Plaignant
Le Syndicat des
journalistes de Québec
Représentant du plaignant
M. Jean Garon
(président, Syndicat des journalistes de Québec)
Mis en cause
Le Soleil
[Québec] et M. Richard Daignault (chef des nouvelles nationales)
Résumé de la plainte
Le chef des
nouvelles nationales du Soleil, M. Richard Daignault, abuse de son autorité en
commandant à une correspondante montréalaise un reportage sur le tournage à Québec
du film «Les Plouffe», au détriment des journalistes normalement affectés aux
arts et spectacles. L’intimé, intéressé à réaliser la traduction anglaise du
scénario, déroge aux pratiques courantes afin de donner plus d’impact au
reportage en question.
Griefs du plaignant
Le Conseil de
Presse du Québec a complété l’étude de la plainte dont vous le saisissiez
contre monsieur Richard Daignault, chef des nouvelles nationales au journal Le Soleil,
pour la publication dans ce journal, le 19 août 1978, d’un article sous la
signature de madame Lise Lachance, journaliste, concernant le projet de
tournage du film tiré du roman «Les Plouffes» de monsieur Roger Lemelin.
Vous dénonciez,
comme abus de pouvoir et de manquement grave à l’éthique professionnelle, le
comportement de monsieur Daignault dans cette affaire qui, selon vous, aurait
profité de son titre de chef des nouvelles nationales pour commander à madame
Lise Lachance, à l’exclusion des journalistes de la section Arts et Spectacles,
le reportage en question pour lui donner un caractère de nouvelle exclusive que
le sujet, selon vous, ne justifiait pas non plus que l’importance que lui a
accordée Le Soleil.
Vous dénonciez
aussi la situation de conflit d’intérêts dans laquelle, ce faisant, monsieur
Daignault se serait placé pour poursuivre ses fins personnelles puisqu’il avait
déjà été approché pour réaliser la traduction anglaise du film en question.
Analyse
Le chef des nouvelles nationales au journal Le Soleil, monsieur Richard Daignault, ne s’est rendu coupable d’aucun abus de pouvoir non plus qu’il ne s’est placé dans une situation de conflit d’intérêts pour poursuivre des fins personnelles au détriment de l’information du public.
On ne saurait, en effet, retenir, d’une part, à l’appui d’une accusation d’abus d’autorité, la pratique, courante dans le métier, pour un journaliste de faire servir ses sources privilégiées d’information ou ses relations personnelles aux fins d’informer le public.
D’autre part, on ne peut, contrairement aux prétentions des plaignants, voir quelles fins personnelles ont pu servir le reportage en question à l’intérieur même duquel on informe le lecteur que c’est au chef des nouvelles nationales du journal Le Soleil, monsieur Richard Daignault, qu’incombera la tâche d’effectuer la rédaction anglaise du film en question.
Outre qu’elle ne soit pas contraire aux normes de l’éthique professionnelle, la publication du reportage incriminé a favorisé l’information adéquate et complète du lecteur qui a pu ainsi prendre connaissance d’informations nouvelles et inédites sur un sujet susceptible de l’intéresser.
Le problème posé semble devoir se réduire à un problème d’affectation dont le règlement, pour autant que l’on puisse prétendre qu’il ait transgressé les rouages et les pratiques normalement suivies au journal Le Soleil, relève de la régie interne du journal et qu’il n’appartient pas au Conseil de trancher.
Analyse de la décision
- C02A Choix et importance de la couverture
- C06H Affectation des journalistes
- C22E Travail extérieur incompatible