Plaignant
M. Serge
Lavallée (directeur de l’information, Le Journal de Chambly); La Société
Radio-Canada [Montréal]
Représentant du plaignant
M. Marc Thibault
(directeur de l’information, Société Radio-Canada [Montréal])
Mis en cause
Le Parti
québécois et l’Union nationale; Le Syndicat général du cinéma et de la
télévision [SGCT-CSN]
Résumé de la plainte
L’exécutif
national du Parti québécois, l’Union nationale et le Syndicat général du cinéma
et de la télévision boycottent les émissions d’affaires publiques de
Radio-Canada pour appuyer la grève de ses journalistes. Ce geste, posé dans un
contexte de campagne électorale, constitue une atteinte au droit du public à
l’information. L’auditoire de Radio-Canada se retrouve avec une information
exclusivement partisane, puisque cette société a donné du temps d’antenne aux
partis politiques afin de faire valoir leurs positions.
Griefs du plaignant
Le 19 novembre 1980,
le Conseil de presse du Québec était saisi d’une plainte formulée par le
directeur de l’information du Journal de Chambly, M. Serge Lavallée.
M. Lavallée
dénonçait «le boycottage exercé par l’exécutif national du Parti québécois,
l’Union nationale et possiblement tous les groupes qui prendraient des mesures
semblables à l’égard des émissions d’actualités de Radio-Canada pour appuyer,
dans leurs revendications, les journalistes en grève».
Le 25 mars 1981,
la Société Radio-Canada dénonçait à son tour le boycottage décrété par le
Syndicat général du cinéma et de la télévision (SGCT-CSN) contre toutes les
émissions d’information de Radio-Canada.
Selon le
directeur de l’information de Radio-Canada, le syndicat prenait ainsi «en
otage, à l’occasion de sa grève, toute la campagne électorale actuelle et les
partis politiques qui y sont engagés». Le problème était d’autant plus grave,
selon M. Marc Thibault, que la Société Radio-Canada avait mis un temps
d’antenne gratuit à la disposition des partis politiques pour leur permettre de
véhiculer leur message. La Société se trouvait ainsi réduite à offrir au public
uniquement les interventions partisanes vendant la campagne électorale en
cours.
Commentaires du mis en cause
Le Syndicat
général du cinéma et de la télévision (CSN) a également transmis ses
commentaires au Conseil. Le Parti Québécois, le Parti libéral et l’Union
nationale, également sollicités par le Conseil, ne lui ont fait valoir aucun
point de vue.
Commentaires des tiers
Face à la
décision de la Société Radio-Canada de fournir au public, comme l’exige sa
politique d’information, un traitement de cette campagne électorale soumis à la
médiation journalistique, les contractuels de Radio-Canada, sans porter une
plainte formelle, informaient toutefois le Conseil de leur inquiétude «d’être
contraints par leur employeur à faire fi de l’éthique professionnelle afin de
couvrir, coûte que coûte, la campagne électorale».
A l’invitation
du Conseil, les groupes suivants ont donné leur point de vue sur la présente
question: la Fédération professionnelle des journalistes du Québec, la section
des contractuels en information de Radio-Canada et la Fédération nationale des
communications.
Analyse
Il ne relève pas de la compétence du Conseil de presse d’intervenir dans un conflit de travail. Néanmoins, c’est dans le respect de son mandat que le Conseil s’estime tenu de publier l’avis suivant:
Le boycottage fait partie des recours qui sont légitimes dans de telles situations. En effet, le boycottage, dans le cadre d’un conflit de travail, est assimilable, aux yeux du Conseil, au droit au silence, lequel fait partie de la liberté d’expression.
Cependant, le Conseil déplore toute situation qui tend à réduire la qualité et le volume de l’information. En conséquence, Le Conseil invite toutes les parties en cause à ce conflit à intensifier leurs négociations en vue d’en arriver à un réglement dans les plus brefs délais.
Analyse de la décision
- C06C Appel au boycottage/représailles
- C24D Hors mandat
Tiers
Les contractuels
de la Société Radio-Canada [Montréal], la Fédération professionnelle des
journalistes du Québec [FPJQ] et la Fédération nationale des communications
[FNC]