Plaignant
M. Paul Morin
(conseiller pédagogique, commission scolaire Nouvelle-Beauce)
Mis en cause
Beauce Média
[Sainte-Marie-de-Beauce] et M. Michel Dufour (journaliste)
Représentant du mis en cause
M. Jean Audet
(directeur général, Beauce Média [Sainte-Marie-de-Beauce])
Résumé de la plainte
L’article «Le
choix enseignement moral ou religieux : Les parents auraient été mal informés»,
publié le 12 juin 1984 dans Beauce Média sous la signature du journaliste
Michel Dufour, affirme à tort que M. François Gagnon, ex-président d’un conseil
d’école, a mis en doute les aptitudes du plaignant à renseigner la population
sur l’enseignement moral. Le journal fait paraître la lettre de rectification
de M. Gagnon en l’accompagnant des commentaires du journaliste, lesquels
diminuent sa portée et discréditent de nouveau le plaignant.
Griefs du plaignant
Le Conseil de
presse a terminé l’étude de la plainte de monsieur Paul Morin qui reprochait au
journaliste Michel Dufour et à l’hebdomadaire Beauce Média d’avoir porté
atteinte à sa réputation dans un article du 12 juin 1984 intitulé: «Le choix
enseignement moral ou religieux – Les parents auraient été mal informés», et
dans une réplique du journaliste à une lettre de rectification publiée la
semaine suivante.
Traitant d’une
assemblée de la commission scolaire Nouvelle-Beauce, l’article du 12 juin
soutenait que l’ex-président d’un conseil d’école, monsieur François Gagnon,
avait sérieusement mis en doute les aptitudes du plaignant à renseigner la
population sur l’enseignement moral alors même que monsieur Morin était, à
titre de conseiller pédagogique, chargé de diffuser cette information.
Le journal
publiait la semaine suivante une mise au point de monsieur Gagnon qui
prétendait que l’article du 12 juin avait mal traduit l’objet de son
intervention à la commission scolaire. Monsieur Gagnon affirmait alors n’avoir
nullement mis en cause la compétence et la bonne foi du plaignant; ce n’était
pas sa personne qui était mise en cause, mais sa situation, certaines personnes
s’interrogeant sur le fait que monsieur Morin est à la fois conseiller en
enseignement religieux, donc recommandé à ce titre par l’évêque, et conseiller
en enseignement moral pour ceux qui sont dispensés de l’enseignement religieux.
Répliquant à
monsieur Gagnon au bas de sa lettre, le journaliste affirmait: «… j’ai
peut-être mal traduit ce que vous avez voulu dire, vous êtes le seul à le
savoir, mais je pense avoir rapporté assez fidèlement ce que vous avez dit».
Ce faisant, le
journaliste mettait en doute la clarification de monsieur Gagnon et contribuait
à porter atteinte une nouvelle fois à la réputation du plaignant.
Monsieur
François Gagnon confirmait au Conseil qu’il n’avait jamais voulu s’attaquer au
plaignant ou mettre en doute ses aptitudes, son seul but étant de souligner aux
commissaires que la double tâche qui lui était confiée le plaçait «dans une
situation confuse» face aux parents qui sont «rarement neutres entre
l’enseignement religieux et l’enseignement moral». Monsieur Gagnon s’était donc
interrogé, en présence des commissaires, sur la façon dont pouvait être perçu
le plaignant par ces parents qui témoignent «avec émotivité et passion» de leur
attachement à l’un ou l’autre type d’enseignement.
Commentaires du mis en cause
Le directeur
général de Beauce Média, monsieur Jean Audet, considérait pour sa part que le
journaliste affecté à ce dossier avait agi avec rectitude et professionnalisme.
Le journal aurait accepté de publier une lettre du plaignant, tout comme avait
été publiée celle de monsieur François Gagnon, mais il semblait à monsieur
Audet qu’une rectification du journaliste était inappropriée, celui-ci n’ayant
commis aucune faute professionnelle.
Le journaliste
Michel Dufour disait quant à lui avoir rapporté les propos de monsieur Gagnon
parce qu’ils étaient d’intérêt public. Par ailleurs, écrivant que monsieur
Gagnon avait mis en doute les aptitudes du plaignant, il ne le citait pas
textuellement, mais son reportage était tout de même véridique, ce terme
n’étant nullement remis en cause dans la lettre de rectification de monsieur
Gagnon.
Commentaires des tiers
Invité à faire
part de ses commentaires au Conseil, le directeur général de la Commission
scolaire Nouvelle-Beauce, monsieur Gilles Breton, corroborait la mise au point
envoyée au journal par monsieur Gagnon et publiée le 19 juin. Dans une demande
de rectification envoyée au journaliste le 3 juillet 1984, le Conseil des
commissaires niait d’ailleurs en ces termes que monsieur Gagnon ait mis en
doute les aptitudes du plaignant: «… en se situant dans le contexte de la
réunion d’alors, M. Gagnon a plutôt parlé de l’objectivité de M. Morin pour
informer la population sur la morale à cause de son double rôle de conseiller
en éducation chrétienne et de conseiller pédagogique en catéchèse et en
morale».
Analyse
Le choix et le traitement des informations relèvent du jugement rédactionnel des médias et des journalistes. Les professionnels de l’information doivent cependant se conformer à l’obligation et au devoir qu’impose leur rôle d’informateurs publics de livrer une information équilibrée, conforme aux faits et aux événements et respectueuse des personnes mises en cause.
Dans le cas présent, les termes et qualificatifs utilisés par le journaliste pour rendre compte des propos tenus à l’égard du plaignant ne semblaient pas rendre justice à la réalité. La direction de Beauce Médias et son journaliste ont en effet affirmé que les aptitudes du plaignant avaient été sérieusement mises en doute, alors que la personne qui avait tenu ces propos de même que le Conseil des commissaires contestaient fermement cette interprétation.
Toutefois, le Conseil est d’avis que la publication d’une lettre de rectification constituait un geste adéquat pour rétablir les choses. Malgré la réplique du journaliste apparaissant au bas de cette lettre, les lecteurs ont en effet pu prendre connaissance d’une autre version des faits et ils étaient ainsi en mesure de porter leur propre jugement sur l’affaire en question.
Analyse de la décision
- C09A Refus d’un droit de réponse
- C11D Propos/texte mal cités/attribués
Tiers
M. Gilles Breton
(directeur général, Commission scolaire Nouvelle-Beauce)