Plaignant
M. Gabriel
Painchaud
Mis en cause
Le Journal de
Québec
Représentant du mis en cause
M. Jean-Guy
Allard (directeur de l’information, Le Journal de Québec)
Résumé de la plainte
Entre le 14 et le
23 avril 1980, Le Journal de Québec utilise une mise en page partiale pour
publier, dans sa rubrique «La parole est à vous», les lettres traitant de la
question référendaire. Ainsi, les lettres des tenants du «oui» sont presque
toujours publiées en caractères gras, contrairement à celles des tenants du
«non».
Griefs du plaignant
Le Conseil de
presse a terminé l’étude de la plainte par laquelle vous attiriez son attention
sur la singularité du procédé utilisé par Le Journal de Québec pour publier
dans sa rubrique «La parole est à vous» les lettres de lecteurs en faveur de
l’une ou l’autre des options référendaires.
Ayant observé en
effet pendant la période du 14 au 23 avril que les lettres des tenants du «oui»
étaient presque toujours publiées en caractères gras contrairement à celles des
tenants du «non», vous vous demandiez si une telle façon de les mettre en
relief n’était pas contraire à l’impartialité à laquelle se doivent les organes
d’information en déplorant qu’une telle façon de faire put être l’expression de
l’utilisation d’un moyen subtil de manipulation de l’opinion publique.
Aussi
attiriez-vous, le 17 avril dernier, l’attention du chef des nouvelles du
Journal de Québec sur cette «anomalie». Celui-ci vous promettait d’y voir de
plus près et de corriger, s’il y avait lieu, la situation, encore que
l’alternance de publication en caractère gras et légers lui apparut comme tout
simplement destinée à faciliter la lecture des lettres en question.
Analyse
Le Conseil ne saurait, autrement que par voie de procès d’intention, accuser Le Journal de Québec d’avoir, dans le présent cas, délibérément favorisé une thèse au détriment de l’autre.
La publication des lettres des lecteurs relève de la discrétion rédactionnelle des organes d’information. Encore celle-ci est-elle assujettie aux règles de l’éthique journalistique et doit-elle correspondre au devoir et à la responsabilité d’informer des médias. Le Conseil ne saurait trouver à redire aux techniques typographiques utilisées par les organes d’information pour présenter ces lettres, à moins qu’elles ne soient utilisées pour en tronquer le sens ou encore comme moyen de manipulation de l’opinion publique.
Or, dans le présent cas, l’alternance des caractères gras et légers employée par Le Journal de Québec est apparu au Conseil comme adéquate et conforme aux us et coutumes de la presse compte tenu aussi du fait que ce journal semble avoir respecté une certaine équité dans la reproduction des lettres tant des tenants du «oui» que du «non».
Le Conseil tient aussi compte de l’assurance que lui a donnée Le Journal de Québec de prêter une attention spéciale à la mise en page de la rubrique en question. Comme l’affirmait au Conseil le directeur de l’information de ce quotidien, des directives ont bel et bien été données en sorte d’éviter l’écueil que vous aviez souligné. Cependant, si on n’a pas donné suite aussi rapidement que vous le souhaitiez aux correctifs que vous aviez vous-même suggérés, c’est qu’il «faille parfois plus de vingt-quatre heures pour atteindre et informer tous les responsables travaillant à la production d’un quotidien».
Le Conseil vous remercie d’avoir porté l’incident en question à son attention. Votre intervention aura permis au Journal de Québec de préciser sa politique de publication des lettres des lecteurs concernant le référendum. Elle aura aussi comme avantage de constituer un autre exemple de la vigilance du public en matière d’information et un rappel de leurs obligations aux organes et professionnels de l’information.
Analyse de la décision
- C13A Partialité