Plaignant
Le Cercle de
presse de Sept-Iles
Représentant du plaignant
M. Jean-Didier
Fessou (secrétaire, Cercle de presse de Sept-Iles)
Mis en cause
Le Regroupement
national pour le OUI
Représentant du mis en cause
M. André Sormany
(responsable, Regroupement national pour le OUI)
Résumé de la plainte
Le Regroupement
national pour le «oui» organise la visite du Premier ministre du Québec à
Sept-Iles en réservant les entrevues accordées par ce dernier aux seuls
représentants des stations de télévision de Matane et de Rimouski. Cette
exclusion des médias écrits locaux prive la population d’une couverture plus
complète et plus critique de la visite du Premier ministre.
Griefs du plaignant
Le Conseil de
presse a terminé l’étude de la plainte dont vous le saisissiez au nom du Cercle
de presse de Sept-Iles, le 2 mai dernier, contre les organisateurs du
Regroupement national pour le OUI, responsables de la visite que le premier
ministre du Québec, M. René Lévesque, faisait le 22 avril dans votre région.
Le Cercle de
presse de Sept-Iles reprochait aux organisateurs de cette visite d’avoir exclu
la presse locale (CKCN, Le Nordic, Le Nordest, L’Elan, Le Soleil) des entrevues
accordées par le premier ministre aux seuls représentants des stations de
télévision de Matane (Radio-Canada) et de Rimouski (Télé-Capitale).
Un tel
traitement de faveur, selon le Cercle de presse, arbitraire, déloyal et
aisément assimilable à de la manipulation de l’opinion publique, aurait eu
comme effet de priver la population de votre région d’une couverture de presse
«globale», compte tenu que les «médias écrits témoignent davantage d’un certain
esprit critique que les stations de télévision qui, elles, se contentent de
couvrir « à chaud » un événement».
Tout en reconnaissant
que l’emploi du temps très serré du premier ministre lui interdisait une
rencontre prolongée avec la presse locale, celui-ci aurait pu, selon vous, lui
accorder une entrevue et répondre ainsi à ses exigences; ce qui n’aurait guère
pris plus de temps que les deux interviews qu’il accordait aux stations de
télévision en question.
Commentaires du mis en cause
Répondant à vos
doléances, le responsable du Regroupement national pour le OUI, M. André
Sormany, donnait au Conseil les explications suivantes:
1. Le premier
ministre a été à Sept-Iles pour une durée d’un peu plus de cinq heures et ses
activités publiques ont pu être «couvertes» tant par les représentants des
médias locaux que par ceux des médias nationaux; compte tenu qu’à l’issue de sa
dernière activité à Sept-Iles, le soir du 22 avril, M. Lévesque a été
disponible pour une période de «questions-réponses» ouverte à tous les
journalistes qui l’accompagnaient.
2. Tout au long
de la campagne référendaire, très peu de conférences de presse, comme telles,
du premier ministre ont été prévues; lors organisateurs des déplacements de M.
Lévesque estimant que ses nombreuses déclarations publiques et son
accessibilité à commenter les événements permettaient aux journalistes
d’obtenir toute l’information nécessaire sur le déroulement de la campagne.
3. Le fait qu’il
n’y ait pas eu de conférence de presse à Sept-Iles ne fut pas un événement
exceptionnel, mais plutôt la pratique générale utilisée durant la présente
campagne.
Il est courant,
en temps de campagne comme en temps normal, au cours des tournées politiques ou
gouvernementales, d’accorder des entrevues exclusives aux représentants d’un ou
de plusieurs médias. C’est ce qui fut fait, conformément à l’horaire prévu, en
choisissant d’accorder deux entrevues d’ordre général et d’une durée de quinze
minutes aux stations de télévision CBGAT et CFER, largement captées à Sept-Iles
et dans la région.
Analyse
Compte tenu des explications du Regroupement national pour le OUI qui laissent entendre que non seulement la population de Sept-Iles fut largement informée de la visite du premier ministre, mais que ce dernier fut accessible à la presse, y inclus la presse locale, le Conseil estime que le public n’a pas été brimé dans son droit à l’information.
Le Conseil ne saurait non plus, autrement que par voie de procès d’intention, faire grief au Regroupement national pour le OUI d’avoir, de par la façon dont il a organisé cette visite, voulu priver les médias locaux de leur accès au premier ministre ou d’avoir tenté de manipuler l’opinion publique en accordant ce que vous appelez un traitement de faveur aux seules stations de télévision de Matane et de Rimouski.
Le Conseil ne saurait toutefois qu’inciter les organisateurs des déplacements des chefs politiques dans les régions de prendre les arrangements nécessaires pour faciliter la tâche des médias d’information régionaux.
Ceci dit, le Conseil considère que l’incident que vous avez porté à son attention soulève un problème de fond important qui dépasse les seules circonstances des périodes électorales ou référendaires. Ce problème que d’ailleurs vous évoquez pour la seconde fois devant le Conseil fait état des frustrations profondément ressenties par la presse de votre région devant ses difficultés d’accès à l’information qui l’empêchent de remplir sa tâche aussi adéquatement qu’elle le voudrait. Ces difficultés que semble éprouver aussi d’une façon générale la presse régionale, laquelle en vertu de son éloignement voit réduite ses possibilités d’accès aux carrefours de l’information, ne peuvent qu’inciter le Conseil a y voir de plus près en sorte d’explorer les voies et moyens propres à permettre à la presse locale et régionale de s’acquitter convenablement de sa fonction.
Analyse de la décision
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