Plaignant
Le Regroupement
autonome des jeunes de Trois-Rivières [RAJ]
Représentant du plaignant
M. Denis Veillette
(représentant, Regroupement autonome des jeunes de Trois-Rivières [RAJ])
Mis en cause
Le Nouvelliste
[Trois-Rivières] et M. Claude Savary (journaliste)
Représentant du mis en cause
M. Jean-René
Ferron (directeur de la rédaction, Le Nouvelliste [Trois-Rivières])
Résumé de la plainte
L’article du
journaliste Claude Savary intitulé «Les étudiants ont occupé le bureau du
député Vaugeois», publié par Le Nouvelliste le 17 février 1984, rapporte mal
cet événement et la conférence de presse qui s’ensuivit. Le titre laisse
faussement croire que seuls les étudiants ont participé à l’occupation. Le
journaliste formule un jugement de valeur en qualifiant les positions du
plaignant de «stéréotypées», et affirme à tort que ce dernier a «surtout tenu
un discours théorique».
Griefs du plaignant
Le Conseil de
presse a terminé l’étude de la plainte du Regroupement autonome des jeunes
(RAJ) de Trois-Rivières contre le quotidien Le Nouvelliste et monsieur Claude
Savary, journaliste, dénonçant la façon dont ce dernier avait fait état de l’occupation
des bureaux du député Denis Vaugeois et de la conférence de presse du RAJ, dans
son article du 17 février 1984.
Selon le RAJ, le
titre de l’article «Les étudiants ont occupé le bureau du député Vaugeois»
portait à confusion en laissant croire que seuls les étudiants avaient occupé
le bureau du député alors que «la grande majorité des occupants-es étaient des
jeunes de 17 à 30 ans sans emploi et/ou sans revenu».
Le RAJ
contestait également l’interprétation du journaliste à l’effet que le groupe
avait «surtout tenu un discours théorique», les occupants ayant parlé de choses
aussi peu théoriques que le suicide chez les jeunes, la réalité des assistés
sociaux et le chômage. Au contraire, selon le plaignant, ce serait plutôt le
représentant du député qui aurait tenu un discours théorique, ce que le
journaliste s’est bien gardé de mentionner tout comme il n’a glissé mot du
programme «Action jeunes volontaires», élément important de la conférence de
presse.
Le RAJ
reprochait aussi au journaliste d’avoir fait un «jugement de valeur très
prononcé» en qualifiant de «stéréotypés» les arguments de l’un de ses
représentants. En opposant de plus les «idées» de ce dernier aux «arguments» du
représentant du député, le journaliste aurait discrédité le groupe puisque le
mot argument impliquant raisonnement, il en découlait que le discours du
représentant du député aurait été objectif, alors que les «idées» du RAJ,
elles, auraient été subjectives.
Le RAJ
n’exigeait pas que le journaliste fût d’accord avec ses revendications. Ce
dernier aurait cependant eu mérite à comparer d’une façon plus sérieuse les
deux discours et à étayer ses affirmations sur des preuves. En ne posant non
plus aucune question au cours de la conférence de presse, ce dernier aurait
aussi agi «comme un observateur et non comme un journaliste».
Commentaires du mis en cause
Monsieur Savary
de même que monsieur Jean-René Ferron, directeur de la rédaction du
Nouvelliste, soutenaient avoir donné à l’événement «la place qui lui revenait
dans l’information», trop de gens s’imaginant, selon eux, «que l’on doit s’en
tenir intégralement à leur message quand ils donnent une conférence de presse».
Ils notaient par
ailleurs que l’âge des intervenants et leurs différents textes laissaient
croire qu’il s’agissait d’étudiants, d’où le titre coiffant l’article. Le
plaignant avait toutefois eu l’occasion d’exprimer son point de vue à ce sujet,
tout comme il avait pu informer les lecteurs de ses griefs, Le Nouvelliste
ayant publié intégralement sa lettre de protestation «même si elle dépassait la
longueur habituelle».
Analyse
Le Conseil est d’avis que, dans l’ensemble, Le Nouvelliste et son journaliste se sont acquittés de leur tâche conformément aux principes de l’éthique journalistique dans leur façon de traiter le dossier en question.
L’on ne peut en effet blâmer un organe d’information ou un journaliste de ne pas avoir traité de façon exhaustive de tous les aspects d’une question dont ils ont choisi d’informer le public non plus qu’on ne peut leur reprocher leurs choix rédactionnels. Le Conseil note d’ailleurs que Le Nouvelliste a ouvert ses pages au plaignant qui a pu exprimer son point de vue et rectifier ainsi les erreurs qu’il disait déceler dans l’article et dans le titre de cet article.
Toutefois, le Conseil donne raison au RAJ lorsque celui-ci prétend que le journaliste a posé un jugement de valeur en qualifiant de «stéréotypées» les idées de l’un des représentants du RAJ. A cet égard, le Conseil rappelle que les journalistes devraient, dans les articles d’information, s’en tenir à rapporter les faits en évitant de les juger, laissant ainsi au public le soin de tirer ses propres conclusions sur les événements qu’ils rapportent.
Analyse de la décision
- C09A Refus d’un droit de réponse
- C12B Information incomplète
- C20A Identification/confusion des genres