Plaignant
M. Lucien Lessard
(directeur, Centre local de services communautaires [CLSC] de Forestville)
Mis en cause
La Presse
[Montréal] et M. Jacques Bouchard (chroniqueur)
Représentant du mis en cause
M. Michel Roy
(éditeur adjoint, La Presse [Montréal])
Résumé de la plainte
Le journaliste
Jacques Bouchard trompe la population en affirmant, dans sa chronique
«Nominations politiques» publiée par La Presse le 18 juin 1983, que la
nomination du plaignant à la direction du CLSC de Forestville constitue une
récompense politique. Le journaliste affirme à tort que la pension versée au
plaignant à titre d’ancien député sera «bientôt» de 70 000$ par année, alors
qu’elle n’atteindra pas ce montant avant une dizaine d’années.
Griefs du plaignant
Le Conseil de
presse a terminé l’étude de la plainte de monsieur Lucien Lessard qui vous
reprochait d’avoir trompé la population et mis en doute sa compétence
professionnelle en affirmant, dans votre chronique du 18 juin 1983, qu’il
s’était vu accorder une récompense politique du gouvernement du Québec en
accédant à la direction du CLSC de Forestville.
Monsieur Lessard
vous reprochait également d’avoir affirmé, dans votre article, que sa
nomination avait été annoncée par le gouvernement alors qu’elle l’avait été par
le vice-président du conseil d’administration du CLSC. Il était aussi inexact
d’affirmer que la pension qui lui était versée à titre d’ancien député
atteindrait «bientôt» la somme d’environ 70 000 $ par année, alors que vous
saviez très bien que ce montant ne serait pas acquis avant une dizaine
d’années.
Commentaires du mis en cause
Vous mainteniez
pour votre part «le ton et le contenu» de votre chronique, car selon vous, il
était de notoriété publique dans la région que la nomination de monsieur
Lessard était «un geste carrément politique» et que le conseil d’administration
était «noyauté par des sympathisants du PQ». De plus il était en outre
parfaitement exact d’affirmer que monsieur Lessard «recevrait éventuellement
une pension annuelle à vie de 70 000 $».
L’éditeur
adjoint de votre journal, monsieur Michel Roy, estimait, pour sa part, qu’en
votre qualité de chroniqueur politique vous aviez la liberté de faire appel à
la polémique et au pamphlet. Monsieur Roy jugeait aussi que vous aviez corrigé
les quelques erreurs de faits dans une réponse à une mise au point de monsieur
Lessard publiée dans La Presse.
Réplique du plaignant
Dans sa
réplique, monsieur Lessard soutenait que vos seules sources dans la région
étaient des personnes identifiées au Parti libéral dont certaines avaient été
des candidats éliminés lors des deux premiers concours de sélection. Ces
personnes avaient donc des intérêts à défendre et ne jouissaient pas d’une
grande crédibilité dans le milieu. Pourtant, vous n’auriez contacté aucun des
membres du conseil d’administration du CLSC pour obtenir leur version des
faits.
Contrairement à
vos affirmations, les deux premiers concours n’avaient pas été des concours
«bidons» et le troisième n’avait aucunement été tenu pour «attendre» sa
candidature, celui-ci ayant été ouvert avant même qu’il n’ait décidé de se
porter candidat.
Quant à vos
dires sur sa pension, il soutenait qu’il y avait une différence énorme entre ce
que vous en disiez dans votre chronique, à savoir qu’elle atteindrait «bientôt
la somme d’environ 70 000 $», et ce que vous en disiez dans vos explications au
Conseil, à savoir qu’il recevra «éventuellement» ce montant.
Enfin, comment
pouviez-vous parler de noyautage du conseil d’administration par le PQ alors
que les procédures de nomination des membres de tels conseils sont inscrites
dans la Loi sur les services de santé et les services sociaux?
Analyse
Malgré la latitude dont jouissent les chroniqueurs dans l’expression de leurs prises de position et de leurs points de vue, ils doivent éviter de travestir les événements de façon à leur donner une signification qu’ils n’ont pas ou à laisser planer à leur sujet des malentendus.
Dans le cas présent, le Conseil est d’avis que vous n’avez pas rapporté les faits avec toute la rigueur voulue. Ainsi, vous ne précisez pas que le plaignant n’aura droit au plein montant de sa pension que beaucoup plus tard que vous ne le laissez entendre en utilisant le terme «bientôt». En ce qui a trait au caractère partisan de la nomination en question, vous n’avez appuyé votre argumentation que sur les interprétations et perceptions «du milieu», ce qui est fort imprécis comme «source» et ne garantit pas la pertinence de vos informations.
Analyse de la décision
- C15A Manque de rigueur