Plaignant
Le Comité des
citoyens de Saint-Thomas de Joliette
Représentant du plaignant
Mme Diane Fafard
(secrétaire, Comité des citoyens de Saint-Thomas de Joliette)
Mis en cause
Le Joliette
Journal, M. Jean-Pierre Malo (éditorialiste) et M. Louis Pelletier
(journaliste)
Résumé de la plainte
Le reportage du
Joliette Journal du 25 mars 1981 annoncé à la «une» sous le titre «Une enquête
du journal blanchit tout le Conseil» et l’éditorial «Un peu de dignité S.V.P.»
du 1er avril 1981 tendent à discréditer le Comité des citoyens de St-Thomas en
prêtant, à sa demande d’enquête publique sur l’acquisition d’un futur site d’enfouissement
sanitaire, des motifs partisans destinés à nuire au candidat libéral du comté
de Joliette. Le rôle d’enquêteur du Joliette Journal dans ce cas outrepasse sa
compétence, le ministre de l’Environnement étant mieux habilité à faire la
lumière sur cette affaire.
Griefs du plaignant
Le Conseil de
presse du Québec a terminé l’étude de la plainte du Comité des citoyens
Saint-Thomas de Joliette contre le reportage de monsieur Louis Pelletier publié
dans le Joliette Journal du 25 mars dernier, annoncé à la une: «Une enquête du
journal blanchit tout le conseil», concernant de soi-disant irrégularités
entourant l’acquisition du futur site d’enfouissement sanitaire de
Saint-Thomas.
Le Comité des citoyens
s’en prenait également à l’éditorial du directeur général et éditorialiste,
monsieur Jean-Pierre Malo, «Un peu de dignité S.V.P.», paru dans l’édition du
1er avril du même journal.
Le Comité
reprochait à monsieur Pelletier de même qu’à monsieur Malo d’avoir, par leurs
écrits, tenté de le discréditer en prêtant à sa demande d’enquête publique sur
l’acquisition du site en question, des motifs partisans destinés à nuire au
candidat libéral du comté de Joliette. Même si la demande d’enquête en question
auprès du ministre de l’Environnement du Québec avait été faite dans le cours
de la campagne électorale, elle n’était le résultat d’aucun complot partisan
comme l’affirmait le Joliette Journal. Le Comité des citoyens, organisme
apolitique, précisiez-vous, n’avait visé, en la faisant, qu’à défendre les
intérêts légitimes des citoyens de Saint-Thomas sans d’ailleurs porter
accusation contre qui que ce soit.
Le Comité enfin
dénonçait le rôle d’enquêteur que s’était donné le Joliette Journal dans cette
affaire. Ce rôle, selon le Comité, outrepassait nettement la compétence de ce
journal; le ministre de l’Environnement étant le mieux habilité, en
l’occurrence, à faire toute la lumière sur cette affaire.
Commentaires du mis en cause
Le signataire
des articles en question, monsieur Louis Pelletier, expliquait, pour sa part,
au Conseil qu’il n’avait fait que son devoir de journaliste en tentant de
faire, à quelques semaines des élections provinciales, la lumière sur un
dossier politique impliquant plusieurs maires du comté ainsi que le candidat
libéral. Sans vouloir présumer du résultat de l’enquête gouvernementale, qui ne
devait débuter qu’après les élections, ni chercher à protéger le candidat
libéral, Le Joliette Journal se devait, selon monsieur Pelletier, et cela conformément
à son rôle d’informateur public, d’enquêter sur cette affaire afin d’en mieux
informer ses lecteurs à l’approche du scrutin. Enfin, loin d’avoir voulu
ridiculiser le Comité des citoyens, monsieur Pelletier soutenait qu’il ne s’en
était tenu qu’à rapporter les faits.
Quant à monsieur
Jean-Pierre Malo, il soutenait pour sa part que son éditorial n’avait
aucunement comme but de discréditer le Comité des citoyens non plus que de lui
prêter de fausses intentions. Il s’en était tenu, dans cet écrit, à faire état
de l’utilisation électorale qu’avait faite le candidat du Parti québécois de la
demande du Comité en exprimant son point de vue à cet égard, conformément à son
rôle d’éditorialiste.
Monsieur Malo
informait enfin le Conseil que Le Joliette Journal avait publié en page
éditoriale de son édition du 8 avril 1981, la lettre ouverte du président du
Comité des citoyens Saint-Thomas qui contestait l’éditorial en question.
Analyse
Le Conseil est d’avis que les articles de monsieur Pelletier sont conformes aux normes de l’éthique journalistique de même qu’aux exigences du droit du public à l’information.
Le Conseil estime aussi que loin de s’être attribué un rôle d’enquêteur qui ne lui appartient pas, Le Joliette Journal a rempli, conformément à la responsabilité d’informateur public, son devoir de renseigner la population sur une question d’intérêt public.
Enfin, le Conseil ne retient pas de blâme contre monsieur Jean-Pierre Malo pour son éditorial du 1er avril 1981. Il ne relève pas de la compétence du Conseil de se prononcer sur la valeur ou la teneur des jugements portés en éditorial. Ceux-ci, bien qu’ils soient soumis aux mêmes exigences qu’impose à tous les professionnels de l’information la responsabilité d’informateur public, relèvent de la prérogative exclusive de l’éditeur ou de celui qui, de par sa fonction au sein d’un organe d’information, est chargé de livrer à la population des prises de position ou des commentaires de nature éditoriale sur une question d’intérêt public. Or, dans le présent cas, le Conseil est d’avis que monsieur Malo s’est acquitté de sa fonction conformément à ces exigences et qu’il n’a pas outrepassé les limites de sa latitude rédactionnelle.
Concernant cet éditorial, enfin, le Conseil a pris bonne note que le Joliette Journal a publié intégralement, en page éditoriale, le 8 avril, les commentaires du président du Comité des citoyens donnant ainsi à ce dernier l’occasion de critiquer le point de vue de monsieur Malo et de faire les mises au point qu’il jugeait nécessaires.
Analyse de la décision
- C01B Objection à la prise de position
- C09A Refus d’un droit de réponse
- C11C Déformation des faits