Plaignant
La Fédération
québécoise de la faune
Représentant du plaignant
M. Jean-Marie Laliberté
(président, Fédération québécoise de la faune)
Mis en cause
Le Journal de
Montréal et M. Guy Pagé (journaliste)
Résumé de la plainte
Entre les mois
de janvier et de mars 1981, Le Journal de Montréal publie une dizaine de
chroniques mensongères, tendentieuses et diffamatoires à l’endroit de la
plaignante, sous la signature du journaliste Guy Pagé. Celui-ci rapporte des
ouï-dire et des informations non vérifiées. Le caractère biaisé des textes en
question s’explique le parti pris du journaliste pour un ami, précédemment
congédié par la plaignante.
Griefs du plaignant
Le Conseil de
presse a terminé l’étude de la plainte de la fédération québécoise de la faune
contre vos articles parus entre le mois de janvier et le mois de mars 1981 dans
Le Journal de Montréal qu’elle considérait comme «mensongers, tendancieux et
diffamatoires».
La Fédération
dénonçait la caractère biaisé de ces chroniques qu’elle attribuait à votre
parti pris favorable à l’endroit de son trésorier qu’elle venait de remercier de
ses services. Pour vous porter à la défense de ce dernier, l’un de vos amis,
selon la plaignante, vous vous seriez employé, à partir de ouï-dire et
d’informations non vérifiées, à dénigrer son conseil d’administration auprès de
l’opinion publique en proférant même des attaques personnelles contre l’un de
ses membres. Vous n’auriez pas hésité non plus, et cela dans le but évident de
lui créer des difficultés supplémentaires auprès des institutions bancaires et
de ses commanditaires, à exagérer l’importance de ses problèmes financiers que
vous attribuiez aux décisions inconsidérées des membres de son exécutif.
Commentaires du mis en cause
Réfutant le
bien-fondé de la plainte de la Fédération, vous estimiez, quant à vous, avoir
rempli votre rôle d’informateur public de façon responsable et avoir informé
correctement le public sur ses difficultés financières d’autant plus que, selon
vous, le conseil d’administration de la Fédération tenait ses membres dans
l’ignorance à ce sujet. Vous ne pouviez non plus laisser accabler injustement
«le trésorier destitué», les documents que vous possédiez concernant sa gestion
financière vous portant à conclure qu’il était un trésorier de principe et que
son départ tenait plus à des conflits de personnalités qu’à sa soi-disant
incompétence. Vos propos, par ailleurs, se sont toujours appuyés sur des
sources d’information fiables.
Analyse
Le Conseil estime, d’une part, que votre série d’articles, une dizaine, parues entre le mois de janvier et le mois de mars 1981 concernant la Fédération québécoise de la faune témoigne d’une démarche journalistique qui est conforme au rôle d’investigation de la presse et à la vigilance que les professionnels de l’information se doivent d’exercer sur les question d’intérêt public.
Le Conseil estime cependant que vous avez parfois manqué de prudence et de rigueur dans le traitement de votre sujet. Trop souvent, en effet, votre information semble-t-elle basée sur du ouï-dire, de la rumeur, des sources vagues qui en affaiblissent la crédibilité et donnent appui aux griefs de la plaignante. Par exemple: «C’est un membre du comité de gestion qui aurait déclaré à l’une de mes connaissances…» (15 mars), «A ce qu’on m’a raconté…» (17 février), «Une rumeur circule à l’effet que…» (24 février).
Le Conseil estime aussi qu’à certains moments, votre ton inutilement provocateur, voire accusateur, ainsi que certains de vos commentaires sur des membres du conseil d’administration de la Fédération ont pu inciter la plaignante à considérer vos articles comme une charge à son endroit, plus destinée à régler vos comptes personnels ou ceux du trésorier destitué que vous sembliez vouloir inconditionnellement défendre, qu’à informer objectivement le public sur les difficultés réelles de l’organisme.
Enfin, votre façon de rapporter certains faits, comme par exemple la question de la représentation de la Fédération à un colloque sur les pluies acides aux Etats-Unis, était propre à induire le public en erreur, puisqu’elle laissait croire à ce dernier que la Fédération, par ailleurs en situation financière précaire, se permettait d’assumer de telles dépenses. En réalité, la représentation de la Fédération à cette conférence avait été assurée par un membre de la Fédération qui y avait été délégué cependant en sa qualité d’employé de l’Hydro-Québec qui assumait ses frais. C’est bénévolement et a titre gratuit que cette personne avait fait rapport à la Fédération.
Ce sont des accrocs de ce genre qui ont justifié le doute de la plaignante sur votre impartialité de même que sur votre façon de rapporter l’information la concernant. Dès lors, vous lui auriez mieux rendu justice et vous auriez renseigné d’une façon plus adéquate vos lecteurs si vous aviez tenu compte davantage de son point de vue.
Analyse de la décision
- C02A Choix et importance de la couverture
- C11C Déformation des faits
- C13A Partialité
- C15G Rumeurs/ouï-dire