Plaignant
Un plaignant
Mis en cause
Le Quotidien
[Chicoutimi] et Photo Police [Montréal]
Représentant du mis en cause
M. Denis
Tremblay (directeur de la rédaction, Le Quotidien [Chicoutimi])
Résumé de la plainte
Le Quotidien et
Photo Police publient les photos d’un jeune suicidé dans leur édition
respective du 14 et du 26 mars 1983, malgré les souffrances morale que cette
décision impose à ses proches. Le Quotidien a diffusé ces photos avant même que
la famille ne soit informée de la tragédie, en plus d’identifier la localité où
résidait la victime. Le traitement journalistique de tels drames comporte des
conséquences incitatrices au suicide.
Griefs du plaignant
Le Conseil de
presse a terminé l’étude de la plainte déposés contre Le Quotidien et Photo
Police concernant le traitement accordé par ces journaux au suicide d’un jeune
homme, dans leur édition respective du 14 et du 26 mars 1983.
Selon le
plaignant, la publication de ces photos était inadmissible à cause des
souffrances morales qu’elle entraînait chez les proches de la victime. «Cette démonstration
odieuse et gratuite» était d’autant plus déplacée dans le cas du Quotidien que
ce journal avait publié ces photos avant même que la famille soit informée de
cette tragédie. Le plaignant reprochait aussi au Quotidien d’avoir publié le
nom de la localité où résidait la victime et déplorait enfin les conséquences
incitatives au suicide d’un tel traitement journalistique.
Commentaires du mis en cause
M. Denis
Tremblay, du Quotidien, regrettait pour sa part «l’éclat» accordé par son
journal à l’événement en question. Il s’agissait là d’un malheureux accident de
parcours, Le Quotidien ayant l’habitude de se montrer assez discret devant ce
genre de drame. C’est d’ailleurs pourquoi, Le Quotidien, reconnaissant
implicitement son erreur, avait publié plusieurs lettres ouvertes dénonçant
l’incident.
Malgré plusieurs
rappels, Photo Police n’a pas jugé bon de faire part de ses commentaires au
Conseil. C’est donc sans sa version des faits que le Conseil rend la présente
décision.
Analyse
Les décisions concernant le choix et le traitement de la nouvelle relèvent de l’autorité rédactionnelle de l’organe d’information. Toutefois, lorsqu’il s’agit de drames humains, la presse devrait manifester à l’endroit des victimes et de leurs proches, de l’humanité et de la déférence plutôt que de mettre l’accent sur les aspects morbides, spectaculaires et sensationnels de ces drames.
Bien que le drame rapporté fut d’intérêt public et qu’ils étaient justifiés d’en informer la population, les deux journaux ont fait du sensationalisme et confondu la notion de curiosité du public avec celle d’intérêt public. Le Conseil juge répréhensible cette exploitation d’une tragédie personnelle, faite au mépris de l’angoisse et de la détresse qu’elle peut causer aux proches de la victime.
Le Conseil tient compte qu’il s’est agi, dans le cas du Quotidien, d’une erreur de parcours que le journal regrette. Il prend bonne note de la ferme intention du journal d’être, à l’avenir, plus vigilant pour éviter qu’elle ne se reproduise.
Analyse de la décision
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