Plaignant
Le Comité de
citoyens et d’action municipale de Saint-Césaire
Représentant du plaignant
M. Martial Viens
(président, Comité de citoyens et d’action municipale de Saint-Césaire)
Mis en cause
La Presse
[Montréal] et M. Michel Girard (journaliste)
Représentant du mis en cause
M. Jean Sisto
(éditeur adjoint, La Presse [Montréal])
Résumé de la plainte
Le journaliste
Michel Girard abuse de la confiance du plaignant en décidant, quatre mois après
en avoir été saisi, que le dossier sur le comportement de certains élus
municipaux, qui lui a été confié en exclusivité, ne l’intéresse plus. Une telle
décision laisse songeur, car le journaliste aurait dû avoir la franchise de se
désister bien avant.
Griefs du plaignant
Le Conseil de
presse a terminé l’étude de la plainte que portait contre vous le Comité de
citoyens et d’action municipale de Saint-Césaire. Ce dernier vous reprochait d’avoir
abusé de sa confiance de par l’intérêt que vous aviez manifesté pour un dossier
qu’il vous avait confié et dont vous l’informiez après 4 mois qu’il ne vous
intéressait plus, faute d’éléments nouveaux. Dans ce dossier, le Comité
dénonçait certaines tractations d’élus municipaux concernant la création du
Club de golf de Saint-Césaire.
Or, il était
totalement faux, selon le Comité, d’affirmer, comme vous l’aviez fait, que le
dossier en question ne révélait rien de nouveau par rapport à ce qui avait déjà
et publié sur le sujet. Aussi, s’interrogeait-il sur les véritables motifs de
votre changement soudain d’attitude. Au lieu de lui laisser croire durant un
délai exagérément long que le dossier vous intéressait au point de lui en
demander l’exclusivité, vous auriez dû plutôt avoir la franchise, dès le
départ, de l’éconduire poliment, ce qui lui aurait fait gagner un temps
précieux.
Commentaires du mis en cause
Effectivement,
il vous avait semblé au point de départ, comme vous le laissiez savoir au
Conseil, que le dossier en question était intéressant et demandait une étude
plus approfondie. En aucun temps, cependant, n’aviez-vous exigé quelque
exclusivité. Vous auriez plutôt demandé au Comité de vous laisser le temps
nécessaire pour bien étudier l’affaire. Or, en fouillant la documentation
volumineuse qu’il vous avait remise, vous vous étiez rendu compte qu’il n’y
avait absolument rien de neuf dans ce dossier dont avaient fait état de
nombreux articles au cours des dernières années, notamment le reportage de La
Presse du 18 juin 1981 qui faisait très bien le tour de la question. Rien
d’étonnant donc à ce que ce quotidien ne soit plus intéressé à faire état de
faits déjà connus.
Rejetant le
bien-fondé de cette plainte, l’éditeur adjoint de La Presse, monsieur Jean Sisto,
informait le Conseil qu’il endossait totalement votre point de vue.
Analyse
L’attention que décide de porter un journaliste ou un organe d’information à un sujet particulier relève de son jugement rédactionnel. Le choix de ce sujet, de même que la façon de le traiter lui appartiennent en propre. Le Conseil ne saurait intervenir dans de telles décisions sans risquer de devenir un organisme de direction et d’orientation de l’information, sauf pour revoir, si besoin, les critères qui président à ces choix et qui ne seraient pas conformes au rôle des professionnels et des organes d’information de renseigner adéquatement la population sur les questions d’intérêt public.
Or, dans le présent cas, le Conseil ne saurait conclure, autrement qu’en vous faisant un procès d’intention que des motifs autres que ceux que vous invoquez vous auraient incité à ne rien écrire sur l’affaire du golf de Saint-Césaire. En ce qui a trait au délai de 4 mois, enfin, le Conseil doit réserver son jugement puisqu’il est ici en présence de versions contradictoires.
Analyse de la décision
- C02A Choix et importance de la couverture