Plaignant
Mme Andrée Beaulieu-Green
(membre du Conseil d’administration, Musée des Beaux-Art de Montréal)
Mis en cause
La Presse
[Montréal] et M. Gilles Toupin (journaliste), The Gazette [Montréal] et Mme
Brenda Zosky-Proulx (journaliste)
Représentant du mis en cause
M. Jean Sisto
(éditeur adjoint, La Presse [Montréal]) et M. Mark Harrison (rédacteur en chef,
The Gazette [Montréal])
Résumé de la plainte
Les journalistes
Gilles Toupin de La Presse et Brenda Zosky de The Gazette informent mal le
public sur les réels problèmes du Musée des Beaux-Arts de Montréal, dans des
articles respectivement publiés le 30 janvier sous le titre «Au Musée des
Beaux-Arts : La Bataille du pouvoir» et le 20 février sous le titre «Battle
lines drawn at fine art museum». les journalistes ne font valoir que le point
de vue du conseil d’administration du Musée en discréditant les opposants par
des informations erronées et diffamatoires. Les modifications apportées par La
Presse à la lettre de mise au point de la plaignante, publiée en tribune libre
le 8 février 1982, et la réponse du journaliste Gilles Toupin ne font
qu’accentuer la déformation des faits. The Gazette, pour sa part, refuse à la
plaignante son droit de réplique.
Griefs du plaignant
Le Conseil de
presse a terminé l’étude de votre plainte contre monsieur Gilles Toupin
concernant son article intitulé: «Au Musée des Beaux-Arts – La Bataille du
pouvoir», publié dans La Presse du 30 janvier 1982, et contre madame Brenda
Zosky-Proulx concernant son article «Battle lines drawn at fine art museum»,
paru dans l’édition du 20 février 1982 de The Gazette.
D’une façon
générale, vous reprochiez à ces journaux de n’avoir pas informé leurs lecteurs
sur les réels problèmes du Musée des Beaux-Arts de Montréal, les deux
journalistes n’ayant, selon vous, fait valoir que le point de vue du conseil d’administration
du Musée en discréditant les opposants à son fonctionnement actuel, soit
vous-même, madame Marcelle Ferron et monsieur Gérard Barbin, par des
informations «erronées, injurieuses et diffamatoires».
Vous estimiez
également que les modifications apportées par La Presse à votre lettre de mise
au point publiée en tribune libre de l’édition du 8 février 1982, et la
réplique de monsieur Toupin ne faisait qu’accentuer la déformation des faits.
Enfin, vous
reprochiez à The Gazette de vous avoir refusé votre droit de réplique à
l’article de madame Brenda Zosky-Proulx.
Commentaires du mis en cause
Pour sa part,
monsieur Gilles Toupin ne voyait pas en quoi son article était «erroné,
injurieux et diffamatoire». Comme critique d’art, il n’avait fait que prendre
position dans cette affaire en pleine connaissance de votre point de vue qu’il
ne partageait pas. Il estimait aussi avoir amplement exposé les divers courants
de pensée qui s’affrontent concernant le fonctionnement du Musée des Beaux-Arts
de Montréal. Monsieur Jean Sisto, éditeur adjoint à La Presse, endossait
totalement cette réponse.
Quant à madame
Brenda Zosky-Proulx, elle soutenait que son article informait très bien le
public sur les vrais problèmes du Musée des Beaux-Arts de Montréal puisqu’il en
identifiait seize, dont six soulignés par vous et madame Marcelle Ferron lors
de votre entrevue avec elle. Elle estimait aussi avoir équitablement rapporté
les points de vue de toutes les parties au débat en question. Le rédacteur en
chef de The Gazette, monsieur Mark Harrison, était d’avis pour sa part que
l’article de madame Zosky-Proulx était impartial et qu’il faisait amplement
état de votre point de vue, lequel a et rapporté avec exactitude.
Analyse
Le genre de journalistique que constitue la critique, tout comme la chronique et l’éditorial, tient davantage du commentaire que de l’information stricte et partant, laisse à son auteur une grande discrétion dans l’expression de ses prises de position et de se points de vue. L’on ne saurait non plus exiger des critiques qu’ils épousent intégralement le sens que veulent donner à leurs actions des individus ou des groupes sans compromettre la liberté d’expression, la liberté d’opinion et le droit du public à l’information. Toutefois, les critiques, tout comme les chroniqueurs et les éditorialistes, se doivent, dans l’expression de leurs points de vue, de respecter les exigences de rigueur et d’exactitude que leur impartit leur responsabilité d’informateurs public.
Dans le présent cas, le Conseil est d’avis que monsieur Toupin s’est acquitté de son rôle conformément aux exigences de l’éthique journalistique. Il va de soi que les commentaires que l’on retrouve dans son article sont largement matière d’opinion. Il vous appartient, en tant qu’intéressée, de confronter ces points de vue si vous les jugez injustes et non fondés; ce que vous avez d’ailleurs fait dans votre lettre ouverte que La Presse publiait le 8 février 1982. A ce sujet, le Conseil est d’avis également que les modifications apportées à votre lettre ouverte par La Presse, et la réplique de monsieur Toupin à celle-ci, n’ont pas entraîné une déformation des faits.
Le Conseil ne retient pas de blâme non plus contre madame Brenda Zosky-Proulx et The Gazette dans cette affaire. Le Conseil est d’avis en effet que, par sa façon de traiter ce sujet, la journaliste s’est acquittée de sa fonction d’informatrice publique, conformément aux règles de la pratique journalistique et aux exigences du droit du public à l’information.
Enfin, il ne relève pas de la compétence du Conseil de se prononcer sur le caractère «diffamatoire» des articles de monsieur Toupin et de madame Zosky-Proulx, un tel jugement relevant de l’appréciation des tribunaux.
Analyse de la décision
- C01A Expression d’opinion
- C09C Modification du texte
- C17A Diffamation