Plaignant
M. André Motard
Mis en cause
La Presse
[Montréal]
Représentant du mis en cause
M. Jean Sisto
(éditeur adjoint, La Presse [Montréal])
Résumé de la plainte
La Presse refuse
de publier la lettre du plaignant dénonçant l’iniquité de ce journal dans
l’affaire du vol de l’ex-ministre Claude Charron. En effet, La Presse a publié
onze lettres de lecteurs favorables à M. Charron et hostiles à la maison Eaton,
et seulement quatre lettres défavorables.
Griefs du plaignant
Le Conseil de
presse a terminé l’étude de votre plainte contre La Presse à qui vous
reprochiez de n’avoir pas publié dans sa rubrique des lecteurs, votre lettre
dans laquelle vous exprimiez votre inquiétude face aux nombreux témoignages de
sympathie à l’endroit de monsieur Claude Charron et à l’hostilité envers la
maison Eaton exprimés par le public.
Selon vous, La
Presse avait fait preuve d’iniquité en publiant onze lettres des ses lecteurs favorables
à monsieur Charron et seulement quatre de ceux qui se disaient inquiets d’un
tel état de chose. Taire votre lettre était d’autant plus injustifié, selon
vous, que dans son édition du 5 mars 1982, La Presse précisait qu’elle avait
publié un plus grand nombre de lettres sympathiques à l’ex-ministre parce
qu’elle en avait reçu moins qui réprouvaient son action. La Presse aurait dû,
selon vous, dans un effort pour réduire l’écart entre les deux courants
d’opinions, publier votre lettre.
Commentaires du mis en cause
Selon l’éditeur
adjoint de La Presse, monsieur Jean Sisto, le journal n’est pas tenu de publier
toutes les lettres qu’il reçoit, et dans le présent cas, le quotidien n’avait
fait que refléter l’opinion qui se dégageait du courrier reçu.
Analyse
Le Conseil est d’avis que nul ne peut prétendre avoir accès de plein droit à la rubrique d’un journal réservée au courrier des lecteurs. Les décisions à cet égard relèvent en effet de l’autorité rédactionnelle de l’éditeur dont c’est la prérogative d’établir la politique du journal en cette matière.
Dans le présent cas, la façon de faire de La Presse est apparue équitable envers les tenants des deux courants d’opinions exprimés si l’on admet qu’elle a reçu, proportionnellement, plus de lettres sympathiques à monsieur Charron que de lettres dénonçant son comportement.
Rien ne permet non plus au Conseil de conclure d’emblée, comme vous le faites, que d’une façon générale la presse francophone du Québec manque d’équité, fait preuve de partialité ou encore qu’elle cache certaines informations d’intérêt public pour protéger certains individus ou certains groupes.
Analyse de la décision
- C08A Choix des textes