Plaignant
Le Conseil de la
culture de la région de Québec et l’Association des directeurs de théâtre
Représentant du plaignant
M. Louis-Georges
Girard (porte-parole, Conseil de la culture de la région de Québec)
Mis en cause
Le Soleil
[Québec] et M. Pierre Champagne (journaliste)
Résumé de la plainte
L’article «Des
subventions au « jeune théâtre »», publié dans l’édition du 18 novembre
1980 du Soleil, contient des informations propres à discréditer le «jeune
théâtre» de la région de Québec. Le journaliste Pierre Champagne a tort,
notamment, de prétendre que le «jeune théâtre» a reçu un demi-million de
dollars en subventions au cours de l’année et que les subventions reçues sont
des cadeaux de l’Etat.
Griefs du plaignant
Le Conseil a
terminé l’étude de la plainte portée par le Conseil de la culture de la région
de Québec, appuyé dans cette démarche par l’Association des directeurs de
théâtre, contre votre article, «Des subventions au jeune théâtre», paru dans Le
Soleil du 18 novembre 1980.
En plus de
contester l’inexactitude de l’information que vous rapportiez dans cet article,
le plaignant vous accusait d’avoir outrepassé les limites de votre liberté
rédactionnelle et d’avoir manqué de rigueur professionnelle en faisant preuve
de partialité envers les artisans du jeune théâtre.
Le plaignant
vous reprochait particulièrement d’avoir laissé entendre, contrairement aux
faits, que le «jeune théâtre» de la région de Québec avait reçu pour 1980-1981
un demi-million de subvention alors qu’en réalité, il ne s’agissait que de 156
000$. Selon le plaignant, il aurait fallu exclure de votre total les 350 000$
reçus par le Trident. Ce dernier étant en effet un théâtre institutionnel, il
ne peut d’aucune façon être considéré comme un organisme de jeune théâtre.
Le plaignant
était aussi d’avis que les sommes versées au jeune théâtre ne constituaient en
aucune façon un cadeau de l’Etat, comme vous le laissiez entendre en comparant
le ministère des Affaires sociales au Père Noël. Ces sommes étaient plutôt
versées, selon le plaignant, parce que les gouvernements considèrent que
certaines fonctions sociales doivent être assumées par la collectivité et non
par les seuls utilisateurs.
Le porte-parole
du Conseil de la culture de la région de Québec, M. Louis-Georges Girard,
estimait également qu’en affirmant que ce sont les «salariés ordinaires» qui paient
les subventions au jeune théâtre, vous invitiez «le public à placer le salarié
ordinaire dans la position très désagréable du mécène, et l’artisan du théâtre,
dans celle du dilapideur de fonds publics, ce qui n’a rien de revalorisant pour
ce dernier». A ce sujet, le plaignant faisait remarquer au Conseil que les
artisans de théâtre font partie des salariés ordinaires avec un revenu annuel
moyen possible pour la saison en cours de 5 000$ et qu’en outre, chaque citoyen
a fourni, à même ses impôts en 1979-1980, à peine 0,27$ pour le jeune théâtre.
Bien que Le
Soleil ait publié dans sa tribune libre du 13 février 1981, la lettre de mise
au point du plaignant, celui-ci considérait que vous auriez dû vous-même
rectifier les faits.
Commentaires du mis en cause
Vous souteniez,
pour votre part, avoir bien informé le public même si votre «nomenclature des
théâtres n’était pas complète». Faire mention, entre autres, de la subvention
de 350 000$ accordée au Trident n’aurait fait, selon vous, qu’apporter plus de
poids à votre opinion «éditoriale» à savoir que vous êtes «tanné de payer des
subventions à des théâtres qui ne sont pas rentables».
Le plaignant,
d’autre part, n’avait pas, selon vous, à s’indigner que vous ayez osé écrire
«que les troupes de théâtre avaient des créanciers». Pourquoi des subventions
s’ils n’ont pas de créanciers?, vous interrogiez-vous. Vous trouviez aussi
nettement exagéré et relevant du plus pur procès d’intention, les affirmations
du plaignant à l’effet que vous auriez voulu «étiqueter de façon non équivoque
une classe précise de travailleurs» et assimiler les compagnies de théâtre de
la région de Québec à ce qu’on appelle communément de «mauvaises créances».
Analyse
Le Conseil est d’avis que vous auriez fait preuve d’une plus grande rigueur si vous aviez pris le soin d’informer vos lecteurs sur le montant réel des subventions accordées aux troupes de jeune théâtre de la région de Québec qui était de 156 000$ et non d’un demi-million comme le laissait entendre votre article.
Le Conseil ne conteste pas le droit dont vous jouissez à titre de chroniqueur d’exprimer vos critiques et de faire valoir vos points de vue personnels. vous vous devez cependant, même dans une chronique, de respecter la véracité et l’exactitude des faits conformément à votre responsabilité d’informateur public.
Enfin, le Conseil a pris bonne note du fait que Le Soleil a publié la lettre de mise au point du plaignant dans son édition du 13 février, permettant ainsi, dans une certains mesure, au Conseil de la culture de la région de Québec de rétablir les faits aux yeux du public.
Analyse de la décision
- C09A Refus d’un droit de réponse
- C11B Information inexacte