Plaignant
Le Réseau
d’action et d’information pour les femmes
Représentant du plaignant
Mme Marcelle Dolment
(représentante, Réseau d’action et d’information pour les femmes)
Mis en cause
The Gazette
[Montréal] et M. Lewis Harris (journaliste)
Résumé de la plainte
L’article du
journaliste Lewis Harris intitulé «Some goodies expected in Parizeau budget
tonight», paru dans l’édition du 25 mars 1980 de The Gazette, induit le public
en erreur sur la nature des demandes formulées par le Réseau d’action et
d’information pour les femmes (RAIF) au ministre des Finances du Québec, ainsi
que sur les objectifs poursuivis par cet organisme. The Gazette publie la mise
au point du RAIF le 10 avril, mais en la résumant au point de la rendre
incompréhensible. Cette forme de rectification est insatisfaisante.
Griefs du plaignant
Le Conseil de
Presse a terminé l’étude de la plainte que vous portiez au nom du Réseau
d’action et d’information pour les femmes (RAIF) contre The Gazette et M. Lewis
Harris, journaliste, concernant l’article «Some goodies expected in Parizeau
budget tonight» paru dans l’édition du 25 mars 1980 de ce journal.
Vous estimiez
que certains termes inappropriés et inexacts dans l’article en question avaient
induit les lecteurs en erreur sur la véritable nature des demandes formulées
par le RAIF au ministre des finances, M. Jacques Parizeau, ainsi que sur les
objectifs poursuivis par votre organisme.
En présentant le
RAIF comme un organisme représentant 700 000 ménagères revendiquant un salaire,
le journaliste avait, selon vous, déformé la réalité des faits. Vous vous
expliquiez mal cette interprétation erronée du journaliste compte tenu qu’il
avait eu l’occasion, avant de rédiger son article, de prendre connaissance du
communiqué que votre organisme avait émis le 24 mars 1980. Ce communiqué
stipulait que le RAIF, voué à la défense des droits des femmes, exigeait une
allocation de base globale pour dépenses essentielles, non un salaire, mesure
qui toucherait presque 700 000 personnes à la maison; information que le
journaliste avait pris la peine de vérifier lors d’une conversation
téléphonique avec vous.
Vous estimiez
également que votre lettre de mise au point qui n’avait pas comme seul
intention de rétablir les faits, mais voulait également protester contre «le
manque d’éthique» du journal et du journaliste, aurait dû être publiée
intégralement et non pas seulement en partie comme l’a fait The Gazette le 10
avril 1980. Autrement, elle devenait incompréhensible.
Enfin, vous
estimiez insatisfaisante une telle forme de rectification vu la longueur du
délai écoulé entre la publication de l’article et celle de votre lettre (seize
jours). Une lettre de mise au point n’a pas, selon vous, le même impact qu’une
rétraction ou une correction apportée par le journaliste ou le journal qui
admet lui-même son erreur dans la même partie du journal que l’article initial.
Analyse
Après examen de ce dossier, à la lumière des commentaires et explications fournis par M. Harris, le Conseil en est arrivé aux conclusions suivantes:
Tout ce que le Conseil peut reprocher au journaliste dans ce cas, est une inexactitude mineure qui n’a pas eu cependant pour effet de changer le sens du communiqué émis par votre mouvement, non plus que de livrer au public une perception faussée de ses objectifs et de ses revendications.
Le journaliste a eu en effet tort, d’une part, de décrire le RAIF comme un regroupement de ménagères en employant le mot «representing».
D’autre part, vous aurez remarqué que le journaliste n’a jamais employé le mot «salaire» (salary) dans son texte et que la rémunération doit il parle prend la forme d’un crédit d’impôt équivalant à la déduction pour personnes mariées qui serait directement retourné à la femme, conformément à l’esprit et à la lettre de votre communiqué comme il l’explique dans son article.
Enfin, le Conseil est d’avis que la publication de votre lettre telle que résumée par The Gazette, était suffisante pour corriger les imprécisions que vous aviez relevées dans l’article de M. Harris. En vous permettant de faire ces mises au point, The Gazette s’est, dans ce cas, acquitté de sa fonction d’informateur public de façon responsable conformément aux exigences du droit du public à l’information.
Analyse de la décision
- C09C Modification du texte
- C11H Terme/expression impropre