Plaignant
M. Marc-Olivier
Rainville
Mis en cause
La Presse
[Montréal]
Représentant du mis en cause
M. Michel Roy
(éditeur adjoint, La Presse [Montréal])
Résumé de la plainte
Le titre
«Schoeder reprend goût à la vie», paru dans l’édition du 17 décembre 1984 de La
Presse, déforme l’esprit et le contenu d’un article portant sur la
réhabilitation de M. William Schoeder à la suite de l’implantation d’un coeur
artificiel. Ce titre ne rend pas compte du début du texte, où il est dit que
les médecins craignent que M. Schoeder ait perdu le goût de vivre, mais mise
plutôt sur le second paragraphe, qui rapporte le démenti de ce dernier.
Griefs du plaignant
Le Conseil de
presse a terminé l’étude de la plainte de monsieur Marc-Olivier Rainville qui
reprochait à La Presse d’avoir déformé l’esprit et le contenu d’un article en
lui accollant un titre qui avait eu pour effet d’induire le public en erreur.
L’article, paru
dans l’édition du 17 décembre 1984, traitait de la lente réhabilitation de
William Schroeder à la suite de l’implantation d’un coeur artificiel. Monsieur
Rainville soumettait que le titre «Schroeder reprend goût à la vie» ne rendait
pas compte de la nouvelle du premier paragraphe où il était dit que les
médecins de Schroeder craignaient que le patient ait perdu le goût de vivre. La
Presse avait plutôt misé sur le second paragraphe qui stipulait que le patient
lui-même démentait cette impression.
Commentaires du mis en cause
Monsieur Michel
Roy, éditeur adjoint à La Presse, faisait pour sa part remarquer que La Presse
était un grand journal et publiait de ce fait un grand nombre d’articles qui
pouvaient être coiffés de titres plus ou moins complets. Dans le présent cas,
le journal avait simplement décidé de tabler sur le second paragraphe, même
s’il mettait ainsi de côté l’autre nouvelle publiée au premier paragraphe de
l’article.
Monsieur Roy
ajoutait qu’il était temps d’établir des distinctions entre «ce qui est
essentiel, fondamental, important et plutôt secondaire dans les griefs émanant
de lecteurs». Le plaignant ne semblait pas, selon lui, établir de telles
distinctions et faisait «ainsi perdre trop de temps à beaucoup de monde».
Analyse
Telle que présentée votre plainte ne peut faire l’objet d’une étude devant le Conseil. Le titre «Schroeder reprend goût à la vie» ne me semble pas s’écarter outre mesure du texte de l’article.
Le choix des titres relève de la discrétion de l’éditeur dont c’est la prérogative d’établir la politique de l’organe d’information en cette matière. Cette discrétion n’est toutefois pas absolue et l’éditeur comme n’importe quel autre artisan de l’information se doit à la plus grande rigueur en sorte de fournir au public une information aussi adéquate que possible. En assumant sa responsabilité, la presse, en ayant recours aux moyens les plus efficaces à sa disposition pour rendre l’information qu’elle diffuse vivante, dynamique et susceptible de frapper l’attention du public, doit faire preuve d’une grande rigueur intellectuelle et se montrer soucieuse d’exposer fidèlement la réalité en ne déformant pas, même dans les titres, l’esprit et le contenu des textes qu’ils accompagnent et faire abstraction des partis pris et des préjugés de l’auteur.
Il y a deux éléments de nouvelles dans l’article de La Presse qui pouvaient faire l’objet d’un titre: 1) La crainte des médecins face au moral de leur client 2) Le fait que Schroeder reprenne goût à la vie malgré l’anxiété des médecins.
En choisissant de tabler sur le deuxième élément, La Presse n’a pas pour autant déformé l’esprit et le contenu des textes et La Presse était donc dans son droit de titrer comme elle l’a fait.
Analyse de la décision
- C11F Titre/présentation de l’information
Date de l’appel
17 June 1985
Appelant
M. Marc-Olivier
Rainville
Décision en appel
Insatisfait, le
plaignant demande une révision de la décision. La Commission d’appel la
rejette.