Plaignant
M. Michel Côté
et M. Michel Robitaille (ingénieurs, Sainte-Foy)
Mis en cause
L’Appel
[Sainte-Foy] et M. Gilles Carignan (journaliste)
Résumé de la plainte
Dans un article
publié le 12 décembre 1979, le journaliste Gilles Carignan de L’Appel de
Sainte-Foy rapporte le prétendu témoignage anonyme d’un ingénieur du service du
génie de cette ville. Or, aucun des ingénieurs concernés ne connaît ce
journaliste. La rectification parue le 26 décembre suivant ne rétablit
aucunement les faits.
Griefs du plaignant
Le Conseil de
Presse a terminé l’étude de la plainte que vous portiez conjointement avec
votre collègue, Monsieur Michel Robitaille, contre Monsieur Gilles Carignan,
collaborateur pour l’hebdomadaire L’Appel de Sainte-Foy, concernant «le
traitement superficiel et erroné» d’un article paru sous sa signature dans
l’édition du 12 décembre 1979 de ce journal.
Vous dénonciez
les allégations contenues dans cet article à l’effet qu’un ingénieur du Service
du génie, division de la circulation et de l’éclairage de la Ville de
Sainte-Foy, aurait critiqué l’attitude du Comité exécutif de cette ville à
cause des retards apportés dans la mise en service des feux de circulation
situés à l’angle de la rue de Brabant et du chemin Sainte-Foy.
Vous déploriez
qu’un journaliste «sous le couvert d’un prétendu anonymat, puisse citer à
l’appui de ses points de vue personnels, des fonctionnaires qui ne le
connaissent pas et à qui ils n’ont jamais parlé». Vous estimiez en outre que
vos fonctions et vos réputations n’avaient pas à cautionner gratuitement les
thèses de ce journaliste.
Aussi, votre
intervention auprès du Conseil était-elle motivée par votre souci d’éviter qu’à
l’avenir des gens n’utilisent un tel procédé pour donner une quelconque
crédibilité à des propos inspirés de motifs politiques.
Enfin, vous
jugiez insatisfaisante la rectification parue dans l’édition du 26 décembre
1979 de L’Appel puisque, selon vous, elle ne rétablissait aucunement les faits.
Commentaires du mis en cause
Pourtant,
Monsieur Gilles Carignan affirme au Conseil qu’il a bel et bien parlé à l’un
d’entre vous. Et il maintient qu’il n’a pas cherché à appuyer son enquête sur
une source fictive dans le but de donner à ses conclusions une crédibilité
qu’elles n’auraient pas eue autrement.
Le but recherché
par la publication de l’article en question était, selon Monsieur Carignan,
d’amener les élus municipaux de Sainte-Foy, en particulier les membres du
Comité exécutif, à prendre au sérieux le problème du fonctionnement de feux de
circulation à un carrefour où s’étaient produits beaucoup d’accidents.
L’article n’avait pas pour but de mettre dans l’embarras des fonctionnaires
municipaux qui étaient facilement identifiables.
Selon Monsieur
Carignan, n’eût été des conflits multiples qui existaient au sein de
l’administration municipale de Sainte-Foy, le fonctionnement des feux de
circulation serait demeuré un fait divers et son article aurait atteint son
but: forcer les personnes concernées à agir.
Par ailleurs, en
publiant intégralement votre lettre dans la page réservée au courrier des
lecteurs, l’éditeur du journal L’Appel a, selon Monsieur Carignan, tenté de
satisfaire votre droit de réplique.
Aussi votre
plainte apparaît-elle à Monsieur Carignan comme un moyen qu’utilise le bureau
d’information de la Ville de Sainte-Foy pour éviter une discussion sérieuse des
problèmes municipaux et pour discréditer le collaborateur d’un hebdomadaire.
Analyse
Après une étude de ce dossier, le Conseil n’a pas retenu de blâme contre Monsieur Gilles Carignan et le journal L’Appel pour les raisons suivantes:
En présence de versions contradictoires, le Conseil ne peut, dans ce cas, se prononcer sur la véracité des propos imputés par Monsieur Carignan à un ingénieur du Service du génie, division de la circulation et de l’éclairage de la Ville de Sainte-Foy. Le Conseil espère néanmoins que le journaliste ne s’est pas retranché derrière une source fictive pour donner plus de crédibilité à son article d’enquête.
Cependant, le Conseil apprécie l’empressement de l’éditeur de L’Appel à vous permettre d’exprimer librement votre point de vue sur cette affaire dans les pages de son journal. Le Conseil est d’avis qu’en agissant de la sorte, L’Appel s’est montré soucieux du respect des exigences du droit du public à l’information conformément à sa responsabilité d’informateur public.
Le Conseil vous remercie d’avoir porté ce cas à son attention. Votre intervention aura eu comme avantage de constituer un autre exemple de la vigilance à laquelle se doit le public en matière d’information et un rappel de leurs obligations aux organes et aux professionnels de l’information.
Analyse de la décision
- C09A Refus d’un droit de réponse
- C15E Fausse nouvelle/information