Plaignant
M. David Payne
(député provincial, comté de Vachon)
Représentant du plaignant
Mme Lise Blais (attachée
de presse bénévole de M. David Payne)
Mis en cause
Le Courrier Mag
Expansion [Longueuil] et M. Jean LeBeau (journaliste)
Représentant du mis en cause
M. Lucien
Beauregard (directeur, Le Courrier du Sud [Longueuil])
Résumé de la plainte
L’article «La
maison André Charpentier à Lemoyne : Un 2e HLM pour retraités est inauguré à
Lemoyne», paru dans l’édition du 15 septembre 1982 du Courrier Mag Expansion,
ne rapporte pas les propos du plaignant, élu sous la bannière du Parti
québécois, tandis qu’il fait largement état de ceux d’autres invités d’allégeance
libérale, lors de l’ouverture de cet établissement. Son auteur, le journaliste
Jean LeBeau, se trouve en situation de conflit d’intérêts puisqu’il travaille
comme agent d’information tant pour le Parti libéral du Québec que pour le
Parti libéral du Canada.
Griefs du plaignant
Le Conseil de
presse a terminé l’étude de la plainte déposée par madame Lise Blais, attachée
de presse bénévole de monsieur David Payne, député du comté de Vachon, représentant
du Parti québécois à l’Assemblée nationale du Québec, contre votre article paru
sous le titre: «La maison André Charpentier à Lemoyne – Un 2e HLM pour
retraités est inauguré à Lemoyne» dans l’édition du 15 septembre 1982 du
Courrier Mag Expansion de Longueuil.
Madame Blais
vous reprochait d’avoir fait preuve de partialité dans votre compte rendu de
l’inauguration en question en taisant les propos qu’y avait tenus monsieur
Payne qui représentait, pour l’occasion, le ministre de l’Habitation du Québec
alors que vous faisiez largement état de ceux du député libéral provincial du
comté de Laporte, monsieur André Bourbeau, ainsi que ceux de l’épouse de
monsieur Pierre Deniger, député libéral fédéral du comté de Laprairie.
Madame Blais
réprouvait également la situation de conflit d’intérêts dans laquelle vous vous
retrouviez du fait de l’exercice de vos fonctions journaliste à la pige au
Courrier Mag Expansion et celles d’agent d’information de divers organismes
politiques oeuvrant dans la région desservie par le journal. Selon elle, il est
de notoriété publique que vous louez vos services, entre autres, à différentes
associations politiques du Parti libéral du Québec et du Canada ainsi qu’aux
députés élus sous ces bannières.
Commentaires du mis en cause
Outre que les
propos de monsieur Payne ne vous sont pas apparus essentiels, contrairement à
ceux du maire, du député provincial du comté de Laporte et de la femme du
député fédéral du comté de Laprairie, ils ne furent pas les seuls que vous ayez
tus. Vous n’aviez pas relevé non plus, faute d’espace, ceux du président de
l’Office municipal d’habitation, du curé de la paroisse, de l’épouse de
l’ancien maire de Lemoyne ou encore de la représentante des résidents du HLM en
question.
Vous réfutiez
enfin les accusations de conflits d’intérêts dirigées contre vous. Celles-ci
sont, selon vous, sans fondement et n’ont pour toute référence qu’une série
d’articles publiés sous votre signature dans quelques hebdos de la région.
D’autre part, si la plaignante pouvait voir «trop de couverture libérale dans
les journaux», ce n’était pas votre faute, disiez-vous, puisque vous ne pouviez
ignorer, dans l’exercice de vos fonctions de journaliste, le fait que le
territoire qui vous était assigné était représenté par trois députés d’allégeance
libérale. Le directeur du Courrier du Sud, monsieur Lucien Beauregard,
estimait, pour sa part, que dans le présent cas il s’agissait d’un conflit
existant «entre deux attachés de presse voulant mousser la publicité de leur
député respectif». Aussi informait-il le Conseil qu’il exerçait une
surveillance étroite sur vos écrits et que madame Blais pouvait, si elle le
désirait, compléter une information qui lui apparaissait déficiente.
Analyse
Même si cela relève de votre discrétion rédactionnelle, le Conseil est d’avis que vous auriez fait montre d’une plus grande équité, et que partant votre article aurait été plus complet, si vous aviez également rapporté l’essence des propos de M. Payne. Si le Conseil ne peut, autrement qu’en vous faisant un procès d’intention, attribuer ce manquement à un parti pris favorable à l’endroit des députés libéraux pour lesquels vous travaillez, à l’occasion, à titre d’agent d’information, il n’en demeure pas moins que la nature de vos liens contractuels peuvent justifier les doutes sur les véritables motifs qui ont guidé votre choix rédactionnel dans le présent cas.
Aussi, afin de dissiper tout doute sur votre probité professionnelle, le Conseil est-il d’avis que, comme journaliste, vous devriez éviter toutes situations qui risquent de vous mettre en conflit d’intérêts et partant, de compromettre votre crédibilité de journaliste de même que l’intégrité de l’information que vous rapportez.
Analyse de la décision
- C12C Absence d’une version des faits
- C13A Partialité
- C22E Travail extérieur incompatible