Plaignant
Madame Andrée
Yanacopoulo
Mis en cause
Le Soleil
[Québec] et M. Louis-Guy Lemieux (journaliste)
Représentant du mis en cause
M. Claude
Beauchamp
Résumé de la plainte
La critique du
journaliste Louis-Guy Lemieux intitulée «Comment Godbout fait dire à Hubert
Aquin : J’ai mort», parue dans l’édition du 19 janvier 1980 du Soleil, présente
une image scandaleuse de la vie de cet écrivain et accuse injustement la
plaignante de complicité dans son suicide.
Griefs du plaignant
Le Conseil de
presse a terminé l’étude de la plainte que vous portiez contre M. Louis-Guy
Lemieux, journaliste, concernant l’article qu’il signait dans l’édition du 19
janvier 1980 du journal Le Soleil de Québec sous le titre: «Comment Godbout
fait dire à Hubert Aquin: J’ai mort».
Vous considériez
cet article comme «ignoble» et «indigne» d’un journal comme Le Soleil et vous
jugiez scandaleux et diffamatoires certains propos du journaliste qui, selon
vous, vous accusait injustement «de complicité criminelle» et présentait M.
Hubert Aquin «comme ayant été chroniquement sous l’effet d’un sordide mélange
d’alcool, de filles et de drogues».
Commentaires du mis en cause
M. Louis-Guy
Lemieux, pour sa part, estimait cette plainte non fondée et affirmait devant le
Conseil que l’article en question se voulait un compte rendu le plus fidèle
possible à la fois du film «Deux épisodes dans la vie d’Hubert Aquin» et des
propos que tenait son réalisateur, M. Jacques Godbout, au cours d’une entrevue.
Selon le
journaliste, cet article avait été écrit avec «tout le respect possible du
personnage et du sujet». Aussi comprenait-il difficilement que vous ayez pu y
voir des accusations de «complicité criminelle portées à votre endroit; ceci étant
«complètement contraire tant à l’esprit qu’à la lettre de ses propos. En outre,
M. Lemieux ne pouvait accepter qu’on juge comme diffama-toire un texte qui
associait «très discrètement» le suicide de M. Aquin à «l’abus de certaines
nourritures terrestres». Selon lui, «quand un personnage comme Hubert Aquin a
choisi de jouer dans sa vie et dans sa mort le rôle d’un personnage public,
quand il a choisi la voie de l’écrivain engagé, on ne peut en parler comme d’un
quelconque quidam».
Le rédacteur en
chef et éditeur adjoint du Soleil, M. Claude Beauchamp, affirmait au Conseil,
pour sa part, que Le Soleil avait «traité avec délicatesse et respect de la
vérité les événements dont il est question dans l’article de M. Louis-Guy
Lemieux».
Analyse
Bien qu’il comprenne votre désarroi devant cet événement qui vous a bouleversée, le Conseil n’a pas décelé dans l’article en question les dérogations à l’éthique journalistique ou à la responsabilité professionnelle que vous imputez à M. Louis-Guy Lemieux et au Soleil dans ce dossier.
En les situant en effet dans leur véritable contexte, les propos que vous reprochez à M. Lemieux ne sont nullement apparus au Conseil comme une intention et encore moins une volonté de sa part de vous accuser de complicité criminelle ou encore de porter atteinte à la réputation de M. Aquin. Le mot «complicité» qui vous a choquée éveille plutôt l’admiration pour la sollicitude que vous avez témoignée jusqu’au dernier moment pour Hubert Aquin. Et il a semblé au Conseil que le journaliste a cherché à partager avec ses lecteurs cette admiration qu’il a pour vous, pour Hubert Aquin et son oeuvre.
D’autre part, puisqu’il s’agit ici d’un article de critique et non un article d’information stricte, il va de soi que les commentaires qu’on y retrouve reflètent les perceptions et les sentiments de l’auteur lesquels sont matières d’opinion et relèvent de l’exercice normal de sa liberté d’ex-pression.
Analyse de la décision
- C17A Diffamation