Plaignant
L’Association
féminine d’éducation et d’action sociale [AFEAS, région de St-Jean d’Iberville]
et Mme Jeannine Desbiens (présidente)
Mis en cause
Le Courrier du
Sud [Longueuil] et M. Lucien Beauregard (directeur de l’information)
Résumé de la plainte
Le directeur de
l’information du Courrier du Sud, M. Lucien Beauregard, refuse de publier les
communiqués de l’AFEAS de la région de Saint-Jean d’Iberville et de couvrir ses
activités. Cette décision se veut une mesure de représailles contre la
présidente de cet organisme qui, au cours d’un colloque, a critiqué certains
hebdomadaires régionaux de la Rive-Sud de Montréal.
Griefs du plaignant
Le Conseil de
presse a terminé l’étude de la plainte de Mme Jeannine Desbiens, présidente de
l’AFEAS de la région de St-Jean d’Iberville, concernant votre refus
«catégorique» de publier, en guide de représailles, les communiqués de cette
association dans Le Courrier du Sud ou même de couvrir ses activités. Cette
mesure faisait suite, selon la plaignante, au colloque du Cercle de presse de
la région sud de Montréal tenu le 26 avril 1980, au cours duquel, au nom d’un
groupe de femmes, elle fit la critique de certains hebdos régionaux de la
Rive-Sud de Montréal. Selon Mme Desbiens, une telle attitude de votre part est
contraire aux exigences du droit du public à l’information.
D’après les
termes mêmes d’une lettre que vous faisiez tenir à Mme Lise Houle, secrétaire
de l’AFEAS, le 2 mai 1980, il appert en effet que, choqué des propos tenus par
la plaignante lors de ce colloque, vous seriez «peu enclin» à consacrer des
espaces à un organisme qui traite les journaux de la Rive-Sud de «navets»;
décision que vous auriez confiée à Mme Desbiens le 26 mai suivant, lors d’une
conversation téléphonique.
Commentaires du mis en cause
En réponse à
cette plainte, vous informiez le Conseil de votre décision d’ignorer non pas les
activités des clubs locaux de l’AFEAS, «mais plutôt les écrits de la présidente
Jeannine Desbiens de St-Jean». Selon vous, «la censure s’exerce uniquement
contre Mme Desbiens qui, considérant les hebdos locaux indignes de ses talents
littéraires, devra adresser ses textes au Devoir».
Vous affirmiez
de plus au Conseil que cette ligne de conduite s’appliquerait tant et aussi
longtemps que Mme Desbiens serait la présidente de l’AFEAS de St-Jean et que
vous seriez directeur de l’information du Courrier du Sud. Le public sera
toujours informé, ajoutiez-vous, mais lorsque l’information proviendra d’une
autre personne que Mme Desbiens.
Réplique du plaignant
Comme pour
confirmer cette attitude de votre part, Mme Desbiens portait à la connaissance
du Conseil deux articles parus les 20 et 27 août dans Le Courrier du Sud
relatant les activités du congrès provincial de l’AFEAS tenu à Québec les 19 et
20 août 1980. Elle faisait remarquer cependant au Conseil qu’aucune mention
n’avait été faite dans les pages de votre journal du communiqué émanant de la
section régionale de l’AFEAS qui vous avait été transmis pourtant directement
par la publiciste de cette association dans la semaine du 1er septembre 1980.
Analyse
Le Conseil juge répréhensible votre décision de ne pas publier les communiqués de Mme Desbiens et doit vous blâmer sévèrement pour ce qu’il considère comme une atteinte grave à la liberté d’expression et au droit du public à l’information.
Le Conseil est d’avis que les mesures de représailles que vous appliquez à l’endroit de Mme Desbiens et indirectement à l’endroit de l’AFEAS de St-Jean, vont à l’encontre du devoir et de la responsabilité première des organes d’information de renseigner la population sur tous les sujets d’intérêt public.
Le Conseil n’entend ni substituer son propre jugement au vôtre ni déterminer à votre place le contenu rédactionnel de votre journal. Libre à vous de publier ou non les communiqués de Mme Desbiens ou de l’AFEAS de St-Jean. Il importe cependant que vos critères de décision tiennent compte de l’intérêt public alors que dans le présent cas, ils apparaissent plutôt dictés par votre inimitié envers Mme Desbiens qui n’a fait qu’exercer un droit légitime en faisant connaître publiquement ses critiques sur la qualité de l’information diffusée par certains hebdos de la Rive-Sud de Montréal.
Analyse de la décision
- C08E Boycottage/représailles