Plaignant
Le Comité
d’action municipale de Sainte-Flore
Représentant du plaignant
M. Roger Greiss (secrétaire,
Comité d’action municipale de Sainte-Flore)
Mis en cause
Le Pont
[Grand-Mère], M. Gaston Langlois (journaliste) et M. Claude Rompré (président
et éditeur)
Résumé de la plainte
Le Pont refuse
de publier une lettre ouverte du plaignant, se contentant d’en tirer un texte
incomplet et erroné signé par le journaliste Gaston Langlois. Par la suite,
contrairement à une entente entre le plaignant et M. Claude Rompré, président
et éditeur du Pont, ce dernier publie une lettre personnelle dans laquelle le
plaignant critique le travail du journaliste Langlois, en la coiffant d’un
titre ironique et en retranchant deux paragraphes pour se donner avantage dans
sa réponse. Ces textes portent les titres «Le Comité d’action municipale de
Sainte-Flore relève les propos du maire» (Gaston Langlois, 8 juillet 1981) et
«M. Greiss mécontent» (Richard Greiss, 15 juillet). Enfin, le journal refuse de
publier, contrairement à son habitude, le communiqué du plaignant sur les
résultats du championnat d’échecs de la Mauricie.
Griefs du plaignant
Le Conseil de
presse a terminé l’étude de la plainte que vous portiez contre le journal Le
Pont, au nom du Comité d’action municipale de la paroisse Sainte-Flore de
Grand-Mère.
Le Comité reprochait
au Pont de l’avoir empêché d’exercer son droit de réplique en ne publiant pas
la lettre ouverte qu’il lui faisait tenir le 14 juin 1981. Dans cette lettre,
le Comité contestait certaines déclarations du maire de Grand-Mère concernant
les soi-disant avantages qu’avait pu retirer Sainte-Flore de sa fusion avec la
ville de Grand-Mère, notamment en ce qui a trait aux services dispensés à ses
résidents. Plutôt que de reproduire cette lettre, Le Pont s’était contenté d’en
tirer le texte qu’il faisait paraître le 8 juillet, sous la signature de
monsieur Gaston Langlois, journaliste, texte que le Comité qualifait
d’incomplet et erroné.
Justement pour
rétablir cette situation, le Comité demandait à monsieur Claude Rompré,
président et éditeur du journal, de publier à nouveau sa lettre. Selon vous,
monsieur Rompré aurait accepté de le faire à la condition toutefois que vous
lui permettiez de publier en même temps une autre lettre plus personnelle dans
laquelle vous critiquiez le travail de monsieur Langlois. Contrairement à cette
entente, monsieur Rompré n’a publié que cette dernière, la coiffant encore d’un
titre ironique et en retranchant deux paragraphes pour se donner avantage dans
sa réplique.
Vous vous
étonniez enfin qu’à la suite de cet incident, Le Pont n’ait pas publié, comme
il le faisait d’habitude, le communiqué sur les résultats du championnat
d’échecs de la Mauricie dont vous êtes le président.
Commentaires du mis en cause
Monsieur Rompré
estimait, pour sa part, que son journal avait traité le dossier en question
d’une façon adéquate, allant même jusqu’à publier, dans son édition du 10 juin
1981, un éditorial favorable au Comité d’action municipale de Sainte-Flore. Si
Le Pont n’avait pas jugé utile d’une part de publier in extenso la lettre
ouverte de quatre pages du Comité, c’était parce que son journaliste, monsieur
Gaston Langlois, en avait déjà rapporté la substance dans son édition du 8
juillet. Si, d’autre part, Le Pont avait plutôt publié votre lettre
«personnelle», c’est qu’on a cru que vous lui aviez remises pour publication et
aussi parce que, selon le président et éditeur du journal, elle constituait un
rectificatif valable à l’article du 8 juillet 1981. Enfin, les deux derniers
paragraphes de cette lettre avaient été retranchés parce qu’ils n’étaient pas
pertinents et la note de l’éditeur n’avait servi qu’à replacer votre lettre
dans son contexte et à expliquer la position du journal.
Le président et
éditeur du journal affirmait enfin au Conseil que c’était faute d’espace qu’on
n’avait publié cette fois votre communiqué sur les championnats d’échecs de la
Mauricie et non pas par quelque volonté de représailles.
Analyse
Nul ne peut d’une part prétendre avoir un accès de plein droit à la rubrique réservée au courrier des lecteurs. Les décisions à cet égard relèvent de l’autorité rédactionnelle dont c’est la prérogative d’établir la politique du journal en cette matière.
Malgré une telle latitude toutefois, les médias ont le devoir de favoriser l’expression d’un aussi grand nombre que possible de points de vue et de faire en sorte que l’accès du public soit réel et effectif.
Or, dans le présent cas, le Conseil est d’avis que le journal Le Pont a informé ses lecteurs conformément aux exigences du droit du public à l’information.
Le Conseil ne saurait non plus conclure, autrement qu’en faisant un procès d’intention au journal Le Pont que ce dernier n’a pas publié votre communiqué sur les championnats d’échecs de la Mauricie par mesure de représailles. Si tel était le cas, ce serait bien sûr contraire à la responsabilité d’un journal d’informer la population sur des question d’intérêt public, encore qu’un organe d’information ne soit pas tenu de diffuser tous les communiqués qu’il reçoit.
Analyse de la décision
- C08A Choix des textes
- C08E Boycottage/représailles