Plaignant
L’Hôpital du
Sacré-Coeur
Représentant du plaignant
M. Guy St-Onge
(directeur général, Hôpital du Sacré-Coeur)
Mis en cause
CKAC-AM
[Télémédia, Montréal], M. Richard Desmarais (reporter) et M. Michel Viens
(commentateur)
Représentant du mis en cause
M. Pierre Arcand
(directeur de l’information, CKAC-AM [Télémédia, Montréal])
Résumé de la plainte
Dans ses
bulletins d’information du 20 octobre 1982, la station radiophonique CKAC porte
atteinte à la réputation de l’Hôpital du Sacré-Coeur en concluant à tort qu’un
patient, auteur d’un triple homicide, se serait auparavant enfui de sa salle
d’urgence parce que le personnel mettait trop de temps à lui répondre. Les
allégations du reporter Richard Desmarais et du commentateur Michel Viens
rendent l’Hôpital du Sacré-Coeur responsable du crime commis.
Griefs du plaignant
Le Conseil de presse
a terminé l’étude de la plainte que vous portiez au nom de la direction
générale de l’Hôpital du Sacré-Coeur de Montréal contre CKAC-Montréal pour ses
bulletins d’informations diffusés le 20 octobre 1982 entre 6 h 45 et 8 h 15,
concernant le triple homicide présumément commis par monsieur Gilles Rochon
quelques heures après qu’il se fût enfui de l’urgence de l’Hôpital du
Sacré-Coeur où il s’était présenté pour y recevoir des soins psychiatriques.
Vous estimiez
que ni le reporter Richard Desmarais ni le commentateur Michel Viens n’avaient
eu raison de conclure que le patient en question s’était enfui de l’Hôpital
parce qu’on avait mis trop de temps à s’occuper de lui. Ces dires reposaient,
selon vous, sur de pures hypothèses et suppositions et non sur les faits. Il
était faux, en effet, selon vous, de laisser croire aux auditeurs que monsieur
Rochon n’avait pas reçu les soins requis et que les responsables de la salle
d’urgence l’auraient fait attendre indûment, étant donné qu’il avait pris la
fuite durant son entrevue avec le personnel médical. Avant de donner
l’impression que l’Hôpital du Sacré-Coeur était en partie responsable du drame
en question, les journalistes auraient dû, selon vous, vérifier les faits
auprès de l’institution et, dans l’impossiblité de le faire, s’en tenir à
rapporter l’incident sans chercher à l’interpréter. Toutefois vous
reconnaissiez que les journalistes avaient été de bonne foi et que les
reportages subséquents avaient permis de faire toute la lumière sur
l’événement.
Commentaires du mis en cause
Le directeur de
l’information de CKAC, monsieur Pierre Arcand, estimait votre plainte
injustifiée considérant que les journalistes avaient agi dans ce cas d’une
façon responsable et dans le plein respect de l’éthique professionnelle.
D’autre part, la station CKAC avait fait en sorte de refléter tous les points
de vue sur cette affaire à un moment ou l’autre de la journée.
Monsieur Richard
Desmarais informait pour sa part le Conseil que tous les renseignements qu’il
avait donnés sur cette affaire lui avaient été transmis par la police de la
Communauté urbaine de Montréal et qu’il n’avait aucune raison de mettre ses
sources en doute. Il estimait de plus que les termes utilisés dans son
reportage n’avaient rien de préjudiciable. Même si toute l’information
entourant l’événement n’avait pas été révélée dans le reportage incriminé, il
n’en demeurait pas moins que la station CKAC avait rapporté, dans ses bulletins
de nouvelles subséquents, la version de l’Hôpital du Sacré-Coeur. Enfin, selon
lui personne d’autre que monsieur Rochon ne pouvait déterminer si on l’avait
fait attendre trop longtemps. Dans l’état où il se trouvait, toutefois, cette
possiblité était plausible et c’est pourquoi il l’avait soulevée à l’instar de
plusieurs autres personnes.
Monsieur Michel
Viens soutenait, quant à lui, que ses propos s’appuyaient sur les faits
rapportés par monsieur Richard Desmarais qui lui les détenait des autorités
policières. CKAC avait, par ailleurs, tout fait pour avoir la version de
l’Hôpital dès 6 h 00 le matin, mais sans succès. Toutefois, CKAC a diffusé le
jour même, à plusieurs, reprises, un communiqué faisant état du point de vue de
l’Hôpital et, le lendemain, des entrevues avec vous-même et le directeur des
services professionnels.
Analyse
Le Conseil ne retient aucun blâme contre la station CKAC. Il est d’avis, en effet, que cette station a démontré son réel souci d’informer complètement ses auditeurs sur cette affaire en complétant la version policière des faits avec celle des autorités de l’Hôpital du Sacré-Coeur dès qu’il lui fut possible de l’obtenir, permettant ainsi au public de tirer ses propres conclusions sur l’événement en question en toute connaissance de cause.
Analyse de la décision
- C11C Déformation des faits