Plaignant
Le Conseil
central de Sept-Iles [CSN] et Le Regroupement des femmes de Sept-Iles [CEQ]
Représentant du plaignant
M. René Courteau
(président, Conseil central de Sept-Iles [CSN]) et Mme Marie Dumont
(présidente, Regroupement des femmes de Sept-Iles [CEQ])
Mis en cause
CKCN-AM
[Télémédia, Sept-Iles] et M. Réal-Jean Couture (animateur)
Résumé de la plainte
Le 4 mars 1982,
dans le cadre de l’émission «Horizon 56» diffusée sur les ondes de la station
radiophonique CKCN, l’animateur Réal-Jean Couture porte atteinte à la liberté
d’expression et au droit à l’information par son attitude agressive et partiale
à l’endroit des représentantes du Regroupement des femmes de Sept-Iles.
Considérant l’importance qu’il a accordée à la journée internationale des
femmes quatre jours avant l’événement, l’animateur aurait dû couvrir son
déroulement et réinviter le Regroupement des femmes pour en faire le bilan.
Griefs du plaignant
Le Conseil de
presse a terminé l’étude de la plainte que vous portiez conjointement avec
monsieur René Courteau, président du Conseil central de Sept-Iles (CSN), contre
monsieur Réal-Jean Couture, animateur de l’émission d’affaires publiques
«Horizon 56», diffusée sur les ondes de CKCN de Sept-Iles le 4 mars 1982. Cette
émission portait sur les activités organisées par deux regroupements de femmes
de Sept-Iles à l’occasion de la journée internationale des femmes.
Vous reprochiez à
monsieur Couture d’avoir porté atteinte à la liberté d’expression et au droit
du public à l’information honnête et complète par son attitude agressive et
partiale à l’endroit des représentantes du Regroupement des femmes de
Sept-Iles, alors qu’il avait été beaucoup plus complaisant et amical avec les
représentantes d’un autre regroupement de femmes, parrainé par le club social
«Les Mooses», qu’il interviewait au cours de la même émission.
Vous attribuiez
l’attitude de monsieur Couture au préjugé défavorable qui l’anime envers
l’idéologie féministe mise de l’avant par le Regroupement des femmes de
Sept-Iles. Ainsi, les porte-parole de ce dernier avaient-elles eu la difficulté
à livrer à la population le programme de leurs activités, en plus de passer pour
des extrémistes aux yeux du public.
Vu l’importance,
aussi, accordée par monsieur Couture à la journée internationale des femmes
quatre jours avant l’événement, il aurait été normal, selon vous, qu’il en
couvre également le déroulement et qu’il vous réinvite pour en faire le bilan.
Vous informiez
enfin le Conseil de l’existence d’une pétition rédigée par le Regroupement des
femmes de Sept-Iles pour dénoncer le comportement de monsieur Couture. Le
Conseil a aussi reçu une lettre d’appui à votre plainte de la part du service
Action-Femmes du Conseil du statut de la femme du Québec.
Commentaires du mis en cause
En rejetant le
bien-fondé de vos griefs, monsieur Couture exprimait l’avis que les
représentants du Regroupement des femmes de Sept-Iles avaient eu amplement l’occasion
de diffuser leurs messages au cours de l’émission en question. Il les avait
mises sur la sellette parce qu’elles étaient des syndicalistes reconnues qui
dénonçaient, depuis plusieurs années, des faits troublants concernant les
femmes de Sept-Iles, notamment en ce qui concerne la pornographie et la
discrimination dans l’emploi. Ces faits demandaient des explications et il
était tout à fait normal, selon monsieur Couture, de chercher à en informer ses
auditeurs en en faisant une analyse rigoureuse, étayée d’exemples précis.
Quant à
l’attitude différente qu’il avait prise envers l’un et l’autre groupe, celle-ci
se justifiait, selon lui, de par leur approche différente de la journée
internationale des femmes; l’un prônant la dénonciation, la contestation et la
manifestation; l’autre invitant les femmes à une rencontre sociale et
culturelle.
Enfin, monsieur
Couture expliquait au Conseil que si il n’avait pas couvert les activités de la
journée internationale des femmes c’était parce qu’il était le seul journaliste
de la station et qu’il devait couvrir au même moment un tournoi de hockey
important dont les reportage avaient été commandités depuis plusieurs mois. Il
n’avait pas non plus réinvité les porte-parole du Regroupement pour faire le
bilan de leurs activités, sachant qu’elles étaient insatisfaites du déroulement
de l’émission du 4 mars, qu’elles faisaient circuler une pétition contre lui
et, enfin, parce qu’elles n’en avaient pas manifesté le désir.
Analyse
L’animateur d’une émission d’affaires publiques jouit d’un grande latitude rédactionnelle dans la conduite d’une émission et dans l’expression de ses points de vue. Cette latitude lui permet même d’adopter un ton polémiste bien qu’elle ne le soustraie pas à sa responsabilité et à son devoir de bien informer le public.
Or, le Conseil estime que dans le présent cas, monsieur Réal-Jean Couture n’a pas outrepassé les limites de sa discrétion rédactionnelle au cours de l’émission en question et qu’il s’est acquitté de sa tâche conformément aux règles de l’éthique du journalisme et aux pratiques du genre.
S’il est un regret, cependant, que le Conseil veut exprimer, c’est que malgré ses contraintes, CKCN n’ait pas accordé toute l’importance qu’à son avis méritait la journée internationale des femmes. Bien qu’il s’agisse là aussi d’un choix rédactionnel de la part de la station CKCN et du journaliste, le Conseil estime qu’ils auraient eu mérite à mieux informer leurs auditeurs sur le déroulement de cet événement d’intérêt public.
Analyse de la décision
- C02A Choix et importance de la couverture
- C15J Abus de la fonction d’animateur