Plaignant
M. Daniel
Laforest
Mis en cause
The Gazette
[Montréal]
Représentant du mis en cause
M. Mark Harrison
(éditeur, The Gazette [Montréal])
Résumé de la plainte
La mise en page
de la «une» de l’édition du 20 mai 1980 de The Gazette associe le titre «May
20, 1980 : It’s Decision Day» à une photo illustrant un immeuble de Miami
détruit à la suite d’émeutes raciales. Le journal, en manipulant ainsi
l’information, tend à faire miroiter le spectre de la désolation, de la
catastrophe et des désordes sociaux advenant une victoire du «oui».
Griefs du plaignant
Le Conseil de
Presse a terminé l’étude de la plainte de M. Daniel Laforest qui dénonçait le
manque d’éthique professionnelle dont, à son avis, The Gazette a fait preuve
dans la mise en page de la «une» de l’édition du 20 mai 1980, en associant le
titre sur six colonnes «May 20, 1980: It’s Decision Day» à une photographie aux
larges dimensions illustrant un immeuble de Miami détruit à la suite des
émeutes raciales récentes.
Selon le
plaignant, tant par les dimensions des caractères du titre que par celles de la
photographie, à la lumière de l’attitude partisane démontrée, selon lui, par
votre journal tout au cours du débat référendaire et enfin, par l’importance de
l’événement du jour (journée du scrutin), il était impossible pour le lecteur
de dissocier au premier regard la photographie et le titre en question.
Ainsi, M.
Laforest considérait-il que votre journal, à l’aide d’un contexte hautement
émotif et tendu, avait «manipulé deux éléments consciemment dissociés pour
provoquer une impression subliminale» faisant ainsi «miroiter le spectre de la
désolation, de la catastrophe et des désordres sociaux advenant une victoire du
oui.»
Commentaires du mis en cause
En exprimant
votre stupéfaction de voir le Conseil tenir compte d’une plainte aussi futile
que, selon vous, il aurait dû rejeter sur-le-champ s’il eut connu la pratique des
journaux, vous lui indiquiez qu’il est d’usage par ceux-ci de publier à la une
des photographies qui n’ont aucun rapport avec l’événement du jour. En outre,
bien que les photographies ainsi publiées le soient souvent en raison de leur
qualité, vous indiquiez au Conseil que la manchette a parfois rapport à la
photo, mais que souvent elle concerne un sujet entièrement différent. Selon
vous, l’examen le plus élémentaire de la pratique des journaux suffit à
démontrer que les photographies utilisées concernent habituellement la nouvelle
et l’article qu’elles coiffent plutôt que la manchette.
Analyse
Le Conseil considère que la mise en page d’un journal relève du jugement et de la responsabilité rédactionnels de l’éditeur. Toutefois, la discrétion de ce dernier n’est pas absolue et la presse, tout en ayant recours aux moyens les plus efficaces à sa disposition pour rendre l’information qu’elle diffuse vivante, dynamique et susceptible de frapper l’attention du public, doit faire preuve d’une grande rigueur.
Or, dans le présent cas, le Conseil ne saurait autrement qu’en versant dans le procès d’intention, conclure que The Gazette a voulu manipuler l’information. Le Conseil estime cependant que par la façon de faire, The Gazette pouvait donner prise, à bon droit, aux accusations du plaignant. Aussi, le Conseil ne saurait-il qu’inciter The Gazette à redoubler de rigueur dans sa mise en page en sorte d’éviter, chez le lecteur, toute confusion sur le véritable sens de l’information qu’elle diffuse et qui pourrait porter ombrage à son intégrité d’informateur public.
Analyse de la décision
- C13B Manipulation de l’information