Plaignant
Mme Madeleine
Roy
Mis en cause
La Société
Radio-Canada [service des nouvelles radio, Montréal]
Représentant du mis en cause
M. Claude Piché
(directeur de l’information radio, Société Radio-Canada [Montréal])
Résumé de la plainte
Le 2 mai 1980,
dans ses bulletins d’information de 14 heures et de 15 heures, la radio de
Radio-Canada ne rapporte pas un important discours prononcé à Montréal quelques
instants auparavant par le Premier ministre du Canada. Le fait de diffuser
ultérieurement une nouvelle traitant de ce discours n’excuse pas le manque de
professionnalisme de la Société Radio-Canada.
Griefs du plaignant
Le Conseil de
presse a terminé l’étude de votre plainte dans laquelle vous reprochiez au
service des nouvelles de la radio de Radio-Canada de ne pas avoir fait mention,
dans ses bulletins d’informations de 14 heures et de 15 heures du 2 mai 1980,
du discours prononcé par le premier ministre du Canada, M. Pierre-Elliot
Trudeau, à la Chambre de commerce de Montréal le même jour de 13 heures à 13 h
50.
Selon vous, il
aurait été «juste et normal de présenter un reportage sur ce discours
immédiatement après, à défaut de l’avoir présenté en direct» comme l’a fait le réseau
Télémédia, à cause de l’impact important qu’il pouvait avoir à ce moment-ci de
la campagne référendaire. Vous estimiez en outre que le fait de diffuser
ultérieurement une nouvelle relativement à ce discours de M. Trudeau, «n’excuse
en rien le manque de professionnalisme» de Radio-Canada face à cet événement.
Commentaires du mis en cause
Jugeant cette
plainte non fondée, M. Claude Piché, directeur de l’information radio de
Radio-Canada, soutenait d’une part que l’absence de reportage dans les
bulletins de 14 heures et 15 heures était attribuable à «une décision
rédactionnelle ne mettant en cause aucun principe inhérent à l’éthique
professionnelle». Outre que ce n’est pas la politique de Radio-Canada de
diffuser en direct les discours des intervenants aux débats des campagnes
électorales et référendaires, M. Piché indiquait que «les nouvelles radio ont
amorcé dans le bulletin de 16 heures la série de reportages sur le discours de
monsieur Trudeau qu’on pouvait retrouver dans les bulletins de nouvelles
subséquents, y compris le radiojournal de 17 h 30 qui le traitait en première
manchette avec de larges extraits». Il affirmait de plus que Radio-Canada avait
accordé à ce discours le tiers d’une émission spéciale sur le référendum
diffusée à 16 h 45 le même jour.
Enfin, le
directeur de l’information radio alléguait que c’était sur cette «période de
forte écoute», comparée à celle du début de l’après-midi», que Radio-Canada
avait voulu «focaliser» le traitement du sujet, laissant à ses reporters le
temps de revenir de l’événement, de procéder aux montages, de préparer leur
présentation et leur insertion dans le bulletin de 17 h 30 et surtout, dans le
«bloc de 16 h 45» permettant ainsi une diffusion plus importante de l’événement
en question.
Analyse
Le Conseil considère que l’attention et le traitement qu’a décidé de donner Radio-Canada au discours du premier ministre du Canada relevait exclusivement de son jugement et de sa responsabilité rédactionnels; le choix d’une nouvelle, ainsi que l’importance à lui accorder appartenant en propre aux organes d’information.
En intervenant dans ces décisions, le Conseil se transformerait en un mécanisme de direction et d’orientation de l’information bien qu’il se réserve le droit d’étudier les critères qui président à ces choix et qui ne seraient pas conformes au rôle des professionnels et des organes d’information de renseigner adéquatement la population sur les questions d’intérêt public.
Or, dans le présent cas, le Conseil estime que le public n’a pas été brimé dans son droit à une information complète et équilibrée et que Radio-Canada s’est acquitté de sa fonction d’informateur public de façon responsable.
Si l’on tient compte en effet des contraintes techniques inhérentes à la préparation d’un bulletin d’informations et surtout de la couverture que dès 16 heures Radio-Canada accordait à cet événement, le Conseil est d’avis que la Société Radio-Canada, en faisant largement état des déclarations de M. Trudeau tant dans ses bulletins de nouvelles nationaux que dans son émission spéciale sur le référendum, a assuré un traitement conforme aux règles de la pratique journalistique ainsi qu’à l’importance de l’événement.
Le Conseil vous remercie d’avoir porté l’incident en question à son attention. Votre plainte aura permis à la Société Radio-Canada de préciser sa politique de traitement des événements touchant l’actualité référendaire. Elle aura aussi comme avantage de constituer un autre exemple de la vigilance à laquelle se doit le public en matière d’information et un rappel de leurs obligations aux organes et aux professionnels de l’information.
Analyse de la décision
- C02A Choix et importance de la couverture