Plaignant
M. Jean-André
Leblanc
Mis en cause
CBFT-TV [SRC,
Montréal] et Mme Denise Bombardier (animatrice)
Représentant du mis en cause
M. Pierre O’Neil
(directeur du service de l’information, Société Radio-Canada [Montréal])
Résumé de la plainte
L’animatrice
Denise Bombardier exprime ouvertement ses préjugés et s’attaque à l’intégrité
professionnelle du psychologue Alain Bouchard lors d’une entrevue portant sur
la pédophilie, diffusée sur les ondes de Radio-Canada le 9 avril 1983 dans le
cadre de l’émission «Noir sur Blanc». Ce faisant, l’animatrice porte atteinte
au droit à une information juste, impartiale et objective.
Griefs du plaignant
Le Conseil de
presse a terminé l’étude de la plainte de monsieur Jean-André Leblanc
concernant la façon dont vous avez dirigé l’entrevue sur la pédophilie avec
monsieur Alain Bouchard, psychologue, au cours de votre émission «Noir sur
Blanc» du 9 avril dernier.
Selon monsieur Leblanc,
vous avez, par votre façon de faire, «sérieusement porté atteinte au droit du
public à l’information juste, impartiale et objective et fait fi de manière
tout à fait irresponsable de l’éthique journalistique» en exprimant ouvertement
vos préjugés et en vous attaquant à l’intégrité professionnelle et à la
réputation de votre invité. Monsieur Leblanc considérait également que vous
aviez empêché monsieur Bouchard d’exprimer complètement son point de vue sur le
sujet sur lequel vous l’aviez invité à discuter, en l’interrompant constamment
pour faire valoir le vôtre; votre façon de faire ayant pris l’allure d’une
attaque en règle contre une opinion avec laquelle vous n’étiez manifestement
pas d’accord. Aussi, par votre comportement, vous auriez fait preuve d’un «abus
de pouvoir et détourné le droit du public à des fins personnelles».
Commentaires du mis en cause
Le directeur du
service de l’information de Radio-Canada, monsieur Pierre O’Neil soutenait que
la plainte n’était pas fondée puisque ni le droit du public à l’information ni
celui de monsieur Bouchard de s’exprimer n’avaient été brimés dans ce cas. Bien
que ce ne fût pas votre meilleure entrevue à «Noir sur Blanc», cela n’avait pas
empêché Radio-Canada, selon lui, de favoriser et de pousser un peu plus loin le
débat sur un sujet particulièrement délicat et préoccupant. D’ailleurs, au
cours de l’émission suivantes, Radio-Canada avait poursuivi l’étude en invitant
le président de la Corporation professionnelle des psychologues du Québec. Bien
que Radio-Canada n’ait pas de politique éditoriale et s’efforçât de ne pas
émettre d’opinions, ajoutait-il, il arrivait toutefois que l’on s’émeuve et que
cela paraisse.
Analyse
Comme animatrice d’une émission d’affaires publiques, vous jouissez d’une grande latitude dans la conduite de votre émission, souvent polémique, et dans l’expression de vos points de vue. Cette latitude ne vous soustrait cependant pas à la responsabilité que vous avez comme professionnelle de l’information de respecter l’opinion de vos invités ou leur donner la chance d’exprimer complètement leurs points de vue.
Or, dans le présent cas, le Conseil estime qu’en imposant votre point de vue personnel avec insistance et en n’accordant que peu de chance à votre invité d’exprimer le sien, vous en êtes arrivée à le discréditer aux yeux des téléspectateurs. Vous avez aussi, de par votre attitude, empêché le téléspectateur d’avoir une vue d’ensemble sur le sujet controversé dont vous avez traité.
Analyse de la décision
- C12A Manque d’équilibre
- C15J Abus de la fonction d’animateur