Plaignant
La Fédération
des caisses d’entraide économique du Québec
Représentant du plaignant
M. Michel Décary
(avocat, Guy, Mercier, Bertrand, Bourgeois 1/4 Laurent)
Mis en cause
Finance
[Montréal] et M. Jacques Forget (éditeur)
Résumé de la plainte
Dans son édition
du 23 novembre 1981, Finance publie des articles erronés et partiaux traitant
du plan de relance des caisses d’entraide économique. Son éditeur, M. Jacques
Forget, n’a jamais sollicité le point de vue de la plaignante ou vérifié ses
informations auprès d’elle. Son parti pris est d’autant plus évident qu’il a
déjà dénoncé ce plan de relance en éditorial et dans un livre intitulé «Le
scandale des caisses d’entraide». Finalement, le journal porte atteinte à la
réputation et à la crédibilité du président de la Fédération des caisses
d’entraide économique du Québec, M. Justin Dugal, en publiant en première page une
photo où il apparaît comme un accusé à la barre des témoins.
Griefs du plaignant
Le Conseil de
presse a terminé l’étude de la plainte de la Fédération des caisses d’entraide
économique du Québec qui vous reprochait d’avoir trompé le public, dans une
série d’articles portant sur son plan de relance, parue dans l’édition du 23
novembre 1981 du journal Finance.
Il était faux,
selon la Fédération, d’affirmer que le gouvernement du Québec rejetait ce plan,
que le ministre des Finances ne l’appuyait «que du bout des lèvres», et que
différents sondages prouvaient que ce plan n’était pas populaire auprès des
épargnants. Il était également faux de rapporter que le ministre des Finances
était isolé et le conseil des ministres divisé, que le premier ministre du
Québec ne croyait pas au «plan Dugal», que le Mouvement Desjardins avait fait
une offre finale aux caisses d’entraide et que le ministre d’État au
développement économique souhaitait une fusion entre ces deux institutions.
La Fédération
vous reprochait aussi vos opinions personnelles et les jugements de valeur
alarmistes contenus dans vos articles d’information qui, selon elle, doivent
rencontrer des critères d’objectivité et d’impartialité. Jamais non plus n’aviez-vous
sollicité son point de vue ou vérifié vos informations auprès d’elle. En outre,
votre parti pris était d’autant plus évident qu’à plusieurs reprises vous aviez
dénoncé son plan de relance en éditorial et dans votre livre intitulé: «Le
scandale des caisses d’entraide».
Enfin, la
Fédération estimait que le journal Finance avait porté atteinte à la réputation
et à la crédibilité de son président, monsieur Justin Dugal, en publiant à la
une de l’édition en question, une photo où il apparaît, par son attitude et son
maintien, comme un accusé à la barre des témoins.
Commentaires du mis en cause
C’est sans votre
version des faits, malgré trois demandes à cette fin, que le Conseil en est
arrivé aux conclusions suivantes.
Analyse
Le Conseil est d’avis que vous avez induit le public en erreur sur certains aspects du plan de relance des caisses d’entraide économique du Québec. Il était faux, en effet, d’affirmer que le gouvernement du Québec rejetait ce plan; qu’il ne semblait pas avoir l’appui du ministre des Finances; et que le Mouvement Desjardins avait fait une offre finale aux caisses d’entraide. Partant, vos analyses et commentaires s’échafaudaient sur des bases douteuses.
Le Conseil estime également que vous auriez mieux renseigné vos lecteurs si vous aviez tenu compte du point de vue de la Fédération des caisses d’entraide économique du Québec.
Par ailleurs, le Conseil ne peut blâmer votre journal pour avoir publié, à la une de l’édition du 23 novembre 1981, la photo de monsieur Justin Dugal pour la raison qu’elle portait atteinte à sa réputation et à sa crédibilité, un tel jugement étant matière d’interprétation et d’opinion.
Enfin, le Conseil regrette que vous n’ayez pas daigné répondre à ses demandes d’explications, contrairement à la plupart des médias et des professionnels de l’information qui le font généralement et cela, malgré de multiples rappels en ce sens. Une telle attitude de votre part ne peut que laisser perplexe le Conseil sur le véritable souci des professionnels de l’information qui, à votre exemple, refusent de motiver les raisons qui les incitent à informer le public comme ils le font.
Analyse de la décision
- C11B Information inexacte
- C12C Absence d’une version des faits
- C17G Atteinte à l’image
- C24A Manque de collaboration