Plaignant
M. Raymond
Gagnier
Mis en cause
Dimanche-Matin
[Montréal]
Représentant du mis en cause
M. Jacques
Francoeur (président, Dimanche-Matin [Montréal]) et M. Jacques Lavergne
(directeur de l’information, Dimanche-Matin [Montréal])
Résumé de la plainte
Dimanche-Matin
diffuse une information de piètre qualité. Ainsi, ce journal repique des
articles d’autres journaux, sans en mentionner la source, tout en attribuant
d’autres articles à d’hypothétiques correspondants. Il publie des annonces de
produits déjà déconseillés dans sa rubrique «Consommation» et étire la
publication des résultats d’un sondage sur quatre semaines. Enfin, ce journal
ne propose aucune tribune des lecteurs malgré qu’il ait une page éditoriale.
Griefs du plaignant
Le Conseil de
Presse a terminé l’examen de la plainte dont le saisissait M. Raymond Gagnier
contre le journal Dimanche-Matin. Celui-ci choisissait, pour illustrer ses
griefs, l’édition du 26 mars 1978 de ce journal où il observait:
1. L’existence
d’articles empruntés à d’autres journaux, très souvent du Montreal Star et de
The Gazette, sans jamais citer les sources.
Ainsi les
articles «le génie génétique arrive au Québec» et «la centralisation au Québec
depuis 15 ans est un échec», respectivement publiés aux pages 5 et 30 de cette
édition ne seraient que la reprise d’articles intitulés: «Genetic engineering
comes to Quebec» et «Quebec centralization, a failure» parus en première page
de l’édition du 25 mars du Montreal Star.
2. La parution
de plusieurs autres articles précédés du sigle D.N.C. (De notre correspondant)
qui ne seraient pas effectivement d’un tel correspondant, mais du repiquage pur
et simple.
3. L’inexistence
d’une rubrique des «lettres des lecteurs». Selon le plaignant, il serait plus
démocratique, puisque ce journal présente un éditorial, qu’il permette à ses
lecteurs de pouvoir s’exprimer dans ses pages à l’intérieur d’une telle
rubrique.
4. Que
Dimanche-Matin avait, selon lui, abusivement étalé sur quatre semaines les
résultats d’un sondage réalisé par l’Institut québécois d’opinion publique
(I.Q.O.P.) en mars dernier, «Les Québécois, leur présent, leur avenir», lui
conférant ainsi une importance démesurée. Il serait opportun, disait-il,
d’exiger que la publication d’un sondage se fasse en une seule fois.
5. L’incohérence
de ce journal qui, tout en publiant un cahier «Consommation» pour promouvoir
les intérêts des consommateurs, diffuse, dans ce même cahier, des pages
publicitaires annonçant la vente de «tapis de fleurs» et de «plants de tomates
géants». Selon le plaignant, le fait que Dimanche-Matin accepte une telle
publicité alors même qu’il avait déjà mis en garde les consommateurs sur la
valeur de produits de ce genre en l’occurrence «les fraisiers géants», rend
sujette à caution la probité de ce journal.
Analyse
Il est apparu au Conseil que Dimanche-Matin a effectivement repris à son compte, en les traduisant, les articles «Genetic engineering comes to Quebec» et «Quebec centralization, a failure» parus la veille dans le Montréal Star.
Le Conseil considère comme un manquement à l’éthique du journalisme le fait de piller ainsi à leur insu, pour les reprendre à son propre compte et sans en mentionner la source, les articles produits par d’autres entreprises de presse. L’éthique qui régit les rapports entre les différentes entreprises de presse exige que l’organe d’information qui fait de tels emprunts identifie la source et la provenance de la matière reproduite. Le Conseil estime que si le repiquage pouvait se faire autrement, il constituerait pour les organes d’information un exutoire facile peu compatible avec les reponsabilités que leur impose leur fonction d’informer adéquatement le public.
Le plaignant n’a pas démontré au Conseil, autrement qu’en l’affirmant, que Dimanche-Matin use de fausse représentation quand il mentionne que certains de ses articles proviennent de ses correspondants de Québec et d’Ottawa. Le Conseil a même acquis l’assurance, par le directeur de l’information de Dimanche-Matin, que ce journal disposait d’un correspondant à Québec et à Ottawa.
Le Conseil considère que les lecteurs de Dimanche-Matin sont justifiés de s’attendre à ce que ce journal, comme tant d’autres, leur réserve une tribune dans ses pages en sorte qu’ils puissent exprimer leur point de vue. Cette tribune, selon le Conseil, participe de l’équité qui doit guider les rapports entre la presse et le public, ne serait-ce que pour permettre à toute personne qui se sent lésée par un article d’exercer son droit de réplique. Le Conseil considère que la présence d’une telle chronique au sein d’un journal en rehausse la qualité.
Le Conseil considère que la publication des sondages ainsi que leur façon de les publier relèvent, au même titre que n’importe quelle autre information, de la responsabilité des journaux qui en font état. Intervenir pour en contrôler l’étalement de la diffusion constituerait une entrave à la liberté rédactionnelle des organes d’information. Le Conseil n’a pas, en outre, à s’immiscer dans la gestion rédactionnelle des journaux pour dicter l’importance qu’ils devraient accorder à des sujets d’intérêt public.
En l’occurrence, le Conseil est d’avis que ce sondage a été bien présenté au public. Il remarque en particulier et apprécie que le journal ait consacré une large place à la méthodologie utilisée par l’I.Q.O.P. pour la réalisation de cette recherche.
Enfin, Dimanche-Matin a indiqué au Conseil, qu’en matière de publicité, sa pratique est la suivante: dès qu’un des organismes de surveillance des normes de la publicité attire l’attention du journal sur ce qui paraît être une annonce «douteuse», comme nous l’affirme son président, ce journal se fait un devoir de l’éliminer. Une telle pratique ne saurait, selon le Conseil, valoir à ce journal le blâme à l’effet qu’il serait capable de quelque imposture envers le public.
Analyse de la décision
- C02A Choix et importance de la couverture
- C08F Tribune réservée aux lecteurs
- C10A Choix de la publicité
- C23G Plagiat/repiquage