Plaignant
Télé-Médic et M.
Simon Bédard (directeur administratif)
Mis en cause
M. Serge Mongeau
(journaliste, Châtelaine [Montréal])
Résumé de la plainte
Le journaliste
Serge Mongeau abuse de ses fonctions en prétendant réaliser une entrevue avec
le plaignant dans le but de rédiger un reportage sur Télé-Médic, puis en
utilisant certaines des informations obtenues dans le cadre d’une lettre
ouverte signée par le collectif «Socialisme et Santé», dont il fait partie. La
lettre en question, publiée par Le Devoir le 21 octobre 1980 et par La Presse
les 21 et 22 octobre, critique le fonctionnement de Télé-Médic de manière
diffamatoire.
Griefs du plaignant
Le Conseil de
presse a terminé l’étude de la plainte que vous portiez contre M. Serge Mongeau
pour sa participation à la rédaction d’une «lettre aux lecteurs» concernant
Télé-Médic, signée par le collectif «Socialisme et Santé», parue dans La Presse
des 21 et 22 octobre 1980 et dans Le Devoir du 21 octobre 1980.
Selon vous, M.
Mongeau aurait abusé de sa qualité de journaliste pour vous soutirer certaines
informations qu’il prétendait destinées à la rédaction d’un article
d’information sur Télé-Médic. Or, vous auriez été victime de fausse
représentation puisque, selon vous, les informations en question ont servi à la
rédaction d’une lettre des lecteurs, sur certains points diffamatoires,
critiquant le fonctionnement de Télé-Médic, signée par le collectif «Socialisme
et Santé» dont M. Mongeau fait partie. Selon vous, un journaliste qui se
respecte ne devrait pas utiliser ses droits à d’autres fins que d’informer de
façon objective et non se servir des informations qu’il détient à ce titre dans
des «opinions des lecteurs».
Commentaires du mis en cause
M. Mongeau
affirmait pour sa part au Conseil qu’il avait effectivement fait, comme
journaliste, une entrevue avec vous en vue de rédiger un article sur les services
médicaux à domicile, pour le compte du magazine Châtelaine. Cet article fut
publié dans l’édition du mois de janvier dernier de cette revue. Selon lui, cet
article ne s’est pas transformé en opinion des lecteurs, car le texte du
collectif «Socialisme et Santé» , dont il fait effectivement partie, était déjà
pratiquement terminé au moment où il vous avait rencontré. Rien de ce que vous
lui avez dit en entrevue n’a été utilisé, selon lui, dans ce texte qui a été
rédigé à partir d’autres sources d’information.
M. Mongeau
estimait en outre qu’un journaliste avait parfaitement le droit, comme tout
autre citoyen, d’avoir des idées et de les exprimer sur la place publique, en
particulier dans les chroniques réservées au courrier des lecteurs.
Quant aux accusations
de diffamation, M. Mongeau estimait qu’il faudrait les porter contre le
collectif s’il y avait lieu et non contre lui, puisque c’est le collectif qui a
signé la lettre des lecteurs que vous dénonciez.
Analyse
Le Conseil ne peut retenir les accusations de fausse représentation que vous portez contre M. Mongeau, puisqu’il est manifeste, de par l’article qu’il a publié dans Châtelaine, que c’est en sa qualité de journaliste et aux fins de cet article qu’il vous a interviewé sur le sujet
Le Conseil n’est pas en mesure de juger si effectivement, comme vous le prétendez, M Mongeau s’est servi des informations qu’il a recueillies auprès de vous dans la lettre ouverte du collectif «Socialisme et Santé». Certes certaines informations se recoupent. Le Conseil doit se fier cependant à la bonne foi de M. Mongeau dont le témoignage, au demeurant, lui est apparu plausible.
Cependant, sans nier aux journalistes leur droit de s’exprimer là où ils le veulent ou de militer dans les organismes de leur choix, le Conseil estime qu’ils doivent éviter toutes situations qui, en raison des conflits d’intérêts qu’elles peuvent susciter dans l’esprit du public, risquent de compromettre leur crédibilité d’informateurs publics et l’intégrité de leur information. Cette exigence reste valable même si, dans les faits, les journalistes s’acquittent de leur tâche adéquate et rigoureuse.
Analyse de la décision
- C22D Engagement social
- C23D Tromper sur ses intentions