Plaignant
M. Régent G.
Sioui
Mis en cause
Le Soleil
[Québec] et M. Raoul Hunter (caricaturiste)
Représentant du mis en cause
M. Claude Masson
(éditeur adjoint et rédacteur en chef, Le Soleil [Québec])
Résumé de la plainte
La caricature
«Gaspé 1534», publiée sous la signature de M. Raoul Hunter dans l’édition du
1er décembre 1983 du Soleil, représente les Amérindiens dévêtus, sans culture
et dépouillés de presque tout.
Griefs du plaignant
Le Conseil de
presse a terminé l’étude de votre plainte dans laquelle vous dénonciez comme un
acte «grossier et vulgaire», la caricature de monsieur Raoul Hunter, «Gaspé
1534», publiée dans Le Soleil du 1er décembre 1983, et qui présentait les
Amérindiens «dévêtus, sans culture et dépouillés d’à peu près tout».
Commentaires du mis en cause
Selon monsieur
Hunter, c’était une déclaration du chef Max Gros-Louis affirmant que «ce ne
sont pas les Français qui nous ont découverts; quand ils sont arrivés, nous étions
déjà découverts», qui lui avait inspiré cette caricature et contre laquelle
monsieur Gros-Louis n’avait aucunement réagi. Celle-ci ne visait en outre
aucunement à ridiculiser les Amérindiens. Autrement, comment les aurait-il
«montrés beaux et racés comme des dieux!»
Partageant les
commentaires de monsieur Hunter, l’éditeur adjoint et rédacteur en chef du
Soleil, monsieur Claude Masson, ajoutait que le journal avait accordé à votre
point de vue «le traitement requis» en publiant intégralement votre lettre de
protestation dans l’édition du 7 décembre 1983. En outre, monsieur Hunter avait
respecté, selon lui, l’esprit de la convention collective du Soleil dans
laquelle «les parties s’engagent à ne pas publier, pour des fins volontairement
discriminatoires, sexistes ou racistes, des textes ou illustrations
manifestement discriminatoires, sexistes ou racistes».
Réplique du plaignant
Vous affirmiez
pour votre part ne pas considérer monsieur Max Gros-Louis comme un porte-parole
crédible des Amérindiens. Vous n’étiez non plus aucunement surpris qu’il n’ait
pas réagi à une telle caricature qui «nous replonge malgré nous dans l’époque
des pires préjugés sur nos moeurs et notre culture», d’autant plus que les
Amérindiens ont «beaucoup souffert de conceptions et de préjugés fortement
enracinés». Sans croire que monsieur Hunter ait voulu être discriminatoire,
sexiste ou raciste, vous dénonciez sa caricature comme une erreur de sa part,
erreur qu’il ne voulait pas admettre. Vous trouviez enfin inacceptable qu’au
nom «d’une rigolade on puisse dégrader et manquer ainsi de respect envers des
enfants, des femmes et des hommes».
Analyse
A cause de son mode très particulier d’expression, la caricature, dont la fonction est d’illustrer ou de présenter en faisant appel à l’exagération un trait, un personnage, un fait ou un événement de façon satirique ou humoristique, constitue un véhicule d’opinons au même titre que l’éditorial. Ce genre d’expression confère au caricaturiste une latitude qui risque bien sûr de choquer les personnes ou les groupes visés.
Dans le présent cas, le Conseil ne saurait considérer la caricature de monsieur Hunter comme un geste discriminatoire destiné à cultiver les préjugés à l’égard des Amérindiens; ceux-ci n’y étant pas représentés de façon méprisante ou insultante.
Enfin, le Conseil a pris note que Le Soleil a publié intégralement votre lettre de protestation à ce sujet vous permettant ainsi d’exprimer votre point de vue.
Analyse de la décision
- C08A Choix des textes
- C18C Préjugés/stéréotypes