Plaignant
M. Marc-Olivier
Rainville
Mis en cause
CBF-AM [SRC,
Montréal] et CBFT-TV [SRC, Montréal]
Représentant du mis en cause
M. Pierre O’Neil
(directeur du service de l’information, Société Radio-Canada [Montréal])
Résumé de la plainte
La Société
Radio-Canada manipule volontairement l’information. Le 12 novembre 1984, la station
CBF ne présente pas un reportage annoncé dans le cadre d’un bulletin de
nouvelles. De plus, la présence d’un bruit de fond pendant la diffusion d’un
reportage à l’émission «Le Point» du 14 novembre, sur les ondes de CBFT,
constitue un cas de censure.
Griefs du plaignant
Le Conseil de
presse a terminé l’étude de la plainte de monsieur Marc-Olivier Rainville qui
reprochait à la Société Radio-Canada d’avoir orienté l’information lors d’un
bulletin de nouvelles diffusé à la radio et d’avoir délibérément censuré les
propos d’un invité à l’émission «Le Point».
Le plaignant
s’en prenait d’abord au premier point du bulletin de nouvelles de 17 heures
diffusé sur les ondes de CBF 690, le 12 novembre 1984, dans lequel on notait
que les groupes sociaux allaient faire face à de nouvelles conditions
économiques en s’adaptant aux récentes décisions du gouvernement Mulroney.
Cependant, le bulletin n’aurait pas précisé comment ces groupes sociaux
allaient s’adapter comme il ne précisait pas non plus quels étaient ces groupes
et à quelle occasion ils avaient fait une telle déclaration. Les second,
troisième et quatrième point de ce bulletin auraient donné toutefois une
information plus adéquate sur la position du gouvernement.
Monsieur
Rainville avait alors joint les personnes responsables de ce bulletin de
nouvelles. On lui aurait explique qu’il y avait eu erreur technique et qu’il
avait ét impossible de diffuser le reportage accollé au premier point lu par
l’annonceur. Ayant demandé si Radio-Canada allait reprendre ce bulletin, on lui
aurait répondu par la négative. Monsieur Rainville se disait insatisfait des
explications fournies d’autant plus que l’annonceur n’aurait aucunement fait
état de ces problèmes techniques durant la lecture de ce bulletin. Partant, il
estimait que l’on avait délibérément voulu faire une «introduction
bienveillante» aux points suivants.
Dans le second
cas, monsieur Rainville reprochait à la Société Radio-Canada d’avoir
délibérément censuré les propos d’un invité de l’émission «Le Point», télédiffusée
le 14 novembre 1984, durant laquelle on analysait les récentes décisions
économiques du gouvernement fédéral. Cet invité aurait manifesté son
mécontentement face à de telles décisions. L’écoute de l’émission aurait été
cependant perturbée durant son intervention par un bruit de fond. Il aurait été
alors impossible de comprendre tout ce qu’avait dit l’invité.
«Le spectre
hideux de la censure ayant effleuré» son esprit, monsieur Rainville rejoingnait
des responsables de l’émission qui auraient «fait de leur mieux pour dissiper
ses doutes» en lui expliquant que ce bruit de fond était dû à la mauvaise
transmission par satellite de l’entrevue qui provenait du Nouveau-Brunswick. On
aurait pour un temps pensé recommencer l’entrevue, mais une question de délai
et de «temps satellite» aurait rendu cette tâche impossible. Monsieur Rainville
se disait encore une fois insatisfait des explications fournies d’autant plus
que l’interview avait été préenregistrée. Monsieur Rainville aurait préféré
tout bonnement que l’on détruise cet enregistrement plutôt que de le diffuser.
Monsieur Rainville n’était donc pas convaicu qu’il n’y ait pas eu brouillage
volontaire et il soumettait qu’il y avait eu à tout le moins négligence
grossière.
Commentaires du mis en cause
Pour sa part, le
directeur du service de l’information de Radio-Canada, monsieur Pierre O’Neil,
affirmait que le plaignant semblait avoir mal saisi les donneés de la nouvelle
diffusée à la radio le 12 novembre. La nouvelle contenait deux éléments. Il y
était dit que les projets de compressions avaient semé l’inquiétude chez un
certain nombre d’organismes et que ces mêmes organismes étudiaient les moyens à
prendre pour se plier aux exigences du gouvernement. Il n’y avait rien dans ce
bulletin pour accuser quinconque de censure, selon monsieur O’Neil.
Dans le deuxième
cas, monsieur O’Neil rétorquait au plaignant que le bruit de fond entendu lors
de la diffusion du «Point» n’empêchait «aucun auditeur de suivre la pensée de
notre interlocuteur, car malgré le bruit de fond, aucune partie des réponses de
l’intervenant n’achappe à l’auditeur». Ces deux plaintes lui paraissaient
«frivoles» puisqu’elles ne semblaient pas être fondées sur les faits.
Réplique du plaignant
Dans sa
réplique, monsieur Rainville maintenait ses propos et se demandait qui disait
vrai dans cette affaire: monsieur O’Neil qui parlait de «frivolité» des
plaintes, les représentants contactés par monsieur Rainville qui parlaient de
problèmes techniques ou lui-même qui accusait de censure?
Analyse
Le Conseil se satisfait avec le plaignant de la diligence de la Société Radio-Canada à lui transmettre les explications sur les difficultés techniques qu’elle a éprouvées, mais ne saurait, outre que par voie de procès d’intention, abonder dans le sens de ses plaintes.
En effet, les explications fournies par les représentants de Radio-Canada sont plausibles et elles ne semblent pas cacher une volonté de censure de la part du service des nouvelles.
Il ne s’agit pas ici d’accorder un bénéfice du doute systématique aux médias, mais de reconnaître que des incidents isolés comme ceux dont le plaignant nous fait part font partie des aléas d’un métier qui exige parfois certaines prouesses techniques.
Analyse de la décision
- C13B Manipulation de l’information
- C24A Manque de collaboration
Date de l’appel
17 June 1985
Appelant
M. Marc-Olivier
Rainville
Décision en appel
Insatisfait, le
plaignant en appelle de cette décision.
La Commission d’appel
du Conseil juge qu’il n’y a pas lieu de rouvrir ce dossier. La décision rendue
en première instance est donc maintenue.