Plaignant
Le Syndicat des
travailleurs de l’information du Montréal-Matin
Représentant du plaignant
M. André
Bouthillier (président, Syndicat des travailleurs de l’information du
Montréal-Matin)
Mis en cause
La Presse
[Montréal]
Résumé de la plainte
La Presse
subtilise la maquette du tracé du Grand Prix de Formule 1 de 1978, préparée en
exclusivité par un exployé de Montréal-Matin, puis la publie sans mentionner sa
source. Ce vol d’une primeur apparaît comme une conséquence de la concentration
de la propriété des deux journaux, qui sont de plus imprimés dans les mêmes
ateliers.
Griefs du plaignant
Le Conseil a
terminé l’examen de la plainte que portait, auprès de lui, le président du
Syndicat des travailleurs de l’information du Montréal-Matin, Monsieur André
Bouthillier, contre le journal La Presse.
Le plaignant
dénonçait, auprès du Conseil, ce qu’il qualifiait de «vol pur et simple» d’une
primeur, appartenant en exclusivité au Montréal-Matin, qui dévoilait le tracé
du Grand Prix de Formule 1. Il reprochait, à cet égard, au journal La Presse,
d’avoir non seulement reproduit, le même jour (5 juin 1978) où elle paraissait
dans le Montréal-Matin, la primeur en question sans en mentionner la source,
mais d’avoir subtilisé, aux ateliers même qui impriment les deux journaux, la
maquette originale du tracé de la course en question qui avait été faite par un
employé de Montréal-Matin.
Outre qu’il considérait
un tel comportement comme hautement contraire à l’éthique du journalisme, le
plaignant y voyait une menace grave à l’autonomie de la rédaction du
Montréal-Matin, laquelle lui apparaissait comme une conséquence directe de la
concentration de la propriété des deux entreprises de presse.
Analyse
Le Conseil considère comme une atteinte grave à l’éthique du journalisme le comportement du journal La Presse, dans ce cas.
Outre qu’il reproche en effet à ce dernier d’avoir reproduit la primeur du journal Montréal-Matin sans en mentionner la source, le Conseil juge inacceptable que le journal La Presse ait subtilisé, aux ateliers mêmes de composition qui impriment les deux journaux, la maquette originale du parcours de la course automobile en question.
Le Conseil est d’avis qu’un tel incident a eu autant de chances de se produire que les deux journaux en question, imprimés dans des ateliers communs, sont propriété du même groupe financier.
Outre les conflits d’intérêts possibles que peut créer une telle situation pour les entreprises de presse en question qui sont en situation de concurrence, le Conseil estime que, dans de telles circonstances, la plus grande probité s’impose de part et d’autre pour éviter que la pratique ici dénoncée, si elle devait se répéter, en vienne à éroder l’autonomie des salles de rédaction des deux journaux.
Le Conseil constate, par ailleurs, avec satisfaction l’assurance que lui a donné l’éditeur adjoint du journal La Presse à l’effet que des directives formelles ont été données afin que la pratique dénoncée ne se reproduise plus.
Analyse de la décision
- C23G Plagiat/repiquage