Plaignant
Mme Gisèle
Béliveau
Mis en cause
L’Image de la
Rive-Sud [Longueuil]
Résumé de la plainte
Le 2 avril 1980,
dans le cadre d’un sondage maison, L’Image de la Rive-Sud demande à ses lecteurs
«Refusez-vous au gouvernement du Québec le mandat de négocier l’entente
proposée entre le Québec et le Canada?», alors que le libellé de la question
référendaire de 1980 débute plutôt par «Accordez-vous au gouvernement du Québec
[…]».
Griefs du plaignant
Le Conseil de
presse a terminé l’étude de la plainte de Mme Gisèle Béliveau dénonçant «la
question référendaire truquée» parue dans l’édition du 2 avril 1980 de
l’hebdomadaire L’Image de la Rive Sud.
La plaignante
reprochait à votre journal d’avoir altéré le sens de la question qui sera posée
le jour du référendum en demandant aux lecteurs, dans le cadre d’un sondage
maison, «Refusez-vous au gouvernement du Québec le mandat de négocier l’entente
proposée entre le Québec et le Canada?», alors que le libellé officiel de la
question dit : «Accordez-vous au gouvernement du Québec le mandat de négocier
l’entente proposée entre le Québec et le Canada?».
Commentaires du mis en cause
Dans une mise au
point publiée à la «une» de votre journal dans l’édition du 19 avril 1980, vous
donniez assurance à vos lecteurs que votre journal ne voulait en aucun moment
«brouiller les cartes» dans le débat référendaire, mais que ce sondage devait
plutôt permettre, en en comparant les résultats avec un deuxième à venir quinze
jours plus tard, de vérifier si les gens lisaient et comprenaient bien la
question référendaire.
La direction de
votre journal affirmait également dans cette mise au point que, compte tenu des
réactions qu’il a suscitées dans le public, L’Image de la Rive Sud abandonnait
ce sondage. Elle réaffirmait aussi que L’Image de la Rive Sud continuerait à
accorder la même attention aux événements d’actualité en leur donnant une
couverture honnête et objective.
Devant
l’impossibilité d’obtenir de votre part plus amples explications dans le délai
imparti, le Conseil, en se basant uniquement sur cette mise au point, en est
arrivé aux conclusions suivantes.
Analyse
Le Conseil de presse estime que le traitement accordé au libellé de la question référendaire a pu créer dans l’esprit du lecteur une confusion préjudiciable à la bonne compréhension des enjeux du référendum. En effet, le changement imposé au texte de cette question en faussait le sens. Et, selon le Conseil, en agissant ainsi, les responsables de ce sondage ont manqué à leur responsabilité d’informateur public soucieux de respecter le droit du public à l’information.
Sur la foi des explications parues dans l’édition du 19 avril de votre journal, le Conseil se refuse toutefois à voir dans cette faute une tentative de manipulation de l’opinion publique.
Il n’est pas dans l’intention du Conseil de décourager la publication des sondages. Le Conseil croit même que la publication des sondages par les médias d’information ne peut que favoriser le droit du public à l’information et l’expression de la démocratie.
Encore faut-il, cependant, que les producteurs de sondage et les responsables de leur diffusion auprès du public démontrent rigueur et intégrité. Le public doit aussi demeurer vigilant, comme dans le présent cas, et le Conseil ne sau-rait qu’encourager celui-ci à faire preuve d’esprit critique devant l’information que lui offrent les organes d’information.
Analyse de la décision
- C11D Propos/texte mal cités/attribués
- C13B Manipulation de l’information