Plaignant
M. Rémi Bujold
(député fédéral, comté Bonaventure-Iles-de-la-Madeleine)
Mis en cause
Le Radar
[Cap-aux-meules] et M. Achille Hubert (rédacteur en chef)
Résumé de la plainte
Au cours de la
campagne électorale provinciale de 1981, Le Radar refuse de publier,
contrairement à son habitude, les textes du député fédéral dans la rubrique «Le
coin du député», qu’il partage avec la députée provinciale des
Iles-de-la-Madeleine. De plus, l’espace accordé à cette dernière excède de loin
celui qui lui est habituellement réservé, de sorte que les Madelinots sont
moins bien informés des activités du gouvernement canadien que de celles du
gouvernement québécois.
Griefs du plaignant
Le Conseil de
presse a terminé l’étude de la plainte de monsieur Rémi Bujold, député libéral
fédéral du comté de Bonaventure-Iles-de-la-Madeleine, contre Le Radar.
Monsieur Bujold
vous reprochait de ne pas avoir publié comme d’habitude, durant la dernière
campagne électorale provinciale, ses textes dans la rubrique «Le coin du
député» qu’il partage avec madame Denise Leblanc, députée des
Iles-de-la-Madeleine à l’Assemblée nationale du Québec. De plus, selon lui,
l’espace que vous accordez généralement à madame Leblanc excède de loin celui
que vous lui réservez habituellement, de sorte que les Madelinots sont moins
tenus informés des activités du gouvernement fédéral que des activités du
gouvernement du Québec. Or, dans la mesure où les sources d’information
manquent de diversité aux Iles-de-la-Madeleine, un traitement équitable de
l’information des deux ordres de gouvernement est essentiel.
Commentaires du mis en cause
Jamais n’aviez-vous
refusé un seul texte de monsieur Bujold, et si l’un d’eux avait pu échapper à
la publication, c’était possiblement parce qu’on l’avait égaré. Vous souteniez,
de plus, prendre un soin jaloux de publier l’information livrée tant par le
député fédéral que par la députée provinciale; cette information étant non
seulement intéressante pour les lecteurs, mais permettant même à votre journal
d’augmenter son tirage. Vous ne pouviez donc pas vous permettre de vous «priver
d’un atout aussi positif». En outre, aucune limite d’espace n’était imposée aux
textes de l’un ou l’autre député. S’il arrivait toutefois que Le Radar parût
accorder plus d’importance aux textes de madame Leblanc, c’est que cette
dernière était plus volubile et plus régulière à informer ses électeurs.
Enfin, nulle
entente autre qu’informelle ne liait votre journal aux députés des Iles de
sorte que vous vous sentiez parfaitement libre «de faire sauter l’une ou
l’autre de ces chroniques, voire même les deux à la fois… si les
« plaintes » se poursuivaient».
Analyse
Le Conseil est d’avis que les griefs du député libéral fédéral de Bonaventure-Iles-de-la-Madeleine reposent davantage sur un malentendu qu’ils ne relèvent d’un parti pris du journal Le Radar et de son rédacteur en chef.
Le Conseil trouve fort regrettable votre menace de mettre un terme à la publication de l’une ou l’autre de ces chroniques, ou des deux à la fois «si les plaintes se poursuivaient». Le Conseil n’entend ni substituer son propre jugement au vôtre ni déterminer à votre place le contenu rédactionnel de votre journal; libre à vous de publier ou non les messages des députés. Il importe cependant que votre décision s’inspire uniquement de l’intérêt public et des obligations que vous imposent votre fonction et votre responsabilité d’informer et non d’un désir d’imposer une sanction ou des représailles contre des personnes qui ne font qu’exercer un droit légitime en se plaignant de votre journal.
Analyse de la décision
- C08A Choix des textes
- C08E Boycottage/représailles