Plaignant
Les Productions
Carouges et Focus [Jonquière]
Représentant du plaignant
M. Daniel Hébert
(président, Productions Carouges) et M. Jocelyn Pagé (responsable de la
rédaction, Focus [Jonquière])
Mis en cause
Imprimerie Le
Progrès du Saguenay
Représentant du mis en cause
M. Gaston Vachon
(président-directeur général, Le Progrès du Saguenay Ltée) et M. Denis
Tremblay, (directeur de la rédaction, Le Quotidien [Chicoutimi] et Progrès-Dimanche
[Chicoutimi])
Résumé de la plainte
L’Imprimerie Le
Progrès du Saguenay exerce des pressions financières sur la revue Focus en
réaction aux critiques publiées par cette dernière à l’endroit du Quotidien et
du Progrès-Dimanche, ces trois entreprises ayant comme propriétaire commun Le
Progrès du Saguenay. De telles représailles portent atteinte à la liberté de la
presse et à la libre circulation des idées.
Griefs du plaignant
Le Conseil a
terminé l’examen de la plainte dont le saisissaient M. Jocelyn Pagé,
responsable de la rédaction à la revue Focus, et M. Daniel Hébert alors
président des Productions Carouges, éditeur de cette revue.
Les plaignants dénonçaient
les pression financières dont fut l’objet la revue Focus de la part de
l’Imprimerie Le Progrès du Saguenay où elle était imprimée jusqu’en juin 1978,
à la suite de la publication, dans ses numéros de novembre 1977 et de juin
1978, de critiques contre Le Quotidien du Saguenay-Lac-St-Jean, le
Progrès-Dimanche et certains de leurs éditorialistes.
Attirant
l’attention du Conseil sur le fait que l’imprimerie en question, de même que Le
Quotidien du Saguenay-Lac-St-Jean et le Progrès-Dimanche sont propriétés de la
même entreprise: Le Progrès du Saguenay ltée (UNIMEDIA) et sont dirigés par le
même conseil d’administration, messieurs Pagé et Hébert attribuaient leurs
tribulations au désir de cette entreprise de faire taire la revue. Selon eux,
en effet, la direction de la rédaction du Quotidien et du Progrès-Dimanche
aurait, par son intervention, encouragé l’imprimerie en question à priver la
revue de la marge de crédit dont elle bénéficiait jusqu’alors, lui créant ainsi
des difficultés qu’ils interprétaient comme des entraves à la liberté de presse
et d’opinion susceptibles de mettre en péril le droit à l’information du public
de la région.
Commentaires du mis en cause
Vous indiquiez
au Conseil, quant à vous, qu’il n’en était rien et que la seule raison qui a
justifié l’imprimerie à couper ainsi la marge de crédit à la revue Focus était
à solvabilité devenue chancelante en juin 1978. Le directeur de la rédaction au
Quotidien et au Progrès-Dimanche, M. Denis Tremblay, assurait, pour sa part, le
Conseil de la parfaite étanchéité des décisions dans l’administration des
affaires de l’Imprimerie Le Progrès du Saguenay et de la rédaction du Quotidien
et du Progrès-Dimanche.
Analyse
Même s’il est d’avis que les difficultés éprouvées par Focus sont en partie attribuables à des rapports d’affaires devenus tendus entre la revue et l’Imprimerie Le Progrès du Saguenay, le Conseil de presse n’est pas convaincu qu’elles ne sont pas aussi le résultat d’une sanction d’ordre idéologique de la part de l’entreprise Le Progrès du Saguenay ltée. A cet égard, le Conseil accorde peu de foi à l’argument qui veut l’assurer de l’étanchéité et de l’indépendance des décisions de l’imprimerie et de la rédaction du Quotidien et du Progrès-Dimanche; ces entreprises étant la propriété du même groupe, Le Progrès du Saguenay ltée, dont les affaires sont, de plus, administrées par un même conseil d’administration sur lequel siège le directeur de la rédaction des deux journaux.
Le Conseil accorde aussi peu de crédit aux arguments d’ordre financier qu’en tant que président et directeur général du Progrès du Saguenay ltée vous lui avez servis pour justifier le brusque changement d’attitude de l’imprimerie vis-à-vis la revue Focus. Les plaignants ont démontré à l’imprimerie les mêmes garanties financières que celle-ci avait jusque là estimées satisfaisantes pour établir la solvabilité de leur revue.
Aussi, le Conseil est-il forcé de voir largement, dans ces raisons, un prétexte destiné à voiler les véritables motifs du comportement de votre entreprise à l’égard de Focus, et il se peut que l’incident en question soit le résultat d’un affrontement idéologique. Encore peut-il difficilement concevoir que les critiques formulées par la revue Focus à l’endroit du Quotidien et du Progrès-Dimanche aient amené l’entreprise que vous dirigez à modifier de façon aussi radicale ses relations d’affaires avec ce périodique. A cet égard, le Conseil estime que si une entreprise commerciale se servait de sa puissance économique pour entraver la libre circulation des idées, c’est la liberté fondamentale du citoyen et de la société tout entière qui serait compromise.
Le Conseil est enfin heureux de constater qu’un magazine de la qualité de Focus ait pu trouver rapidement un nouvel imprimeur. La parution d’un tel moyen d’information ne peut que rehausser la qualité de l’information dans la région du Saguenay-Lac-St-Jean.
Analyse de la décision
- C21F Pressions/représailles contre un média