Plaignant
La Ligue des droits
et libertés [Office des droits des détenu(e)s] et M. Jean-Claude Bernheim
(membre)
Mis en cause
CJMS-AM
[Radiomutuel, Montréal] et M. Jean Morin (animateur)
Représentant du mis en cause
M.
Jacques-Charles Gilliot (directeur de la programmation, CJMS-AM [Radiomutuel,
Montréal])
Résumé de la plainte
Le 14 août 1979,
sur les ondes de CJMS, l’animateur Jean Morin accuse à tort l’Office des droits
des détenus d’avoir commis des gestes violents. M. Morin profite de son statut
d’animateur de ligne ouverte pour régler ses comptes avec l’Office, avec la
complicité d’un invité, soit le directeur d’Allô Police. En effet, l’Office est
l’auteur d’un dossier qui critique Allô Police et certains articles signés par
M. Morin alors qu’il travaillait pour ce journal.
Griefs du plaignant
Le Conseil de
presse a terminé l’étude de la plainte portée contre vous par monsieur
Jean-Claude Bernheim de l’Office des droits des détenu(e)s concernant votre
émission du 14 août 1979 diffusée sur les ondes de CJMS, Montréal. Monsieur
Bernheim faisait tenir au Conseil une bande magnétophonique de cette émission
le 11 juillet dernier.
Monsieur
Bernheim vous reprochait d’avoir tenté de la «discréditer de manière vexatoire,
libelleuse et diffamatoire» en l’accusant, sous forme de questions, d’avoir accompli
des gestes de violence lors d’une manifestation et plus spécifiquement, d’avoir
causé des méfaits à la propriété privée en lançant une brique dans le but de
fracasser la vitrine d’un édifice abritant un journal.
Monsieur
Bernheim estimait qu’indépendamment de la fausseté de vos propos, ceux-ci
étaient malvenus de la part d’un journaliste qui est sensé permettre à ses
auditeurs de se forger une opinion sur un sujet particulier.
Aussi, vos
commentaires s’inscrivaient-ils, selon lui, dans une démarche planifiée
destinée à porter préjudice à l’Office des droits des détenu(e)s. Le plaignant
se demandait même si vous n’auriez pas profité de votre statut d’animateur pour
régler vos différends personnels compte tenu que: – vos commentaires venaient à
la suite d’une série de trois émissions consacrées en partie à l’Office des
droits des détenu(e)s; – la première de ces émissions, celle du 31 juillet
1979, à laquelle participait activement monsieur André Parent, directeur du
journal Allô Police, faisait suite à une plainte portée devant le Conseil de
presse par l’Office des droits des détenu(e)s contre ce journal; – vous avez
déjà été directeur et rédacteur au journal Allô Police; – l’Office des droits
des détenu(e)s avait rendu public un dossier intitulé «Violence et presse
écrite» qui critiquait le journal Allô Police et certains de vos propres
articles.
Commentaires du mis en cause
Monsieur
Jacques-Charles Gilliot, directeur de la programmation de CJMS, affirmait pour
sa part au Conseil que CJMS laissait «une totale liberté d’expression et
l’entière responsabilité de leurs propos» aux animateurs-journalistes.
Monsieur Gilliot
estimait en outre que monsieur Bernheim avait largement eu l’occasion de
s’exprimer sur les ondes de CJMS et de faire les mises au point qui s’imposent
et cela surtout au cours de l’été 1980 où il avait participé à trois reprises à
l’émission «Réalités 80» dont vous êtes l’un des recherchistes.
C’est sans votre
version des faits, malgré ses multiples demandes en ce sens, que le Conseil en
est arrivé aux conclusions suivantes.
Analyse
Tout en reconnaissant les difficultés auxquelles doit faire face l’animateur d’une émission comme celle qui est en cause dans le présent cas, le Conseil considère qu’il incombe à l’animateur de faire preuve d’équité envers tous les participants et qu’il doit s’abstenir de régler des comptes personnels sur les ondes.
Le Conseil estime que l’attitude que vous avez eue à l’endroit de monsieur Bernheim au cours de l’émission en question fut contraire à toutes ces exigences. Vos propos, allusions, insinuations et sous-entendus sur la personne de monsieur Bernheim sont en effet apparus au Conseil comme inspirés par vos préjugés et partis pris personnels plutôt que par le désir d’informer adéquatement la population sur le sujet traité.
Analyse de la décision
- C17D Discréditer/ridiculiser