Plaignant
La Table de
concertation régionale des associations de personnes handicapées de Lanaudière
Représentant du plaignant
Mme Claudia Lauzier
(présidente, Table de concertation régionale des associations de personnes
handicapées de Lanaudière)
Mis en cause
La Revue d’ici
[Rawdons] et M. Jean-Yves Durocher (directeur-éditeur)
Résumé de la plainte
Dans ses deux
éditoriaux intitulés «Le village fou, fou, fou…», publiés par La Revue d’ici
les 5 et 12 août 1985, M. Jean-Yves Durocher traite des personnes atteintes
d’une déficience intellectuelle en employant un langage diffamatoire. Cetraines
expressions contenues dans ces textes, telles que «fous lachés lousses dans la
ville», «bandes de zombies hypermédicamentés» et «éternels perdus dans la
pharmacopée», alimentent les préjugés à l’endroit de ces personnes et
contribuent à freiner leur intégration sociale.
Griefs du plaignant
Le Conseil a
terminé l’étude de la plainte des membres de la Table de concertation régionale
des associations des personnes handicapées de Lanaudière (TCRAPHL) qui s’en
prenaient à deux éditoriaux signés par monsieur Jean-Yves Durocher dans les
éditions des 5 et 12 août 1985 de La Revue d’ici de Rawdon.
Selon les
plaignants, ces textes, intitulés tous deux «Le village fou, fou, fou…»,
contenaient des propos «nettement diffamatoires» portant atteinte à l’intégrité
des personnes atteintes d’une déficience psychologique ou intellectuelle et
préjudiciables à leur intégration sociale.
Bien que
partageant l’opinion de l’éditorialiste sur la nécessité de foyers ou maisons
d’accueil décentes pour ces personnes, les plaignants considéraient que le ton,
le style de ces articles de même que le langage employé pour décrire ces
personnes – «bande de zombies hypermédicamentés», «fous lâchés lousses dans la
ville», «hypermédicamentés, éternels perdus dans la pharmacopée» – n’étaient
propres qu’à entretenir des préjugés négatifs à leur endroit, de même qu’à
favoriser «le retour au ghettos, le retour à l’isolement, le retour aux
asiles…».
Commentaires du mis en cause
Invité à
plusieurs reprises à transmettre ses commentaires sur cette plainte, le
directeur de La Revue d’ici, monsieur Jean-Yves Durocher, a ignoré la requête
du Conseil, ce que celui-ci ne peut que déplorer. C’est donc en l’absence de sa
version des faits que le Conseil rend la présente décision.
Analyse
Les opinions émises en éditorial sont la manifestation de la liberté d’opinion et de la liberté d’expression et le Conseil n’entend nullement en commenter le fond s’agissant là de jugements que l’éditorialiste est parfaitement libre d’exprimer.
Cependant, l’éditorialiste a le devoir de mesurer la portée de ses jugements aux exigences de rigueur, d’intégrité et de probité que lui impose le respect des faits commentés et des personnes mises en cause. Le Conseil n’a pas à établir le lexique des termes que les professionnels de l’information doivent employer ou éviter. Ceux-ci doivent cependant se montrer respectueux des faits, des événements et des personnes et éviter, à l’endroit de ces dernières, des termes méprisants propres à cultiver et à entretenir les préjugés que la presse doit plutôt se faire un devoir de dissiper.
Dans le cas présent, le Conseil estime que le langage utilisé dans les éditoriaux dénoncés entretient des préjugés à l’endroit des personnes déficientes et il blâme vigoureusement l’éditorialiste pour son manque de rigueur et de discernement dans la formulation de ses jugements et dans le choix des termes.
Analyse de la décision
- C18C Préjugés/stéréotypes