Plaignant
Régie des
loteries et courses du Québec
Représentant du plaignant
M. Pierre Langevin
(président, Régie des loteries et courses du Québec)
Mis en cause
Le Journal de
Montréal et M. Jacques Beauchamp (journaliste)
Représentant du mis en cause
M. Pierre
Péladeau (président, Le Journal de Montréal), M. André Grou (éditeur et
directeur général, Le Journal de Montréal) et M. Yvon Dubois (rédacteur en
chef, Le Journal de Montréal)
Résumé de la plainte
Dans sa
chronique du 30 mai 1984, le chroniqueur sportif Jacques Beauchamp du Journal
de Montréal traite de «poules mouillées» les employés du service des courses de
la Régie des loteries et courses du Québec. Le chroniqueur excède les limites
de la liberté d’expression en tenant ces propos, aussi injurieux que gratuits.
Griefs du plaignant
Le Conseil de
presse a terminé l’étude de la plainte de monsieur Pierre Langevin, président de
la Régie des loteries et courses du Québec, qui vous reprochait d’avoir traité
de «poules mouillées» les gens du service des courses de la Régie, dans votre
chronique du 30 mai dernier dans Le Journal de Montréal.
Bien que
reconnaissant que la Régie pouvait être soumise à la critique comme tout
organisme public, monsieur Langevin considérait que par votre «affirmation
injurieuse purement gratuite, sans aucune nuance et sans aucun lien avec le
début de l’entrefilet», vous aviez excédé les limites de la liberté
d’expression.
Commentaires du mis en cause
Le président de
la Société éditrice du Journal de Montréal, monsieur Pierre Péladeau, disait
n’avoir «que faire» des remarques de monsieur Langevin, lesquelles ne le
touchaient «pas particulièrement». Il soutenait que vous aviez, en tant que
journaliste de 25 ans d’expérience, «l’estime et la considération de toutes les
disciplines sportives» et que vous aviez «reçu même plus de témoignages de
votre qualité que tout autre journaliste au Québec».
L’éditeur et
directeur général du journal, monsieur André Grou, admettait pour sa part que
votre commentaire sur les employés de la Régie «pouvait manque d’élégance».
Cependant, il considérait que c’était «dans la tradition des chroniqueurs
sportifs d’avoir droit à leur franc-parler et de s’exprimer parfois vertement».
Enfin, le rédacteur en chef du journal, monsieur Yvon Dubois, signalait que
votre franc-parler était connu depuis longtemps, tout comme vos «démêlés» avec
le monde des courses sous harnais.
Analyse
Le Conseil n’a pas à établir le lexique des termes que les professionnels de l’information doivent employer ou éviter. Ceux-ci doivent en tout temps se montrer respectueux des faits, des événements et des personnes et éviter, à l’endroit de ces dernières, des termes méprisants et susceptibles d’atteindre leur réputation.
Cela dit, vous avez droit de penser ce que vous voulez et d’exprimer votre point de vue comme vous l’entendez. Vous devriez cependant éviter de lancer, comme dans le présent cas, des accusations gratuites sans expliquer à vos lecteurs sur quoi elles se basent. Vous leur permettriez ainsi de formuler leur propre jugement en toute connaissance de cause.
Enfin, le Conseil tient à rappeler que comme chroniqueur sportif vous avez la même responsabilité professionnelle que n’importe quel autre journaliste et que vous vous devez à la même rigueur.
Analyse de la décision
- C17C Injure