Plaignant
AHM/GMA
Représentant du plaignant
M. David Cassidy
(président, AHM/GMA)
Mis en cause
The Westmount
Examiner
Représentant du mis en cause
M. John W.
Sancton (président et éditeur, The Westmount Examiner)
Résumé de la plainte
L’éditorial
«What’s discrimination?», publié dans l’édition du 14 mars 1985 du Westmount
Examiner, contient des passages discriminatoires envers les homosexuels. Les
propos «All three : male, female and homo» identifient ces derniers à un troisième
sexe, tandis que l’expression «club-footed Martian gay» renforce les préjugés
voulant qu’ils soient anormaux et pervertis.
Griefs du plaignant
Le Conseil de
presse a terminé l’étude de la plainte de l’AHM-GMA, représentée par monsieur David
Cassidy, qui reprochait au Westmount examiner d’avoir tenu des propos
discriminatoires envers la population gaie (homosexuelle) dans un éditorial
intitulé «What’s discrimination?» et paru le 14 mars 1985.
Pour monsieur
Cassidy, le journal qui affirmait dans cet éditorial être réfractaire à toute
forme de discrimination, péchait lui-même contre cette philosophie en
identifiant la population homosexuelle à un troisième sexe dans l’expression
«all three – male, female and homo».
Monsieur
Cassidy estimait également discriminatoire la phrase «The best qualified may be
a club-footed Martian gay while hopelessly incompetent could turn out to be a
cleancut scholar from the « Best family » WASP set of upper Westmount».
Ayant
rejoint à ce sujet la direction du journal, monsieur Cassidy avait demandé si
l’expression «Martian Jew» eut été convenable. On ne lui aurait seulement
répondu que le fait était qu’on n’avait pas écrit «Jew» mais «gay». Cette
réponse laconique, soumettait monsieur Cassidy, sous-entendait qu’écrire
«Martian Jew» eut été discriminatoire aux yeux de la rédaction.
Commentaires du mis en cause
Appelé à
commenter la plainte, le président et éditeur du journal, monsieur John W.
Sancton, transmettait au Conseil un éditorial paru le 2 mai 1985 intitulé «Both
gay and hilarious» et qui traitait notamment de la plainte de monsieur Cassidy.
Le journal
affirmait ainsi qu’il n’avait voulu discriminer personne, que ce soit les gais,
les Juifs, les personnes handicapées ou les disciples de Mahomet. Le but de
l’expression «club-footed Martian gay» était, selon lui, de dire que le seul
critère valide pour engager une personne était sa compétence, pied-bot ou pas.
Par ailleurs, le
journal estimait plus approprié l’emploi du terme «homo», abréviation pour
homosexuel, que le mot «gai» dont l’appropriation par les homosexuels pour se
décrire offusquait le journal. Pour monsieur Sancton, le terme «gai» suggère la
joie, le rire et la bonne humeur, et le journal avait peine à concevoir qu’un
tel mot puisse décrire quelque chose que la majorité des gens concevaient
autrement.
Réplique du plaignant
Dans sa
réplique, monsieur Cassidy faisait remarquer qu’il ne s’en prenait pas à
l’usage du terme «homo» mais bien à l’identification des homosexuels comme
troisième sexe, attitude surannée, originant de la pensée scientifique du
dix-neuvième siècle, et pour le moins insultante. Quant à l’expression
«club-footed Martian gay», c’était sa mise en contexte avec cette autre
expression «cleancut, athletic WASP from upper Westmount» qui renforçait les stéréotypes
traditionnels contre les gais, à savoir qu’il sont anormaux, déviants et
pervertis.
Enfin, en ce qui
a trait au terme «gai», monsieur Cassidy expliquait que la population gaie
n’avait fait qu’utiliser le sens premier de ce mot afin de se décrire et pour
s’opposer à l’étiquette d’homosexuel «a word that seems to emphasize sex and
clinical in this orientation».
Analyse
Il relève de la prérogative d’un éditorialiste de prendre parti, d’exprimer ses critiques, de faire valoir ses points de vue sur une idée, une situation, un groupe, etc.
Par ailleurs, le Conseil n’a pas à établir de lexique des termes que les médias ou les professionnels de l’information doivent employer ou éviter, les décisions à cet égard relevant de leur autorité et de leur discrétion rédactionnelles. Ces médias et professionnels de l’information doivent cependant peser l’emploi des mots qu’ils utilisent, être fidèles aux faits et faire preuve de rigueur dans l’information afin de ne pas entretenir inutilement des préjugés. Leur latitude rédactionnelle se mesure aussi au respect qu’ils doivent avoir pour les personnes, les organismes, les groupes et les événements.
Dans le présent cas, le Conseil considère qu’effectivement les expressions «homo» et «club-footed Martian gay» sont susceptibles d’entretenir les préjugés.
Analyse de la décision
- C18C Préjugés/stéréotypes