Plaignant
Jeunesse
ouvrière chrétienne de Lanaudière
Représentant du plaignant
M. Jacques Hérard
(représentant, Jeunesse ouvrière chrétienne de Lanaudière)
Mis en cause
Le Joliette
Journal, Mme Chantal Hétu et M. Louis Pelletier (journalistes)
Représentant du mis en cause
M. André
Lafrenière (rédacteur en chef, Le Joliette Journal)
Résumé de la plainte
Les journalistes
Louis Pelletier et Chantal Hétu du Joliette Journal informent mal le public sur
les revendications présentées par la Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC) de
Lanaudière au cours de sa conférence de presse du 5 août 1983. Dans le texte
«La JOC réclame des vacances payées pour les sans-emploi», publié le 10 août,
M. Pelletier affirme à tort que cet organisme réclame des vacances payées pour
les jeunes sans emploi. Il insiste indûment sur le retard d’un responsable de
la JOC et sur la présence d’un verre de bière vide. Enfin, le journaliste
centre son reportage sur la déclaration d’un seul participant à la conférence
de presse, sans situer ses propos dans leur contexte. Mme Hétu s’inspire des
faussetés proférées par son collègue pour publier, le 17 août, les commentaires
de différentes personnalités de la région sous le titre «Des vacances pour les
sans-emploi : De quoi tomber sur le dos…».
Griefs du plaignant
Le Conseil de
presse a terminé l’étude de votre plainte contre Le Joliette Journal, madame Chantal
Hétu et monsieur Louis Pelletier, journalistes, à qui vous reprochiez d’avoir
mal informé le public sur certaines des revendications que présentait la JOC de
Lanaudière, au cours de la conférence de presse qu’elle tenait à Joliette le 5
août 1983.
Selon vous, le
texte de monsieur Louis Pelletier était le reflet d’une volonté claire de
discréditer les jeunes et les valeurs véhiculées par le mouvement JOC. Il était
faux, entre autres, de prétendre en première page de l’édition du 10 août 1983
que la JOC de Lanaudière réclamait des «vacances payées» pour les jeunes sans
emploi. Les revendications de cet organisme portaient plutôt sur la possibilité
pour ces jeunes de prendre deux semaines de vacances par année sans être
pénalisés par les organismes chargés de l’administration des programmes d’aide
sociale et d’assurance-chômage.
Le journaliste
avait, en outre, insisté indûment sur votre retard à la conférence de presse et
alimenté de vieux préjugés à l’endroit des assistés sociaux en appuyant sur
votre insistance à ne pas voir apparaître, sur les photos, un verre de bière
vide. Enfin, monsieur Pelletier avait informé ses lecteurs d’une façon, selon
vous, incomplète et inexacte et cela, dans le seul but de discréditer la JOC en
contrant son reportage sur une seule phrase prononcée par l’un des membres du
mouvement à savoir que «quand il fait trop chaud, faut pas travailler» sans
prendre la peine de la situer dans son contexte.
Faisant fi de
vos demandes de rectification, madame Chantal Hétu s’était inspirée des
faussetés proférées par son collègue pour «descendre davantage» la JOC, en
première page de l’édition subséquente du 17 août, en demandant les
commentaires de différentes personnalités de la région.
Commentaires du mis en cause
Le rédacteur en
chef du Joliette Journal, monsieur André Lafrenière, considérait que le journal
avait assuré une information libre, honnête et complète de l’événement et que
l’intégrité professionnelle de ses journalistes ne pouvait être mise en doute.
Selon lui, les expressions «vacances payées» et «vacances non pénalisées»
signifiaient strictement la même chose. En situant les faits et en assurant le
suivi de cette affaire, les journalistes n’avaient fait que leur travail.
Enfin, le journal avait donné à votre organisme l’occasion de faire valoir son
point de vue en publiant dans la page de l’éditorial la déclaration que vous
lui aviez remise le 12 août.
Monsieur Louis
Pelletier soutenait quant à lui avoir accompli son travail «librement,
ouvertement, sans contrainte ou préjugé» en interrogeant les organisateurs de
la conférence de presse afin de personnaliser et d’illustrer vos revendications
à l’aide d’exemples. Il avait fait ressortir les éléments les plus importants
de la conférence: par exemple, les «vacances payées» puisqu’il y allait des
fonds publics, ou encore la déclaration «percutante» de l’un des organisateurs
de la conférence à l’effet qu’il ne fallait pas travailler lorsqu’il faisait
trop chaud. Sur ce point d’ailleurs, il aurait fait état des précisions que
vous auriez apportées en conférence de presse si tel avait été le cas. Il
n’avait pas, non plus, insisté outre mesure sur l’histoire du verre de bière
vide, s’étant contenté de rapporter votre geste pour qu’il n’apparaisse pas sur
la photo, en précisant même qu’il s’agissait là «du souvenir d’une autre
réunion». Dans l’ensemble donc, il n’avait nullement escamoté vos
revendications, ayant même utilisé «le vocabulaire» de la JOC dans le premier
paragraphe de son texte.
Madame Chantal
Hétu soutenait quant à elle avoir complété ce dossier adéquatement en assurant
le «suivi d’une nouvelle» qui, si elle valait une conférence de presse de la
JOC, valait bien la quête des réactions des personnalités intéressées. Aussi
croyait-elle avoir rejoint «les commentateurs pertinents» en se basant sur le
compte rendu de son confrère dont elle ne doutait nullement de la véracité.
Réplique du plaignant
En réplique à
ces commentaires vous souteniez que monsieur Pelletier avait «fait un effort
d’imagination porteur de préjugés» en affirmant que le verre de bière vide
était le souvenir d’une autre réunion des jeunes du mouvement. Par ailleurs,
si, en termes financiers, «vacances payées» et «vacances non pénalisées»
avaient la même signification, il n’en allait pas de même si l’on considérait
l’aspect social de la chose, ce que vous aviez pris la peine d’expliquer en
conférence de presse. Le journaliste avait donc utilisé cet élément de façon
sensationnaliste, tout comme il l’avait fait dans ses propos sur «la chaleur et
le travail», escamotant encore un fois vos explications à ce sujet. Enfin, le
suivi accordé à cette affaire par madame Hétu était injuste vu qu’elle n’avait
aucunement tenu compte de votre mise au point sur les faussetés contenues dans
l’article de son confrère.
Analyse
Le Conseil est d’avis que Le Joliette Journal et ses journalistes se sont acquittés de leur tâche conformément aux principes de l’éthique journalistique dans leur façon de traiter le dossier en question.
L’on ne peut blâmer un organe d’information ou un journaliste de ne pas avoir traité de façon exhaustive de tous les aspects d’une question dont ils ont choisi d’informer le public, non plus qu’on ne peut leur reprocher leurs choix rédactionnels.
Le Conseil estime que le journal et ses journalistes ont, en l’occurrence, rendu compte de l’ensemble des revendications de la JOC, même s’ils ont insisté sur certains aspects de ces revendications comme c’était leur plein droit. Le journal a aussi ouvert ses pages à l’expression d’une grande diversité d’opinions sur le sujet. Le Conseil veut rappeler ici que la liberté de la presse et le droit à l’information seraient gravement compromis si, dans sa façon d’aborder un sujet donné, la presse devait se plier à quelque philosophie ou courant d’idées ou se faire le porte-parole de quelque groupe que ce soit, l’information fut-elle diffusée par l’entremise d’une conférence de presse ou autrement.
Analyse de la décision
- C17D Discréditer/ridiculiser