Plaignant
La Société
professionnelle de recherche en marketing
Représentant du plaignant
Mme Christine Schmidt
(présidente, Société professionnelle de recherche en marketing)
Mis en cause
La Presse
[Montréal] et M. Yvon Laberge (journaliste)
Résumé de la plainte
L’article «Selon
IQOP : Les Lavallois ne veulent plus de Paiement», paru dans La Presse du 17
mars 1981, ne fait état que des réponses à une seule question fort subjective
d’un sondage, ainsi formulée: «Le maire Paiement, ça fait assez longtemps qu’il
est là, il faut le remplacer». Si l’information divulgée par le journaliste
Yvon Laberge lui a été rapportée de façon incomplète, il aurait dû refuser de
la publier. Il aurait ainsi évité de donner l’impression de transmettre une
information objective. D’autre part, le journaliste aurait dû faire état de la
méthodologie utilisée dans ce sondage.
Griefs du plaignant
Le Conseil a
terminé l’étude de la plainte de madame Christine Schmidt, présidente du chapitre
québécois de la Société professionnelle de recherche en marketing, qui s’en
prenait à votre article intitulé «Selon IQOP : Les Lavallois ne veulent plus de
Paiement». Cet article, de l’édition du 17 mars 1981 de La Presse, faisait état
du sondage réalisé par l’IQOP pour le compte du Parti du ralliement officiel
des Lavallois (PRO).
Selon madame
Schmidt, votre article constituait un «exemple parfait» de manipulation d’un
sondage à des fins partisanes, puisqu’il ne faisait état que du résultat d’une
seule question «fort subjective» par ailleurs, sondage effectué par l’IQOP, à
savoir: «Le maire Paiement, ça fait assez longtemps qu’il est là, il faut le
remplacer». Bien que des questions de ce genre soient pratique courante dans ce
type de sondage, elles sont habituellement contrebalancées par d’autres
questions qui permettent une analyse plus objective du sujet. Comme vous ne
faisiez pas état du «revers de la médaille», vous auriez, selon la plaignante,
informé le public d’une façon incomplète et biaisée. Si l’information qui vous
avait été fournie était incomplète, vous auriez dû refuser de la publier,
évitant ainsi de donner l’impression de transmettre une information objective.
Par ailleurs, votre article aurait dû faire état de la méthodologie utilisée
dans ce sondage.
Commentaires du mis en cause
Rejetant le
bien-fondé de la plainte, vous estimiez injuste que la plaignante vous accuse
de partisanerie politique pour avoir rapporté une information résultant d’un
sondage «partisan». D’autre part, vous estimiez avoir fait état «des deux
revers de la médaille» en rapportant dans votre article «… que les personnes
interrogées n’avaient pas à se prononcer pour un candidat de rechange…». Vous
aviez aussi donné suffisamment d’informations sur la méthodologie utilisée dans
ce sondage en mentionnant le nombre de personnes interrogées, le nombre de
répondants et le pourcentage de réponses.
Commentaires des tiers
Le
président-directeur général de l’IQOP, monsieur Jean-Pierre Nadeau, informait
le Conseil qu’il était «normal et nécessaire» d’utiliser, dans un sondage, des
questions dites «d’opinion» comme celle qui était rapportée dans votre article.
Celle-ci était, cependant, contrebalancée par d’autres du type «opposé» pour
donner une vue plus juste du sujet. En outre, l’IQOP n’était pas responsable de
la diffusion de ce sondage. Enfin, les chiffres cités dans l’article en
question étaient «fidèles à la réalité observée».
Analyse
Même si l’information que vous avez rapportée dans votre article était exacte, le Conseil s’interroge sur la pertinence d’un tel article compte tenu que votre nouvelle n’était basée que sur des résultats très parcellaires du sondage en question.
Comme il l’a affirmé dans le passé, le Conseil estime que les professionnels de l’information doivent se montrer prudents et attentifs aux tentatives de manipulation et de diffusion de l’information recueillie par voie de sondages et qui souvent, comme semble l’indiquer le présent cas, ont moins comme intention de renseigner ou d’éclairer le public que de conditionner les esprits. Les professionnels de l’information doivent faire preuve d’une extrême vigilance pour éviter que, même à leur insu, ils ne deviennent les complices de personnes ou de groupes qui ont intérêt à exploiter des sondages à des fins de croisades partisanes et cela, au détriment d’une information complète et impartiale du public.
Analyse de la décision
- C03C Sélection des faits rapportés
- C13C Manque de distance critique
Tiers
M. Jean-Pierre
Nadeau (président-directeur général, Institut québécois de l’opinion publique)