Plaignant
Mme Hélène
St-Germain-Audet
Mis en cause
CKVL-AM [NTR,
Verdun] et M. Lucien Jarraud (animateur)
Représentant du mis en cause
M. Daniel
Beaudry (directeur adjoint, CKVL-AM [NTR, Verdun])
Résumé de la plainte
L’animateur
Lucien Jarraud de CKVL tient des propos déplacés à l’endroit des femmes au
cours de son émission «Le Matinal» du 16 juin 1983. Lesdits propos, parfois
d’une vulgarité excessive, témoignent de la fixation sexuelle de l’animateur.
Ce dernier doit faire des excuses publiques à toutes les femmes.
Griefs du plaignant
Le Conseil de
presse a terminé l’étude de votre plainte contre les propos «déplacés à l’égard
des femmes» qu’aurait tenus monsieur Lucien Jarraud au cours de l’émission Le
Matinal diffusée sur les ondes de la station de radio CKVL, le 16 juin 1983.
Selon vous, ces propos étaient parfois «d’une vulgarité excessive» et
témoignaient du «gynécentrisme sexuel» incessant de l’animateur que vous
vouliez voir cesser. En outre, vous exigiez que monsieur Jarraud fasse des
excuses publiques à toutes les femmes au cours de l’émission Le Matinal.
Commentaires du mis en cause
En guise de réponse
à la demande d’explications du Conseil, monsieur Jarraud reportait ce dernier
aux commentaires qu’il avait formulés sur une plainte similaire que vous aviez
portée contre lui en novembre 1982. Selon lui, la plupart de ses affirmations
étaient «des boutades» qui, placées dans le contexte de l’émission, ne
pouvaient être jugées aussi catégoriquement que vous le faisiez. Il vous
invitait également à vous prévaloir de votre droit de réplique en prenant
entente à cette fin avec la station.
Le directeur adjoint
de la station, monsieur Daniel Beaudry, expliquait pour sa part au Conseil que
les divergences d’opinion étaient inévitables dans le cadre d’une programmation
composée uniquement de lignes ouvertes. Selon lui, il est «impossible de
contrôler les propos amenés par le public et les réponses des animateurs».
Enfin, il réitérait l’invitation de monsieur Jarraud de vous expliquer avec lui
soit sur les ondes ou autrement.
Analyse
Malgré une première demande faite dans le délai de trente jours prévu par le CRTC pour la conservation des bobines et malgré des rappels répétés, le Conseil n’a pu obtenir de CKVL l’enregistrement de l’émission en question, la direction de la station l’ayant informé que les bobines avaient été effacées. Le Conseil regrette donc vivement de n’avoir pu prendre connaissance des propos de monsieur Jarraud pour porter un jugement éclairé sur cette affaire, d’autant plus que votre plainte qualifiait les propos de monsieur Jarraud, mais ne les rapportait pas. Le Conseil a d’ailleurs saisi le CRTC des pratiques des stations qui négligent de fournir les enregistrements demandés par le Conseil pour qu’il puisse étudier adéquatement les plaintes qui lui sont soumises.
Même s’il ne peut se prononcer sur ce cas précis, le Conseil tient cependant à rappeler certains des principes qui devraient guider les animateurs d’émissions de lignes ouvertes. Ainsi, tout en reconnaissant les difficultés inhérentes à la fonction d’animateur d’une émission de lignes ouvertes, le Conseil considère qu’il leur incombe de faire preuve d’équité et de rigueur dans le traitement de leur sujet en faisant abstraction de leur préjugés personnels et surtout en évitant de tenir des propos outranciers, voire offensants. Malgré la grande latitude dont ils jouissent dans l’expression de leurs points de vue, latitude qui leur permet d’adopter même un ton provocateur, leurs fonctions et responsabilités leur imposent le devoir de bien informer le public et de le respecter.
Analyse de la décision
- C18D Discrimination
- C24A Manque de collaboration