Plaignant
Mme Ghislaine
Lapierre
Mis en cause
CKVL-AM [NTR,
Verdun], M. Matthias Rioux et M. Jean Cournoyer (animateurs)
Résumé de la plainte
Le 23 avril
1980, dans le cadre de l’émission «Face à face», les animateurs Matthias Rioux
et Jean Cournoyer de CKVL affirment qu’un «Québec souverain et associé serait
rempli de communistes». Ils ridiculisent les personnes en désaccord avec eux et
ne leur laissent pas le temps de s’exprimer.
Griefs du plaignant
Le Conseil de
presse a terminé l’étude de la plainte que vous portiez contre les animateurs
de l’émission de ligne ouverte «Face à face», MM. Mathias Rioux et Jean
Cournoyer, diffusée sur les ondes de CKVL le 23 avril 1980.
Selon vous, les animateurs
de cette émission auraient affirmé qu’un «Québec souverain et associé serait
rempli de communistes, un pays sans liberté, sans élection, sans démocratie» en
plus de porter au ridicule les personnes en désaccord avec eux, sans leur
laisser le temps pour s’exprimer, contrairement aux personnes qui appuyaient
leurs affirmations.
Analyse
En les situant dans leur véritable contexte, les propos que vous prêtiez aux animateurs de la ligne ouverte, loin de constituer des affirmations de leur part, comme vous en avez eu l’impression, résultaient de leur étonnement et de leur indignation face aux accusations de certains auditeurs associant au communisme et au «péquisme» l’attitude favorable de M. Mathias Rioux à l’instauration d’un régime scolaire pluraliste. Ces propos n’avaient donc ni la teneur ni la portée que vous avez pu leur prêter; la réaction des animateurs ayant été de paraphraser sur un ton ironique et sarcastique les interventions de ces auditeurs.
Loin dès lors de constituer une attaque contre le projet de souveraineté-association comme vous en avez eu l’impression, les animateurs s’efforçaient de lever les craintes que cultivaient à l’endroit de ce projet certains de leurs auditeurs dans leurs interventions.
Cet incident que vous avez porté à l’attention du Conseil permet de signaler que les émissions de lignes ouvertes, malgré leur caractère propre, ne sont pas soustraites aux règles de l’éthique journalistique. Si les animateurs de ce genre d’émission jouissent d’une grande latitude d’expres-sion, ils ne doivent pas moins s’astreindre à une grande rigueur. Le devoir est d’autant plus exigeant que ces émissions jouissent d’une large audience et que le public qu’elles atteignent peut se former une opinion fondée en très grande partie, sinon en totalité, sur l’information qu’il en retire. Il importe donc que par leurs propos, les animateurs évitent d’entraîner la confusion dans l’esprit du public.
D’autre part, en dépit de la latitude dont ils jouissent et des difficultés particulières inhérentes à leur fonction, ne serait-ce qu’ils sont tributaires des interventions du public, les animateurs de lignes ouvertes doivent éviter de ridiculiser et d’accabler leurs auditeurs comme ils le furent dans le présent cas. Le public, c’est pour cela qu’existent les lignes ouvertes, a le droit d’exprimer ses opinions. L’animateur se doit de le respecter et de démontrer à son endroit de la déférence.
Analyse de la décision
- C15A Manque de rigueur
- C15J Abus de la fonction d’animateur