de
Québec et M. Eddie Labrie (journaliste)
Résumé de la plainte
L’article titré «Des
garçonnets placés victimes d’assauts sexuels», paru sans signature dans
l’édition du 21 juillet 1977 du Journal de Québec, est truffé d’affirmations
gratuites et sans fondement. Son auteur ne prend pas la peine de vérifier les
potins qu’il rapporte auprès des autorités compétentes. Il porte atteinte à la
réputation des personnes concernées en donnant des précisions qui permettent de
les identifier.
Griefs du plaignant
Le Conseil de
presse a complété l’examen de la plainte dont le saisissait le Comité de l’Association
des familles d’accueil de Portneuf et l’Association régionale des familles
d’accueil de Québec concernant un article paru dans l’édition du 21 juillet
1977 du Journal de Québec et intitulé: «Des garçonnets placés victimes
d’assauts sexuels».
Les plaignants
dénonçaient la publication, par Le Journal de Québec, de ce texte rempli, selon
eux, d’affirmations gratuites, fausses, et, après enquêtes policières, révélées
sans fondement, sur de prétendus assauts sexuels commis sur des enfants confiés
à des familles d’accueil du comté de Portneuf, surtout que cette nouvelle
n’était basée que sur des potins rapportés par un policier qui les avait
lui-même recueillis chez des amis personnels. Ils dénonçaient l’auteur de
l’article, s’interrogeant sur sa rigueur et son intégrité professionnelles pour
avoir diffusé cette nouvelle sans contrôler, au préalable, la crédibilité de sa
source non plus que vérifier son information auprès des services compétents en
la matière.
Les plaignants
s’indignaient, en outre, du profond mépris affiché sur la personne, sa dignité,
son honneur, sa réputation, par les responsables du Journal de Québec,
l’article en question contenant, d’une part, selon eux, suffisamment de détails
pour permettre au public d’identifier une famille en particulier. D’autre part,
tant par son titre, son ton que par le vocabulaire employé, cet article était,
selon eux, propres à jeter le discrédit sur l’ensemble des familles d’accueil
du comté de Portneuf en laissant croire au public que les enfants qui leur sont
confiés par le Centre des Services sociaux du Québec courent de graves dangers.
Analyse
Le Conseil blâme l’auteur de l’article en question et le Journal de Québec pour en avoir permis la publication.
Le Conseil juge en effet comme contraire à l’éthique du journalisme qu’un journaliste et un journal se permettent de publier n’importe quelle nouvelle sur la foi d’une information non contrôlée et non vérifiée, surtout lorsque l’information en question est susceptible de faire tort à la personne en mettant en jeu sa réputation.
Au cours de son enquête et après vérification auprès de l’auteur même de l’article, M. Eddie Labrie, de même que de sa principale source d’information, en l’occurrence un policier qui les avait lui-même recueillis à titre personnel auprès de voisins de la famille accablée et non à la suite d’une investigation qu’il aurait faite dans l’exercice de ses fonctions, le Conseil a acquis la conviction que les renseignements publiés par le Journal de Québec étaient non seulement sujets à caution, mais y eut-il matière à soupçons sérieux, le journaliste et le journal auraient dû prendre la précaution de bien asseoir leur information avant de la divulguer.
Le Conseil juge aussi inacceptable que l’auteur de l’article et le journal aient appuyé leur information sur la caution que semblait lui donner la qualité de policier de leur informateur en qualifiant, dans le corps même de l’article en question, l’information diffusée comme provenant de «source certaine», soit «policière» ce qui donnait plus grande force et plus grande crédibilité à l’information livrée au lecteur. Un tel procédé est, selon le Conseil, contraire au souci que doit avoir une presse responsable et consciente de sa responsabilité d’informer le public honnêtement et adéquatement.
Le Conseil déplore enfin que le Journal de Québec n’ait pas jugé de son devoir de rétablir dans ses pages, comme le lui a demandé l’Association régionale des familles d’accueil de Québec, les faits lorsque furent connus les résultats de l’enquête conduite par la Sûreté du Québec qui les jugeait sans fondement. Le Conseil considère qu’une telle omission est non seulement contraire à l’équité, la justice et au respect dû à la personne, mais comme une atteinte au droit du public à une information honnête, véridique et complète. Le Conseil déplore, en effet, d’une part que les détails contenus dans l’article aient eu comme effet de permettre à son entourage d’identifier la famille qui y était plus particulièrement visée et de soumettre celle-ci à un harassement et à des tribulations inutiles et, d’autre part, de jeter le discrédit sur l’ensemble des familles d’accueil du comté de Portneuf compromises par les propos de ce texte.
Analyse de la décision
- C15D Manque de vérification
- C15E Fausse nouvelle/information
- C16B Divulgation de l’identité/photo
- C17D Discréditer/ridiculiser
- C19A Absence/refus de rectification