Plaignant
M. Pierre
Laverdière
Mis en cause
Le Journal de
Québec et M. Jacques Giroux (journaliste)
Représentant du mis en cause
M. Serge Côté
(directeur de la rédaction, Le Journal de Québec)
Résumé de la plainte
Le 11 mai 1984,
Le Journal de Québec fait paraître, sous le titre «Le refuge des Lortie!», des
photos qui montrent la demeure des beaux-parents du caporal Denis Lortie,
auteur présumé de la fusillade du 8 mai 1984 à l’Assemblée nationale. De plus,
dans la même édition, le journaliste Jacques Giroux révèle l’adresse exacte de
ces personnes dans un article intitulé «C’est le « fameux » refuge de
l’épouse de Lortie». De tels agissements s’avèrent contraires au bien public.
Griefs du plaignant
Le Conseil de
presse a terminé l’étude de la plainte de monsieur Pierre Laverdière qui
reprochait à votre journal d’avoir publié, sous le titre «Le refuge des
Lortie!», des photos montrant la demeure et la voiture des beaux-parents du
caporal Denis Lortie, auteur présumé de la fusillade à l’Assemblée nationale du
Québec du 8 mai 1984. Il reprochait également à votre journaliste, monsieur
Jacques Giroux, d’avoir donné, dans son article intitulé «C’est le
« fameux » refuge de l’épouse de Lortie», le numéro de la rue et de
l’appartement de ces personnes.
Se demandant
«jusqu’où peut aller cette liberté de presse» et préconisant l’existence d’une
«certaine censure pour le bien du public», monsieur Laverdière soulignait que ce
ne sont ni les autorités du Journal de Québec ni votre journaliste qui seraient
«montrés du doigt par tout le monde», mais bien ces personnes que vous aviez
inconsidérément identifiées.
Commentaires du mis en cause
Cette plainte
vous apparaissait être plus «un énoncé de philosophie sur l’information qu’un
blâme sur des points précis», et vous indiquiez au Conseil que «la philosophie
d’informer varie selon les pays, les médias, les journalistes et les dirigeants
des journaux ou autres organes». En vous appuyant aussi sur le fait que le
traitement de cette affaire avait pris, ailleurs, des «dimensions de loin plus
importantes», vous considériez que le journaliste avait fait son travail selon
les normes: la mention de l’adresse prouvait la véracité des faits énoncés dans
l’article et la connotation publique de la tuerie du parlement faisait «que
toute information véridique devenait pertinente».
Analyse
Le Conseil blâme Le Journal de Québec et son journaliste, monsieur Jacques Giroux, qui n’ont pas su, dans ce cas, faire la distinction entre la notion d’intérêt public et celle de curiosité du public.
En l’occurrence, les détails sur l’adresse des proches de l’auteur présumé de la fusillade à l’Assemblée nationale n’étaient aucunement d’intérêt public. Ils n’ajoutaient rien à l’information et ne pouvaient avoir comme effet que d’exposer les personnes en cause à des peines et tracas inutiles.
La façon de faire du Journal de Québec et de son journaliste, dans ce cas, constitue une exploitation du malheur de personnes qui, somme toute, n’avaient rien à voir avec l’événement en question ainsi qu’une violation de leur droit à la vie privée et à l’intimité.
Analyse de la décision
- C16C Publication de l’adresse/téléphone