Plaignant
M. Jean-Jacques
Dragon
Mis en cause
CKVL-AM [NTR,
Verdun] et M. Matthias Rioux (animateur)
Résumé de la plainte
Au cours de
l’émission «Face à Face» du 3 mai 1984, l’animateur Matthias Rioux de CKVL
qualifie très irrévérentieusement le pape Jean-Paul II de despote éclairé élu
par sa «gang». De manière courante, l’animateur se permet de provoquer son
auditoire en tenant, lui-même ou par l’intermédiaire de ses invités, des propos
désobligeants à l’endroit de personnes publiques. Il incite quelquefois la
population à la désobéissance civile, lors de grèves par exemple, et traite ses
invités avec partialité.
Griefs du plaignant
Le Conseil de
presse a terminé l’étude de votre plainte contre l’animateur de la station
radiophonique CKVL, monsieur Matthias Rioux, à qui vous reprochiez d’avoir, au
cours de l’émission «Face à Face» du 3 mai 1984, qualifié «très
irrévérencieusement» le pape Jean-Paul II de despote éclairé élu par sa «gang»,
ladite «gang» étant le Conclave des évêques.
Monsieur Rioux
se permettrait aussi fréquemment d’insulter et de provoquer son auditoire en
tenant, lui-même ou par l’intermédiaire de ses invités, des propos
désobligeants et méprisants à l’endroit de personnalités tels le président
Ronald Reagan, messieurs P.-E. Trudeau, Jean Chrétien et Jean Drapeau sans
hésiter à inciter, à l’occasion, la population à la désobéissance civile «lors
de grèves, même illégales, ou en d’autres circonstances». Enfin, monsieur
Rioux, selon vous, se permettrait de «charrier» les intervenants qui ne lui
plaisent pas, tout en étant suave et indulgent envers ceux qui sont ses «amis».
Vous indiquiez au Conseil que vous aviez maintes fois fait état de vos griefs à
l’intéressé de même qu’aux autorités de CKVL sans qu’aucune de ces personnes ne
vous accuse même réception.
Vous demandiez
donc, «au nom de la Vérité et de la Justice», que monsieur Rioux présente des excuses
publiques sur les ondes, à défaut de quoi, ajoutiez-vous, la direction de CKVL
«devrait le congédier sans tergiversation pour le motif suivant: Pollution des
ondes».
Commentaires du mis en cause
Dans sa lettre
du 13 août, en réponse à celle du Conseil du 24 mai, monsieur Matthias Rioux
disait avoir peine à croire que le Conseil ait retenu vos «récriminations». Ni
la direction de la station ni lui-même n’avaient jugé bon, ajoutait-il, de
répondre «aux téléphones d’injures et aux lettres de menaces» que vous leur
auriez adressés. Si le Conseil désirait plus de précisions afin de mieux
comprendre dans quel contexte les propos que vous lui prêtiez avaient été
prononcés, il n’avait qu’à s’adresser au directeur des programmes de CKVL,
monsieur Daniel Beaudry, «qui fera parvenir au Conseil une copie de
l’enregistrement de l’émission Face à Face du 3 mai 1984». Quant à lui, il
préférait «à la limite être jugé sans donner sa version des faits plutôt que de
donner de l’importance à une plainte qui relève plus du délire que de la
réalité.»
Réplique du plaignant
Dans votre
réplique à la lettre de monsieur Rioux, vous niiez catégoriquement avoir fait
«des téléphones d’injures ou écrit des lettres de menaces». Monsieur Rioux
avait aussi, ajoutiez-vous, poussé l’outrecuidance, au cours de son émission du
15 août, à faire référence à votre plainte, sans vous nommer toutefois, dans
les termes suivants: «Il y a un malade qui a logé une plainte au Conseil de
presse à l’effet que j’avais insulté le pape Jean-Paul II; s’il y a quelqu’un
qui respecte le pape, c’est bien moi… ».
Analyse
Le Conseil ne peut malheureusement se prononcer sur la nature et le caractère des propos que vous imputez à monsieur Matthias Rioux, vue que CKVL a ignoré la demande qu’il lui faisait dès la réception de votre plainte, et qu’il a réitéré par la suite à au moins deux reprises, de lui fournir l’enregistrement en question.
Le Conseil regrette vivement que CKVL ait ignoré une fois de plus sa demande. Il s’étonne d’une telle attitude et la réprouve. Elle est contraire à celle de la plupart des médias qui ont créé le Conseil et qui l’assurent de leur collaboration fidèle.
Le Conseil a déjà fait part à CKVL, à l’occasion d’autres plaintes, de son espoir que le refus ou l’impossibilité invoquée de lui transmettre un enregistrement n’était pas une manoeuvre destinée à l’empêcher de faire la lumière sur une plainte. Que peut-il conclure d’autre, cette fois, devant le silence de CKVL, que tel n’est pas le cas. Aussi saisit-il à nouveau le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) du problème qu’il rencontre avec cette station.
Enfin, même s’il ne peut se prononcer sur votre plainte, le Conseil rappelle certains des principes qui devraient guider les animateurs de lignes ouvertes. Bien qu’ils jouissent d’une grande latitude dans la conduite de leurs émissions, latitude qui leur permet même d’adopter un ton provocateur, il leur incombe, comme à tous les autres professionnels de l’information, de respecter les personnes et d’éviter à leur endroit des propos offensants, méprisants ou propres à les ridiculiser auprès de l’opinion publique.
Analyse de la décision
- C17C Injure
- C24A Manque de collaboration