Saint-Jérôme

M. Bernard
Parent (maire, Saint-Jérôme)

L’Actualité
[Montréal] et M. Jean Blouin (journaliste)

M. Jean Paré
(directeur, L’Actualité [Montréal])

L’article
«Etes-vous sur la black list?», signé par le journaliste Jean Blouin dans
l’édition de juin 1981 de L’Actualité, est superficiel et non fondé, en plus de
constituer une véritable charge subjective contre certaines localités
industrielles du Québec. Le portrait qui est fait de la ville de Saint-Jérôme,
notamment, cause un tort énorme à cette dernière au moment même où elle est à négocier
des projets d’investissements industriels importants.

Le Conseil de
presse a terminé l’étude de votre plainte contre l’article de monsieur Jean
Blouin, journaliste, paru dans l’édition de juin 1981 de L’Actualité et intitulé:
«Ætes-vous sur la black list».

Cet article
«superficiel et non fondé» constituait, selon vous, une véritable «charge
subjective contre certaines localités industrielles du québec, dont celle de
Saint-Jérôme». Le portrait de la ville et de sa région «en deux ou trois
phrases», dressé «à partir d’énoncés absolument gratuits de certains
individus», sans que le journaliste ait pris la peine d’en contrôler le
bien-fondé auprès de vous, leur causait un «tort énorme» au moment même où
elles en étaient à négocier des investissements industriels importants. Aussi,
en portant cette plainte, demandiez-vous au Conseil de vous appuyez auprès de
la revue Actualité afin que celle-ci vous permettre d’exercer votre droit de
réponse.

Selon son directeur,
monsieur Jean Paré, L’Actualité n’avait fait qu’assumer sa responsabilité
d’informateur public en attirant l’attention de la population sur l’existence
de certaines pratiques secrètes et injustes de la part des investisseurs
industriels à l’égard de certaines villes. Sans porter quelque jugement sur le
climat économique et la gestion des villes citées par les divers spécialistes
consultés, l’Actualité s’en était tenue à faire état de la perception qu’en ont
les milieux d’affaires et de l’image qu’ils s’en font. L’Actualité n’avait fait
que dénoncer ses pratiques en signalant que certaines villes étaient victimes
«sans le savoir» de l’image négative qu’elles projettent auprès des
investisseurs. L’Actualité aurait-elle consulté, en plus des nombreuses sources
dont elle citait les témoignages, les élus municipaux, que rien n’aurait changé
à ce que l’on raconte et à ce que l’on fait dans le monde des affaires.

Enfin, monsieur
Paré indiquait au conseil que l’Actualité ferait état, dans sa rubrique des lecteurs,
conformément à votre demande, de l’opinion du conseil municipal de
Saint-Jérôme; ce qu’elle fît dans son édition de septembre.

En rejetant le
bien-fondé de votre plainte, l’auteur de l’article, monsieur Jean Blouin,
indiquait au conseil qu’il ne s’était fait que l’écho fidèle et objectif des
opinions d’une trentaine de spécialistes «provenant de tous les azimuts
économiques» qu’il avait consultés et dont il rapportait le témoignage d’au
moins dix-huit d’entre eux. Ä la presque unanimité, ces spécialistes, selon
monsieur Blouin, s’entendaient pour dire que la stagnation économique des
villes de Joliette, Sorel, Shawinigan de même que la région de
Saint-Jérôme-Mirabel, s’expliquait par l’image négative qu’elles projetaient et
dont l’influence était d’importance au moins égale à celle de facteurs dits
objectifs comme la situation géographique, l’infrastructure, etc., dont faisait
aussi mention son article.

Le Conseil ne retient pas de blâme contre monsieur Jean Blouin ni contre l’Actualité étant d’avis que le journaliste et l’organe d’information se sont acquittés de leur fonction conformément à leur responsabilité d’informateurs publics.

Le Conseil estime en effet que le reportage en question est conforme aux règles du journalisme enquêteur et à la vigilance que la presse doit constamment exercer sur les questions d’intérêt public.

• C15A Manque de rigueur