Plaignant
M. Rosaire
Desroches, Mme Louise Hamel et M. Michel Rondeau (enseignants, école primaire
Lionel-Groulx)
Mis en cause
Le Journal de
Montréal et M. Pierre Leroux (journaliste)
Résumé de la plainte
L’article
«Exercice de style douteux : Un cours sur la grève pour des enfants de 12 ans»,
que signe le journaliste Pierre Leroux dans l’édition du 1er mars 1983 du
Journal de Montréal, laisse croire que des enseignants de l’école Lionel-Groulx
utilisent les cours de français pour faire de la propagande sur la grève dans
le secteur de l’éducation. En vérifiant ses informations auprès des personnes
concernées, le journalistes aurait appris que ce sont les élèves qui ont choisi
d’aborder ce thème dans le cadre de mises en situation prévues au programme.
Dans l’article «Des parents mécontents», publié le lendemain, le journaliste se
trompe sur l’identité d’un professeur et parle d’un «tollé de protestations»
alors qu’un seul parent s’est manifesté.
Griefs du plaignant
Le Conseil de
presse a terminé l’étude de la plainte portée par madame Louise Hamel et
messieurs Rosaire Desroches et Michel Rondeau, enseignants à l’école
Lionel-Groulx de Repentigny, qui s’en prenaient à votre article paru sous le
titre: «Exercice de style douteux: Un cours sur la grève pour des enfants de 12
ans», paru dans Le Journal de Montréal du 1er mars 1983.
Les plaignants
vous reprochaient d’avoir, à tort, laissé croire dans cet article que des
enseignants de leur école avaient utilisé les cours de français pour faire de
la propagande sur la grève dans le secteur de l’éducation. Or, selon ces
derniers, si vous aviez pris la précaution de vérifier vos informations auprès
de la direction ou des professeurs, vous auriez appris que le programme de
français de la sixième année est ainsi conçu de périodes consacrées à des mises
en situation reliées à des thèmes d’actualités proches des situations que
vivent les élèves et de leur intérêt. D’ailleurs, ce sont les élèves et non pas
le professeur qui, après un mois d’absence, avaient jugé intéressant d’aborder
le thème de la grève.
Les plaignants
vous reprochaient aussi d’avoir personnalisé cette affaire et d’avoir rapporté faussement
dans votre article: «Des parents mécontents», publié le lendemain, que
l’enseignant concerné était monsieur Rosaire Desroches. Or, ce dernier n’était
nullement impliqué dans les cours de français en question puisqu’il enseigne
les mathématiques. Vous rapportiez aussi que les parents avaient soulevé «un
tollé de protestation devant l’initiative des professeurs de français» alors
qu’un seul s’était manifesté.
Commentaires du mis en cause
Vous aviez jugé,
pour votre part, qu’il était pertinent de faire état de ce que vous avait
rapporté le parent d’une élève de l’école sur le fait qu’un enseignant avait
profité du cours de français pour faire rédiger à ses élèves une «composition»
sur la dernière grève des enseignants. Vous n’aviez fait que reproduire intégralement
les propos de ce parent en les situant dans leur contexte, s’agissant là d’un
choix rédactionnel ne mettant aucunement en cause l’éthique journalistique,
puisqu’ils vous semblaient en tout point véridiques. Votre article vous
semblait, d’autre part, nuancé puisque vous y écriviez que «l’initiative de ces
professeurs plaira à certains qui y verront une heureuse façon de sensibiliser
les jeunes au monde de l’actualité». Par ailleurs, vous n’aviez pas jugé
essentiel de rapporter le point de vue des plaignants étant donné que vous
n’aviez nommé personne dans votre article. D’ailleurs, à l’heure où vous aviez
été saisi de cette information, vous doutiez de pouvoir les rejoindre. Enfin,
vous estimiez tout à fait normal d’avoir mentionné le nom de monsieur Rosaire
Desroches dans votre second article puisque monsieur Desroches, en vous
remettant une lettre ouverte, avait accepté par le fait même, selon vous, que
son nom soit rendu public.
Analyse
Le Conseil est d’avis que Le Journal de Montréal aurait informé ses lecteurs d’une façon plus complète s’il avait pris la peine de rapporter le point de vue des plaignants soit dans vos articles, soit dans la rubrique des lettres des lecteurs, comme ils vous le demandaient.
Le Conseil est d’avis également que vous aviez induit le public en erreur en identifiant monsieur Rosaire Desroches comme l’enseignant concerné dans cette affaire. Bien qu’étant le porte-parole de ses collègues de sixième année, monsieur Desroches n’était pas le professeur impliqué dans le cours de français en question. Enfin, vous avez exagéré en écrivant que «les parents ont soulevé un tollé de protestations devant l’initiative du professeur de français» puisque, selon le directeur de l’école, monsieur Louis Ricard, un seul parent, en l’occurrence celui qui a inspiré votre premier article, s’est élevé contre ce cours.
Analyse de la décision
- C11B Information inexacte
- C12C Absence d’une version des faits
- C14A Sensationnalisme/exagération/insistance indue